Jáchym Topol, lauréat du prix Jaroslav Seifert
L’écrivain Jáchym Topol est le nouveau lauréat du Prix Jaroslav Seifert, un prix littéraire prestigieux en République tchèque. L’occasion de revenir sur l’oeuvre et la vie de cet auteur, dont les romans ont été abondamment traduits à l’étranger.
Milan Kundera, Jiří Kolář, Václav Havel, Josef Škvorecký, Bohumil Hrabal, et bien d’autres. C’est à la suite de ces grands noms de la littérature tchèque que celui de l’écrivain Jáchym Topol vient de s’ajouter. Lauréat du Prix Jaroslav Seifert, Jáchym Topol se voit ainsi distingué pour son tout dernier roman, Chladnou zemí (Par le pays froid), même si le jury dit avoir pris en considération l’ensemble de son œuvre. Une œuvre qui a franchi les frontières de la République tchèque, puisque depuis les années 1990 Jáchym Topol fait partie des écrivains tchèques les plus traduits à l’étranger, notamment en français.
Hormis son premier roman traduit en français, Ange Exit, toutes les autres productions de Topol, qu’il s’agisse de Missions nocturnes ou plus récemment de Zone cirque, sont toujours ancrées dans un événement clé de l’histoire tchèque ou centre-européenne. 1968 et l’invasion des chars soviétiques, la seconde guerre mondiale... l’histoire sert la réflexion et l’imagination de l’auteur, sans jamais l’en rendre esclave. C’est également le cas de Chladnou zemí, comme l’explique lui-même Jáchym Topol :
« Je pense que cela touche à l’histoire, comme presque tous mes livres. Mais ce n’est en aucun cas un roman historique, cela parle de gens qui vivent aujourd’hui. Mais de manière générale, je réfléchis à la question suivante : où est-on ? Qui est-on ? Pour nous, Praguois, quand quelqu’un de Londres ou Paris nous dit qu’on est d’Europe de l’Est, on n’en croit pas nos oreilles. Mais quand nous-mêmes voyageons en Ukraine par exemple, on s’estime être de l’Ouest. Cette situation ‘bâtarde’ me convient tout à fait. Plus vous allez à l’Est, plus l’histoire récente est cruelle et plus elle est présente. »
C’est son roman Sestra, publié en 1994, qui révèle véritablement l’écrivain, déjà connu comme ancien dissident, poète, co-fondateur de l’hebdomadaire Respekt et parolier du groupe de son frère Psí Vojáci. Le public tchèque, puis international, découvre alors l’écriture sans fard de Topol, un style qu’il va puiser dans le langage de la rue. Jáchym Topol :
« La langue tchèque est très spécifique. Personne d’entre nous ne parle réellement de manière littéraire, correcte. Nous avons toujours tendance à parler de manière familière, d’utiliser de l’argot. Je veux que mes livres reflètent ce langage. C’est ce que j’essaye de faire en tout cas, c’est pour cela qu’il y a beaucoup d’argot, que je joue avec les guillemets... Mais l’important c’est que le texte sonne naturel. » Le Prix Jaroslav Seifert est décerné depuis 1986, à Stockholm puis à Prague depuis le début des années 1990. Jáchym Topol recevra officiellement son prix le 5 octobre prochain des mains du créateur de la Fondation de la Charte 77, František Janouch.