Jan Masaryk - 115 ans depuis sa naissance, le 14 septembre 1886

La page d'histoire sera consacrée à Jan Masaryk. Le 14 septembre, nous avons commémoré le 115e anniversaire de sa naissance. Jan Masaryk fait partie des personnalités qui occupent une place constante dans la conscience nationale tchèque. Fils du premier Président tchécoslovaque, officier de la Première Guerre mondiale, diplomate aux Etats-Unis en Grande-Bretagne, humaniste, démocrate, premier chef de la diplomatie tchécoslovaque d'après-guerre, Jan Masaryk a été retrouvé mort, sous la fenêtre du palais Tchernin, le 10 mars 1948, donc peu après le putsch communiste. Quelques données essentielles de la vie de Jan Masaryk, de sa carrière politique, ses pensées et aussi sa recette de bonheur, dans les minutes qui suivent.

Jan Masaryk, deuxième fils de Tomas Garrigue Masaryk, alors professeur de la philosophie à l'Université Charles, et de son épouse américaine, Charlotte, est né le 14 septembre 1886 à Prague. Son sort de fils d'un père grand l'a prédestiné à faire une carrière politique. Jan Masaryk allait, en effet, devenir diplomate et politicien. Il était un homme très sensible, doué d'un talent artistique, mais surtout du talent de la communication. Ses études terminées, il a fait, de 1907 à 1913, un premier séjour aux Etats-Unis. La Première Guerre mondiale l'a amené, au grade d'officier de l'armée autrichienne, sur le front polonais. Après la fondation de la République tchécoslovaque par son père, il allait occuper le poste de chargé d'affaires aux Etats-Unis, puis, le poste de conseiller à Londres. Jan Masaryk était parmi les membres fondateurs de la Société des nations, précurseur de l'ONU. De 1925 à 1938, il était ambassadeur en Grande-Bretagne. A l'époque, c'était l'un des postes diplomatiques les plus importants car la politique tchécoslovaque était orientée vers les puissances victorieuses de l'Entente. Or, le 14 octobre 1938, il a quitté ce poste en signe de protestation contre les accords de Munich, imposant à la Tchécoslovaquie de céder ses régions limitrophes à l'Allemagne nazie. La réponse de Jan Masaryk à l'appel de Londres et Paris invitant à accepter les conditions de Hitler est courte mais catégorique: Le peuple de saint Venceslas, de Jan Hus et de Tomas Garrigue Masaryk ne sera jamais un peuple d'esclaves..."

Déjà en 1936, dans un discours prononcé à la chambre basse du parlement britannique, Masaryk a mis en garde devant le nazisme en Allemagne et fait appel aux principes de la sécurité collective. C'est à Londres qu'il participe aux émissions radiophoniques de la BBC, lancées le 8 septembre 1939 sous le nom Londres appelle. Voici son appel fait au lendemain de Munich: L'heure de la vérité est arrivée, la lutte pour l'extermination du nazisme a commencé. Cette lutte, nous finirons par l'emporter et la vérité finira par triompher.

Pendant la guerre, Masaryk est nommé ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire tchécoslovaque en exil à Londres. En 1942, il devient vice-premier ministre de ce gouvernement et, en 1944, il est chargé par la gestion du ministère de la Défense nationale. En 1945, il devient le premier chef de la diplomatie tchécoslovaque d'après-guerre. Le 26 juin de la même année, il signe la Charte de l'ONU. En 1946, Jan Masaryk conduit la délégation tchécoslovaque à la conférence de paix à Paris. Le 20 mars 1947, il prononce à l'Assemblée nationale tchécoslovaque un discours plein d'espoir que la démocratie puisse être maintenue - en voici un extrait: "Ni un rideau, ni un pont, mais un maillon d'une chaîne démocratique qui encercle le monde. Un petit pays béni, grand et célèbre par sa tradition de vérité triomphante." Fin de citation. En juillet 1947, Jan Masaryk est dans la délégation tchécoslovaque, conduite par le communiste Klement Gottwald, aux négociations de Moscou avec Staline sur le plan Marshall. Il est le seul, de la délégation, à s'opposer aux opinions de Staline. Le 25 février 1948, la crise gouvernementale culmine par la démission des ministres démocratiques du cabinet Benes et par la prise du pouvoir par le parti communisme. Masaryk est reconduit au poste de ministre des Affaires étrangères. Sa décision d'accepter ce poste au sein d'un gouvernement communiste lui a valu une vague de critique. Peut-être voulait-il tenter la dernière chance de s'opposer à l'évolution fatale se dirigeant vers l'instauration du communisme. Que cette option n'a pas été facile pour lui, en témoigne les événements qui allaient suivre. Le 10 mars 1948, à l'aube, le corps de Jan Masaryk a été retrouvé sur les dalles, sous la fenêtre de sa salle de bain, palais Tchernin, siège du ministère des Affaires étrangères.

Les circonstances de cette mort demeureront suspectes et ne seront probablement jamais élucidées. On parlait d'un suicide, mais aussi d'un assassinat politique. Le secrétaire personnel de Jan Masaryk, Antonin Sum, ne doute pas que c'était un suicide: homme extrêmement sensible, Masaryk ne pouvait pas supporter le mal et l'arbitraire. Plus d'une fois dans sa vie, notamment après la guerre, il a été exposé à des épreuves de plus en plus dures. Il essayait de les affronter en se rappelant les mots de son père: Jésus, et non pas César. Il a procédé de la sorte aussi aux derniers moments de sa vie. Il n'a trahi ni son peuple, ni son père, ni soi-même. La mort de Jan Masaryk, le 10 mars 1948, 13 jours après le putsch communiste, a été une protestation contre l'arbitraire et la violence adressée à tout le monde démocratique... fin de citation.

Et voici encore, comme promis, la recette de bonheur de Jan Masaryk: J'ai toujours su que l'homme doit penser à de très bonnes choses s'il veut être vraiment heureux. Mais vous voulez entendre ma recette de bonheur. La voici donc: Homme, essaie d'aimer les gens. Pense plus à eux qu'à toi-même. A chaque fois que tu aides quelqu'un qui le mérite, tu seras beaucoup plus heureux... Cherche toujours à être utile. Et, je t'en supplie, mon cher ami, il faut rire, au moins de temps en temps. Essaie de faire ce que tu aimes faire. Regarde autour de toi, essaie de faire tout pour te réjouir de petites choses, intéresse-toi à tout et à tous, n'envie rien à personne, ne t'enferme pas en toi, et surtout ne pense pas que cette recette te garantira le bonheur. Le bonheur, c'est la sagesse, la sérénité, l'art de prendre la vie telle qu'elle est...