Jean-Pierre Plazas, comédien : « Audience, de Václav Havel, a été unchoc »

Le théâtre Klicperovo divadlo

La ville de Hradec Králové et le théâtre Klicperovo divadlo accueillent du 28 septembre au 28 octobre 2008 la cinquième édition du festival des « grands petits théâtres, en attendant Václav ». Parmi les vingtaines de compagnies tchèques, une troupe française, Lux in tenebris, a été invitée pour présenter deux de ses adaptations des pièces de Václav Havel, Pétition et Vernissage, qui se jouent le 15 octobre. La troupe, qui s’est en quelque sorte spécialisé sur les pièces de Havel depuis près de 8 ans, se présente pour la première fois en République tchèque. C’est le comédien Jean-Pierre Plazas qui fait partager son enthousiasme au micro de Radio Prague.

Chaque année depuis 2005, la compagnie Lux in Tenebris, basée dans le Sud-Ouest de la France, présente au festival d’Avignon des pièces de théâtre de Václav Havel. C’est à peine un an après la fondation de la compagnie, en 2001, que le comédien Jean-Pierre Plazas et la metteur en scène Marie-France Soulignet décident d’adapter leur première pièce du célèbre dramaturge, Audience. Jean-Pierre Plazas raconte comment s’est effectuée sa découverte de l’auteur tchèque.

« Je connaissais Václav Havel en tant qu’homme politique et l’humanité, l’humanisme de ce Monsieur. Mais je ne connaissais pas son œuvre même si je savais qu’il était écrivain et auteur dramatique. Un jour, la hasard a fait que, dans une bibliothèque où je regardais les livres de théâtre, je suis tombé sur Audience, sur la Trilogie. Quand j’ai lu Audience, je pense que ça a été un gros choc, un choc de comédien. Quand j’ai lu cela, je me suis dit que pour le comédien qui joue le rôle dans Audience, c’est le plus beau rôle. Je jubilais, je suis allé voir notre metteur en scène Marie-France [Soulignet] et je lui ai dit que c’était formidable, que si un jour on montait une troupe professionnelle, ce serait une pièce qu’il faudrait jouer. Je jubilais vraiment comme un gosse devant une vitrine de Noël et on est donc rentré dedans petit à petit et quand on rentre dedans, on voit la richesse de ce monsieur, tout son passé, sa sensibilité, sa force et ses faiblesses aussi. Le personnage me touche beaucoup et touche tous les gens qui sont autour de moi et on va aller loin avec lui parce qu’on a d’autres projets, avec les Lettres à Olga. »

La programmation du festival de Hradec Králové ne compte pas moins de huit représentations des pièces de l’ancien président tchèque. La compagnie française en présentera deux, en version française naturellement, mais sous-titrées en tchèque. Pour la troupe, l’évènement réside aussi dans le fait que ces représentations auront lieu en présence de l’auteur pour qui Jean-Pierre Plazas ne cache pas son admiration :

« Quand on étudie, quand on travaille un monsieur pareil, on n’a pas envie surtout de le décevoir et de le trahir. La trahison, c’est terrible pour un dissident. Et je peux vous assurer que sur scène ou pendant les répétitions, c’est difficile de jouer. Ses personnages sont tellement riches, il y a une palette tellement grande. Et en même temps on se dit, est-ce qu’on ne va pas trop loin, est-ce qu’on ne réagit pas avec notre sensibilité de Français ? Mais après tout, on essaie d’être sincère et de faire pour le mieux. En tous cas, c’est une idée de Václav Havel qui dit toujours que « si on pense que c’est pour le bien, il faut faire ». A force, je l’imaginais derrière les coulisses, assis, derrière un pendrion, me souffler le texte, et me dire « attends, là tu en fais trop ». De ce fait, je l’ai imaginé et c’est devenu un personnage qui me suit dans les pièces. Donc maintenant le rencontrer, c’est comme si je rencontrais un frère. Je crois connaître le regard de Václav Havel sur l’humain. Et maintenant j’ai envie de le rencontrer en vrai. »

A son retour en France, la troupe Lux in Tenebris va offrir une représentation au lycée Daudet de Nîmes où existe depuis les années 1920, une section tchèque. Elle a également reçu la première traduction de la dernière pièce de Havel, Partir, qu’elle espère donc rapidement adapter en français. Enfin, elle prépare aussi une adaptation des Lettres à Olga pour la prochaine édition du festival d’Avignon. A Hradec Králové, le festival se tient jusqu’au 28 octobre et présente également des pièces de Shakespeare ou de Goethe.