Iran : « le nom de Mahsa Amini, un cri de ralliement contre 40 ans de violence contre les femmes »

Les manifestants scandent des slogans lors d'une manifestation contre la mort d'une femme détenue par la police des mœurs, dans le centre-ville de Téhéran, Iran

Le mouvement actuel « sans précédent » en Iran est couvert aussi de Prague par Radio Farda, l’antenne en persan de Radio Free Europe/Radio Liberty financée par le Congrès américain.

Déjà plus d’une dizaine de morts jeudi et le bilan officiel (31 morts selon l'ONG IHR) n’était hélas que provisoire après la répression des manifestations qui font suite à l’annonce du décès de Mahsa Amini. Agée de 22 ans, elle est morte le 16 septembre de ses blessures, trois jours après son arrestation par la police des mœurs avec le « port de vêtements inappropriés » comme motif officiel. Selon des proches, elle a reçu un coup mortel à la tête, mais le régime des mollahs a démenti et annoncé « une enquête ».

Liban,  Beyrouth: des femmes kurdes agitent des foulards sur la tête pendant qu'elles tiennent des photos de Mahasa Amini,  une Iranienne,  arrêtée par la police iranienne des mœurs en raison de sa tenue,  avant de mourir en détention | Photo: Marwan Naamani,  ČTK/DPA

Les manifestations se sont déclenchées aussitôt après l’annonce de sa mort. Depuis, des rassemblements se sont déroulés dans une quinzaine de villes, jusqu’à Qom, cité natale du guide suprême iranien, Ali Khamenei. Selon un bilan publié par les agences iraniennes jeudi, sept manifestants et quatre membres des forces de sécurité ont été tués lors des protestations.

Golnaz Esfandiari travaille pour Radio Free Europe, dont l’antenne en farsi Radio Farda est l’un des médias très suivis par les Iraniens du pays et de la diaspora :

« Ces dernières années, les manifestations avaient été principalement causées par la mauvaise économie et à la hausse des prix. Ces manifestations actuelles sont différentes. La mort de Mahsa Amini suite à son arrestation par la police des mœurs a plongé l’Iran dans le chagrin. Son nom est devenu un cri de ralliement contre quatre décennies de violence du gouvernement contre les femmes. Femmes, liberté, vie, justice, hijab volontaire : les scènes qu’on voit à Téhéran, Ispahan et les autres villes sont sans précédent et je pense que c’est vraiment un défi pour l’establishment iranien. »

Les images inédites qui ont pu sortir d’Iran, relayées notamment par Radio Farda, montrent le courage de la jeunesse iranienne, le courage extraordinaire de femmes qui coupent leurs cheveux ou jettent et brûlent le foulard imposé depuis 1979.

Golnaz Esfandiari | Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.

« Ce qui est très important et intéressant selon moi est que les femmes enlèvent et brûlent ce foulard qui est un symbole très très fort de la république islamique », rappelle Golnaz Esfandiari.

Jeudi, les restrictions de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux ont été renforcées par la dictature cléricale, tandis que le président iranien Ebrahim Raïssi était cette semaine à New York pour l’Assemblée générale des Nations-Unies. Jeudi, il a annulé son entretien avec la chaîne CNN après que la célèbre journaliste Christiane Amanpour a refusé de mettre un voile pour l’interviewer.

Radio Farda a publié un guide à destination des Iraniens, déjà très en pointe en matière de proxy et autres VPN après toutes ces années de censure.

Golnaz Esfandiari : « Radio Farda utilise différentes plateformes pour diffuser les informations aux Iraniens – la radio bien sûr, la TV et les réseaux sociaux auxquels les Iraniens nous disent parvenir à accéder grâce à différents outils, malgré le blocage par le gouvernement. »

https://www.radiofarda.com/

https://mobile.twitter.com/RadioFarda_

https://mobile.twitter.com/GEsfandiari