Jeux de hasard : les Tchèques toujours plus accrocs

Photo illustrative: John Nyberg / freeimages

Les Tchèques aiment jouer et aiment le hasard. Ils jouent même toujours plus, plus souvent et dépensent, forcément, plus d’argent. Ainsi, selon le Rapport annuel du Centre national d’observation des drogues et des dépendances, publié mercredi par le gouvernement, les Tchèques ont misé 152 milliards de couronnes (5,6 milliards d’euros) en 2015, que ce soit dans les salles de jeu, les bureaux de paris ou encore sur Internet. Un chiffre record et donc en hausse malgré l’application de la politique de régulation notamment des machines à sous automatiques.

Photo illustrative: John Nyberg / freeimages
Loterie, paris sportifs ou encore casino et jeux sur Internet, les Tchèques, et ils ne sont pas les seuls en Europe, dépensent de plus en plus d'argent dans ces pratiques : 10 % de plus en 2015 qu’en 2014. Rien que pour les événements sportifs, les Tchèques ont parié l’année dernière pour un montant total de 38 milliards de couronnes (1,4 milliard d’euros), soit près de sept fois plus qu’il y a sept ans de cela. Cet exemple illustre notamment l’important développement des jeux en ligne, moteur aujourd’hui de cet engouement.

Selon Jindřich Vybořil, coordinateur national de la lutte contre la drogue, il existerait à l’heure actuelle quelque 150 000 joueurs considérés comme étant « à risque » en République tchèque, dont 40 000 à 80 000 s’adonneraient au jeu de manière compulsive et pathologique. Pour autant, le vice-ministre des Finances Ondřej Závodský, qui est chargé du suivi des loteries, estime que dans certains cas, l’évolution de la situation est plutôt positive :

Ondřej Závodský,  photo: ČT24
« Nous observons une baisse sensible des pratiques que je qualifierais de ‘hasard dur’, c’est-à-dire des jeux de type machines à sous. C’est là une évolution positive, car ce sont ces comportements qui sont la cause des dépendances au jeu les plus graves et qui ont les conséquences les plus graves pour les victimes et leurs familles. Or, en 2015, ce sont quelque trois milliards de couronnes de moins qui ont été misés. »

Ces dernières années, le nombre de le nombre de bars à jeux appelés « herna » en tchèque a considérablement diminué, en raison essentiellement de la volonté des villes et communes de voir disparaître, malgré les pertes financières que cela entraîne, ces établissements de leur cadre de vie. Pour autant, les Tchèques n’ont pas cessé de jouer. La différence est qu’ils le font désormais beaucoup plus sur Internet.

Foto: Barbora Kmentová
Jusqu’à présent cependant, la législation en vigueur ne laisse que peu de place au « hasard en ligne ». Seuls les paris y sont légaux et seules les sociétés tchèques peuvent bénéficier de la licence leur permettant d’exercer leur activité. Pour le reste, les autres jeux d’argent et les sociétés basées à l’étranger n’y avaient pas leur place. Une réalité qui n’empêche pas les Tchèques de jouer là où bon leur semble. Le centre national d’observation estime que le nombre de mises illégales est pratiquement identique à celui de mises légales, le tout pour une somme totale de près de quatre milliards de couronnes (près de 150 millions d’euros) chaque année, soit un manque à gagner pour l’Etat en termes de rentrées fiscales d’un milliard de couronnes (environ 37 millions d’euros).

La situation évoluera à compter du 1er janvier prochain avec l’entrée en vigueur de l’amendement à la loi qui doit permettre justement aux sociétés étrangères de proposer légalement leurs services sur Internet, mais aussi l’accès à tous les types de jeux qui, pour l’heure, ne peuvent être pratiqués officiellement qu’offline. Cette nouvelle législation devrait donc permettre de mieux suivre encore l’évolution des choses sur un marché et dans un secteur d’activités particulièrement porteurs et juteux.