Ivan Pilip et Jan Bubenik à Prague

Jan Bubenik et Ivan Pilip

Ivan Pilip et Jan Bubenik sont donc de retour au bercail, et, une fois n'est pas coutume, la cohue des journalistes les attendant à l'aéroport a été impressionnante. On dirait une arrivée triomphale de sportifs. Ecoutons cette arrivée, et le député Ivan Pilip, les traits quelque peu tirés mais souriant, qui a pris la parole.

Ivan Pilip et Jan Bubenik sont donc de retour au bercail, et, une fois n'est pas coutume, la cohue des journalistes les attendant à l'aéroport a été impressionnante. On dirait une arrivée triomphale de sportifs. Ecoutons cette arrivée, et le député Ivan Pilip, les traits quelque peu tirés mais souriant, qui a pris la parole:

"Avant tout nous avons enfin un moment de bonheur, nous sommes de retour et c'est fini. Quelque chose qui aurait pu aussi finir en un mois comme en un an, voire en trois ans".

Ecoutons Pilip parler de l'arrestation:

"Nous avons été arrêtés, le 12 janvier à 8h 30 mn du matin, dans la ville de Ciego de Avila. Et là nous avons passé à peu près 4 heures d'interrogatoire dans les locaux de la police. Puis il a fallu attendre le transport et nous avons été transportés à La Havane. Quelque 5 heures, puis la police des étrangers. Et là, nous avons attendu dans des cellules un peu plus grandes mais sous un autre régime. Au bout de trois jours, nous avons été mis dans un véhicule, et escortés d'hommes armés, même si nous ne savions pas où nous allions, et avons été mis en prison, isolés l'un de l'autre. Par la suite nous allions savoir que c'est la Villa Marista, principale prison de la police d'Etat."

Et dans quelles conditions a eu lieu la mise en liberté ? Ecoutons encore Ivan Pilip:

"Nous avons signé, juste avant que l'avion ne parte, un document selon lequel le procureur fait état de sa décision de changer le régime de la détention préventive en relaxe immédiate. Aucune argumentation juridique ne figure sur ce document".

Une affaire internationale

Passons maintenant aux aspects politiques de ce problème avec Vaclav Richter.

Les initiatives de plusieurs institutions tchèques et internationales, dont le ministère tchèque des Affaires étrangères, l'Union inter-parlementaire et l'Union européenne, ont abouti donc à la libération des deux prisonniers accusés, à Cuba, d'activités subversives. On estime que la visite à Cuba du président du Sénat tchèque, Petr Pithart, a contribué à l'issue heureuse de cette affaire. La libération des deux Tchèques, qui risquaient d'abord une peine allant jusqu'à 20 ans de prison, est cependant aussi le résultat d'un compromis. Contrairement à ce que demandait Fidel Castro, la République tchèque n'a pas présenté finalement ses excuses à Cuba, mais c'était les deux prisonniers qui ont reconnu, dans un document signé au ministère cubain des Affaires étrangères, avoir transgressé, par ignorance, les lois cubaines. On se demande maintenant quelles seront les retombées politiques de cet événement. Jusqu'à présent, les relations tchéco-cubaines était pratiquement gelées, aujourd'hui on peut constater un espoir de dégel. Mardi le chargé d'affaires cubain à Prague, David Paulovitch, a reçu un document dans lequel le ministère tchèque des Affaires étrangères manifeste son intérêt pour le développement des relations entre les deux pays. "Malgré les complications ayant marqué les relations mutuelles au cours de la dernière décennie, la République tchèque désire sincèrement les améliorer dans tous les domaines y compris le commerce," lit-on dans le document. Selon le ministre tchèque des AE, Jan Kavan, la Tchéquie vote à l'ONU toujours pour la levée de l'embargo contre Cuba, mais, par contre, elle ne voit pas de raison pour ne pas lancer, dans la Commission pour les droits de l'homme de l'ONU, une résolution critique vis-à-vis de Cuba. On sait que c'étaient ces résolutions dénonçant la violation des droits de l'homme à Cuba, qui ont mis en colère les dirigeants cubains. Pour l'instant, on n'insiste pas cependant sur ce point litigieux. Le premier pas vers une amélioration des rapports tchéco-cubains pourrait être l'élévation des représentations diplomatiques à Prague et à la Havane au niveau des ambassades. L'affaire pourrait avoir aussi certaines retombées sur la politique intérieure tchèque. Depuis quelques jours, les deux protagonistes, mais aussi Petr Pithart, sont de véritables héros de l'actualité dans le pays et il va de soi que les milieux politiques chercheront à exploiter cette affaire. Le journal Pravo spécule sur l'avenir politique du chef du Sénat, Petr Pithart, et conclut que l'affaire cubaine a fait de cet homme d'Etat un candidat chaud à la succession du Président Vaclav Havel.