La République tchèque, pays de prédilection pour les demandeurs d’asile cubains

Photo: Archives de Radio Praga

D’où vient l’attrait de la République tchèque pour les demandeurs d’asile cubains ? Plus de détails à ce sujet dans un article dont nous vous présenterons les grandes lignes dans cette nouvelle revue de presse. Nous vous proposerons ensuite le regard d’un sociologue tchèque qui partage sa vie professionnelle entre la Tchéquie et la Slovaquie, sur les différences et les similitudes entre les deux pays, à la lumière des récentes élections législatives slovaques. La proposition d’étendre la possibilité de la procréation médicalement assistée qui est en Tchéquie autorisée uniquement pour les femmes qui vivent en couple, aussi, aux femmes seules, est au cœur d’un vif débat qui a trouvé un écho sur les réseaux sociaux et dans les médias. Les tramways ont toujours été une source de fierté pour les entreprises mécaniques tchèques. Nous rappelerons cette tradition qui reprend aujourd’hui un nouveau souffle et qui a été traitée dans un quotidien économique.

Photo: Archives de Radio Praga
La Tchéquie est une des destinations privilégiées des ressortissants cubains. Une tendance qui ne cesse de croître. C’est ce que signale l’édition de samedi dernier du quotidien Lidové noviny selon lequel les Cubains sont, après les Ukrainiens et les Syriens, les troisièmes demandeurs d’asile en République tchèque. Ainsi, au cours de l’année écoulée, leur nombre a égalé la totalité des demandeurs d’asile cubains enregistrée au cours des cinq dernières années. Il s’agit d’un constat qui n’a pas d’équivalent à l’échelle européenne et ceci en dépit du fait qu’une liaison aérienne directe entre Prague et la Havane n’existe pas, cette absence contraignant les demandeurs cubains à venir à Prague via une destination de l’Europe occidentale. L’auteur du texte, Blahoslav Hruška, s’est penché sur les causes possibles de cet intérêt :

« Il faut resituer la popularité de la Tchéquie auprès des Cubains dans un contexte historique. Ces derniers n’arrivent pas dans le pays à l’improviste, sachant au contraire à qui s’adresser et quelles sont les possibilités qui pourront leur être offertes. L’image positive du pays joue, aussi, un rôle important, car les Cubains d’un certain âge gardent de bons souvenirs de l’ancienne Tchécoslovaquie. Par exemple, les gens se souviennent des activités à Cuba de l’économiste réformateur Valtr Komárek, devenu entre 1964 et 1967 conseiller d’Ernesto Che Guevara. A noter aussi que sur la base d’accords bilatéraux, près de 700 étudiants et stagiaires cubains ont pu suivre, depuis le début des années 1960 jusqu’en 1989, des cours dans des universités tchèques. L’accent a été alors mis notamment sur les disciplines techniques. »

Aujourd’hui, la Tchéquie est perçue comme un pays ouvert aux dissidents cubains. Par ailleurs, le concept gouvernemental de politique étrangère adopté l’été dernier indique que « concernant le rapport à l’égard de Cuba, la Tchéquie a l’intérêt d’établir un dialogue politique, tout en maintenant ses activités en vue du soutien des droits de l’homme ». Et le journal de remarquer que la persécution politique est le premier argument que les demandeurs d’asile cubains avancent à leur arrivée en Tchéquie.

Quelle leçon tirer des élections en Slovaquie pour la Tchéquie ?

Les récentes élections législatives en Slovaquie ont apporté de surprenants résultats, marqués par l’affaiblissement des sociaux-démocrates du parti vainqueur de Robert Fico, Smer, par l’éparpillement de la scène politique slovaque et par la poussée des formations nationalistes et populistes. L’entrée au Parlement du parti néo-fasciste « Notre Slovaquie » en est un exemple les plus extrêmes. Quelle leçon tirer de ces élections pour la République tchèque liée à son voisin slovaque par une récente histoire commune, ainsi que par une proximité linguistique et culturelle. L’hebdomadaire Respekt a interrogé à ce sujet le sociologue Michal Vašečka qui partage sa vie professionnelle entre des universités tchèques et slovaques et qui a entre autres déclaré:

« A mon sens, en Tchéquie aussi des extrémistes radicaux, fortement xénophobes, anti-européens et anti-systèmes, peuvent entrer au Parlement. Mais je ne crois pas qu’ils afficheraient ouvertement un visage néo-nazi, car les Tchèques n’ont pas eu l’expérience de l’Etat slovaque (allié du Reich pendant la Seconde Guerre mondiale, ndlr) qui pourrait leur servir d’inspiration... Autre différence entre les deux Etats, c’est que le sujet du fascisme et du néonazisme est tabou en Slovaquie. »

