Jan Stursa

Les sculptures de Jan Stursa sont un mouvement continu, le silence de l'infini, la suspension dans le temps et l'espace, la vie... Un mariage du réel et de l'éternité. Les portraits ne présentent pas uniquement le physique des personnages, mais reflètent la personnalité du modèle. A titre d'illustration les monuments funéraires de B. Smetana et de H. Kvapilova.

J. Stursa, fondateur de l'école moderne de sculpture en Bohême, a vu le jour pour la première fois le 15 mai 1880, en Moravie. Il avait quatorze ans, lorsqu'il est entré à l'école professionnelle de sculpture et de tailleurs de pierres, en Bohême du nord. De là, les premières études de sculptures, déjà surprenantes pour un élève si jeune. Une fois les études terminées, le jeune homme part à Mittelstein et à Berlin où il travaille comme tailleur de pierres. Voyage fructueux qui lui apportera des connaissances précieuses sur les arts plastiques à l'époque du baroque et l'art nouveau contemporain berlinois. Au retour, il décide d'entrer à l'école nationale supérieure des beaux-arts. J.Stursa était l'élève du célèbre sculpteur J. V. Myslbek qui n'appréciait pas toujours le style du jeune sculpteur différant du sien. Les premières oeuvres étaient l'objet de litige entre le professeur J. V. Myslbek et son élève. Le jeune artiste est même allé jusqu'à détruire quelque une de ses créations. Pourtant il achève l'école des beaux-arts avec d'excellants résultats. La sculpture que le jeune J. Stursa a réaliser pour les examens, a été coulée dans du bronze pour décorer le bureau du président de l'université, honneur qu'aucun des élèves ne s'est encore vu attribuer. Grâce à la bourse obtenue, le sculpteur a réalisé un voyage d'études à Munich, Zürich, Genève, Paris, Londres et en Italie. Au retour, inspiré par A. Rodin, il a crée plusieurs statues, dont Avant le bain, lui a rapporté le prix de L'Académie des sciences, de la littérature et de l'art. Il devient également membre de l'Association des artistes plasticiens Manes. J. Stursa travaille d'abord comme ornemaniste. Il lui faudra attendre cinq ans avant d'être nommé assistent du professeur J. V. Myslbek. C'est en cette période que le sculpteur de génie réalise les oeuvres remarquables l'Extase et Primavera, éloge de la beauté du corps féminin qu'il glorifiera tout au long de sa vie.

En 1914, le sculpteur pensait partir sur Paris pour acquérir de nouvelles expériences dans l'atelier du célèbre Antoine Bourdelle, voeux qu'il ne réalisera jamais en cause de l'éclatement de la Grande guerre. J. Stursa est obligé de rejoindre son régiment en Moravie. Il tombe gravement malade et passe un certain temps à l'hôpital militaire de Cracovie, puis revient en Moravie. Sa santé est en état déplorable, mais heureusement il peu travailler dans un atelier rudimentaire sur la création des sculptures de portraits d'officiers et de plaques commémoratives. Sur la proposition de J. V. Myslbek, J. Stursa est nommé professeur à l'école nationale supérieure des beaux-arts, et se voit ainsi exempté du service militaire deux ans avant la fin de la guerre. Les horreurs de guerre ont marqué l'âme sensible du sculpteur à un tel point qu'il les transposera souvent dans ses oeuvres. Grâce aux émotions violentes, il est arrivé à trouver l'équilibre dans la composition sculpturale d'un corps s'affaissant et taille la célèbre statue du Blessé.

A quarante deux ans, J. Stursa est nommé président de l'école nationale supérieure des beaux-arts, à Prague. Ses oeuvres sont connus et admirés aux expositions internationales, non seulement en Tchécoslovaquie et en Europe, mais également dans les régions d'outre-mer. Un diplôme a été décerné au célèbre sculpteur par le jury du Grand Prix de l'Exposition internationale à Rio de Janeiro, en début des années vingt.

Parmi les oeuvres les plus célèbres du grand sculpteur, parmi d'autres l'allégorie du pont Hlavek, le relief du pont Manes à Prague et évidemment la Victoire, dont la première coulée en bronze a été placée juste devant le stand tchècoslovaque à l'Exposition internationale des arts décoratifs à Paris, la seconde coulée se trouve au Musée Puskin à Moscou et la troisième fait partie de la collection de la Galerie nationale de Prague. J. Stursa était membre d'un grand nombre d'association à Munich, Vienne et à Paris.

Le départ volontaire de ce monde a empêché Jan Stursa de continuer son admirable création sculpturale. Le sculpteur génie a mis fin à ses jours le 2 mai 1925.