Jan Hanus: un croyant au service de la musique
La musique tchèque a perdu une personnalité remarquable. Le doyen des compositeurs tchèques Jan Hanus s'est éteint à l'âge de 89 ans, laissant une oeuvre aussi abondante que variée.
Il est né en 1915, donc au moment où son pays faisait encore partie de l'empire d'Autriche-Hongrie. C'est grâce au théâtre amateur que Jan Hanus commence à s'intéresser à la musique qui doit devenir sa vocation. Tout d'abord c'est un apprentissage assez pénible. Il se décrit dans ses Mémoires avec humour comme un garçon distrait qui devait changer plusieurs fois de professeurs de piano avant de trouver Vanda Gaierova, une musicienne qui est arrivée à capter l'attention du garçon et à lui ouvrir les portes du royaume de la musique. Il commence même à composer de petites chansons pour le théâtre mais ce n'est qu'avec le compositeur Otokar Jeremias qu'il entamera les études sérieuses de la composition. L'impact de Jeremias sur le jeune adepte de la musique est évidente mais Hanus sera influencé aussi par Beethoven, Mahler et surtout Dvorak, dont il éditera les oeuvres complètes.
C'est sa foi, profonde et sincère, qui l'aide à vivre et à créer. On dit parfois de Hanus que c'était le compositeur de la musique sacrée ce qui n'est pas très précis car outre des messes, des cantates et des oratorios, il a écrit aussi de nombreuses compositions qu'on pourrait caractériser comme profanes. Il est l'auteur non seulement de quatre symphonies, mais il n'a pas oublié son amour de jeunesse pour le théâtre et on lui doit donc cinq opéras dont 'Le valet de deux maîtres' d'après Goldoni, et trois ballets dont Othello d'après la tragédie de Shakespeare. Il s'est inspiré de la nouvelle 'Pierre et Luce' de Romain Roland pour écrire un poème symphonique et nous a laissé également diverses pièces de musique de chambre et d'oeuvres chorales. Sa vie était également remplie par le travail d'organisateur et d'éditeur. Le compositeur a procédé à l'édition critique des oeuvres de Dvorak, de Fibich et de Janacek et il est aussi fondateur de la maison d'édition Panton. Infatigable, Jan Hanus a travaillé jusqu'à la fin de sa longue vie. Dans les dernières années, il procédait à la révision de ses oeuvres antérieures et, encore en 2003, il a écrit l'opéra écologique 'Le Monde vert'. Ce sont des chants chorals faciles sur les textes de Mère Teresa qui auront été sa dernière oeuvre.