Jan Antonin Bata lavé de tout soupçon de collaboration avec les nazis

Jan Antonin Bata

Il aura fallu soixante ans pour que Jan Antonin Bata, demi-frère et successeur de Tomas Bata, le fondateur de l’empire de la chaussure tchèque, soit déclaré innocent des crimes pour lesquels il avait été condamné par coutumace à quinze ans de prison en 1947.

A la suite de la mort tragique de Tomas Bata, suite à un accident d’avion en 1932, ce fut son demi-frère, Jan Antonin Bata, qui prit la tête de l’empire de la chaussure, connu sous la célèbre marque Bata. Après l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale, il quitta la Tchécoslovaquie en 1941 pour s’établir au Brésil où il décéda en 1965. Dans la Tchécoslovaquie communiste d’après-guerre, le « Tribunal national » accusa Jan Antonin Bata de divers crimes. En 1947, il fut condamné par coutumace à quinze ans de réclusion criminelle pour « avoir nuit de l’étranger aux intérêts de la République depuis 1939 en ne s’étant pas déclaré publiquement partisan de la Résistance tchécoslovaque ». C’était un crime qui était considéré de la même manière que la collaboration avec les nazis. De nos jours, la justice a établi que le Tribunal national possédait, en 1947, des preuves sur le financement du gouvernement de Londres par les usines Bata, que ces dernières aidaient les réfugiés en France. Ce tribunal savait aussi que Jan Antonin Bata avait aidé dans les 300 familles juives à fuir vers les Etats-Unis, le Canada, le Mexique ou la Chine. Le « capitaliste Bata » avait pourtant été condamné par le régime communiste. En juin dernier, la Cour municipale de Prague avait annulé le verdict et, jeudi, la procurature de Prague a confirmé cette décision en décidant, définitivement, que Jan Antonin Bata ne s’était rendu coupable d’aucun crime. La réaction à cette décision de sa petite-fille Dolorès, qui vit au Brésil avec le reste de sa famille :

Dolorès Bata
« Toute la famille va se réunir, hein ! Nous allons ensuite décider des pas à entreprendre. »

Autre personne heureuse à l’annonce de ce verdict, Irena Ondrova, maire de Zlin, la ville de Bata, qui lutte depuis longtemps pour la reconnaissance de l’innocence de Jan Antonin Bata. Pour elle, comme pour la famille, c’est une satisfaction qui concerne aussi toute la République tchèque, car Bata est l’un des Tchèques les plus connus dans le monde.