Selon ce même sociologue, pour prévenir le développement de cet extrémisme en Tchéquie, il est nécessaire de surveiller attentivement les réseaux sociaux et la nébuleuse de médias où il fait son nid, ainsi que de favoriser le dialogue avec toutes les composantes du spectre politique. Enfin, rappelant qu’à la différence de la Pologne, de la Hongrie et de la Slovaquie, la Tchéquie n’a pas vu après 1989 sa démocratie menacée, le sociologue Vašečka ajoute avec un optimisme modéré :

« Je pense que la Tchéquie est capable d’éviter les crises qu’ont connu précédemment la Slovaquie avec le ‘mečiarisme’(référence à l’ancien premier ministre populiste slovaque Vladimír Mečiar, ndlr) et la Pologne avec deux ans de gouvernement Kaczynski ou, à l’heure actuelle, la Hongrie avec son ‘orbanisme’. C’est à cause du niveau assez élevé de la société civique, d’une certaine tradition, ainsi que de la solidité des institutions constitutionnelles que le pays peut affonter de tels moments. Evidemment, il y a des circonstances qui peuvent voir accéder au pouvoir quelqu’un qui peut transformer ce système en l’espace de deux ou trois ans. Mais je ne pense pas que cela puisse advenir, car je fais confiance aux bases solides de notre système. »

La procréation médicalement assisté emême pour les femmes seules ?

Photo: ČT24
En République tchèque, il n’y a que les femmes vivant en couple qui ont le droit de recourir à la procréation médicalement assistée. Les femmes qui n’ont pas de conjoint sont exclues de cette possibilité. La situation pourrait désormais changer grâce à un projet soumis par Michaela Marksová, ministre du Travail et des Affaires sociales. Le site aktualne.cz note que l’adoption de cette nouvelle disposition pourrait non seulement aider « les femmes qui sont en général éduquées, qui travaillent et qui souhaitent vraiment avoir un enfant », mais aussi les couples de lesbiennes. De même, elle pourrait élargir la clientèle étrangère souhaitant recourir à la procréation médicalement assistée et qui a déjà fréquemment recours aux médecins tchèques. Ainsi, la Tchéquie rejoindrait les rares pays qui ont emprunté le même chemin, comme la Belgique, la Grande-Bretagne, le Danemark ou l’Espagne... Selon Petr Honzejk du quotidien Hospodářské noviny, cette initiative soulève cependant d’autres questions épineuses :

« Vu le taux de naissance qui est très bas en Tchéquie, d'un point de vue purement statistique, on devrait accueillir toute initiative qui contribuera à augmenter le nombre de nouveaux-nés, y compris la libéralisation de la procréation médicalement assistée proposée par la ministre. Mais à partir du moment où les couples de lesbiennes peuvent également en profiter, il sera pratiquement impossible de défendre l’interdiction de l’adoption des enfants par les couples homosexuels. Dans les pays dans lesquels la possibilité de procréation médicalement assistée existe pour les femmes seules, elle va de pair avec l’autorisation de l’adoption des enfants par des couples homosexuels. »

L’auteur remarque que de ce fait, cette décision risque d’avoir des retombées négatives au sein de la société tchèque. Selon un récent sondage en effet, seuls 34 % des Tchèques seraient favorables à l’adoption des enfants par des couples homosexuels.

La Tchéquie, grand pays de tramways

Le tramway Tatra T3,  photo: Kristýna Maková
La gloire des tramways tchèques est de retour. C’est ce que l’on a pu lire dans le quotidien économique Hospodářské noviny qui a publié les photos des marques de tramways tchèques les plus connues et qui a écrit :

« C’est en 1960 qu’un nouveau tramway, Tatra T3, a été présenté à la Foire international de Brno pour devenir durant les quelques années suivantes une véritable vedette en son genre. Dans les années 1970, ce tramway s’est vu exporter en grand nombre vers l’Union soviétique avant de s’imposer également dans d’autres pays satellites du camp soviétique. Enfin, il a été inscrit dans le Guiness des records, en tant que tramway comptant un nombre record de pièces fabriquées. Aujourd’hui, un quart de siècle après, les entreprises mécaniques tchèques cherchent à renouer avec l’époque où la Tchéquie constituait dans ce domaine une grande puissance. Une tâche qui semble réussie, car de nouveaux systèmes de tramways tchèques trouvent désormais des débouchés, et pas seulement en Europe ».

Les tramways de la société Inekon Group ont été mis en fonction dans plusieurs villes américaines, comme Washington, Seattle ou Portland. Des perspectives s’annoncent en outre en Afrique et en Amérique. Les plus grandes possibilités s’offrent cependant en Chine qui envisage d’importants investissements dans les transports de tramways. Adam Váchal mentionne également que la Tchéquie exporte non seulement ses nouveaux tramways, mais aussi ceux qui sont usées. Ceux-ci sont sollicités en premier lieu en Ukraine et dans d’autres pays de l’ancien bloc soviétique.