JO : six médailles pour la Tchéquie, mais toujours aucun titre

Roman Sebrle, photo: CTK

Les Jeux olympiques d'Athènes sont entrés dans leur seconde semaine. Dimanche soir, à l'issue de la neuvième journée, la République tchèque comptait certes six médailles, mais encore aucun titre. Lundi matin, le décathlonien Roman Sebrle faisait son entrée en piste avec l'or pour seul objectif...

Athlétisme - saut en hauteur : le bronze pour Jaroslav Baba

Au saut en hauteur, Jaroslav Baba a confirmé, à 19 ans, les espoirs placés en lui. En franchissant 2,34 mètres, il a non seulement égalé son record personnel, mais surtout obtenu une précieuse médaille de bronze au terme d'un concours intense riche en supense. Après avoir échoué à ses deux premiers essais à 2,32 mètres, Baba choisissait de placer la barre deux centimètrees plus haut pour sa dernière tentative. Un coup de poker réussi qui permettait alors au Tchèque d'occuper la deuxième position derrière l'Américain Matt Hemingway. Finalement, quelques instants plus tard, c'est le Suédois Stefan Holm qui franchissait 2,36 mètres et décrochait l'or olympique. Jaroslav Baba échouait, de son côté, à la même hauteur et terminait troisième. « J'espérais pouvoir effacer cette barre, mais je n'avais alors plus beaucoup de forces », a-t-il avoué à l'issue de l'épreuve.

La veille, Vera Pospisilova n'avait pas eu la même réussite au concours de lancer du disque. Pourtant, avec 66,08 mètres lors de son deuxième essai, essai qui lui permettait alors de prendre la tête, elle a longtemps cru tenir le bon bout. A l'arrivée, ce sont neuf petits centimètres qui lui ont manqué pour s'adjuger la médaille de bronze, tandis que la Russe Natalya Sadova l'emportait avec 67,02 mètres. Une performance dans les cordes de l'inconsolable Pospisilova et qui faisait dire à cette dernière que plus encore que le regret de ne pas être montée sur le podium, c'est la déception de ne pas avoir gagné qui prédominait en elle.

Au décathlon, grop coup dur, lundi matin, pour la sélection tchèque avec l'abandon de Tomas Dvorak. Le triple champion du monde (1997, 1999, 2001) et médaillé de bronze il y a quatre ans aux Jeux de Sydney a été contraint à renoncer à l'issue de la première épreuve, le 100 mètres. Handicapé par une blessure au tendon d'Achille, Dvorak n'a obtenu que 746 points avec une performance de 11''53, soit à une seconde de son record personnel. L'autre représentant tchèque, le recordman du monde Roman Sebrle, est l'un des principaux espoirs de titre olympique pour la Tchéquie.

Aviron - quatre de couple : l'argent pour la Tchéquie

Jakub Hanak,  David Jirka,  Tomas Karas et David Kopriva,  photo: CTK
En aviron, dans la catégorie quatre de couple, la République tchèque s'est adjugée la médaille d'argent. Le quatuor David Kopriva, Tomas Karas, Jakub Hanak et David Jirka n'a été devancé que de 58 centièmes par le surprenant équipage russe pour la victoire finale. D'ailleurs, selon certains observateurs, si l'arrivée de la course avait été jugée 150 mètres plus loin, c'est peut-être l'or que les Tchèques auraient pu arracher. Une hypothèse que refusait d'évoquer Tomas Karas, satisfait, comme ses équipiers, du résultat :

« Nous sommes contents. On ne peut pas parler de 150 mètres en plus, la distance de la course est de deux kilomètres, et dans les 150 derniers mètres, l'Ukraine aurait également très bien pu nous dépasser. Ils allaient vite et étaient en train de nous rattraper. Nous n'avons donc pas spéculé et nous sommes contents du résultat. »

Tchèque quatre de couple,  photo: CTK
Dominés, un peu à la surprise générale donc, par les Russes, les Tchèques ont toutefois su puiser au plus profond de leurs ressources pour repousser les assauts ukrainiens, troisièmes, et devancé les favoris allemands et polonais, respectivement quatrièmes et cinquièmes. Du coup, bien plus qu'un éventuel regret de ne pas être couvert d'or, c'est la satisfaction d'avoir arraché l'argent qui régnait dans le camp tchèque, comme le confessait Jakub Hanak :

"C'est une sensation fantastique. Après notre médaille d'argent l'an dernier aux Championnats du monde, nous sommes parvenus à répéter cette performance. En plus, c'est l'argent olympique, et c'est plus fort que toutes les médailles obtenues jusqu'à présent. Je dois dire que je pensais que la course serait un peu plus serrée, équilibrée, surtout lorsqu'au premier kilomètre, nous étions trois bateaux en tête, vraiment très près les uns des autres. Je pensais que les Allemands et les Polonais viendraient se mêler à la bagarre, mais ce sont les Russes qui l'ont emporté, je ne m'y attendais pas, c'est une surprise pour moi. Mais bon, je ne cherche pas trop à analyser la course maintenant, je suis extrêmement content. »

« Ca a été une course assurément très dure pour moi. A l'arrivée, je n'ai pas trop manifesté ma joie, car j'avais beaucoup de mal à reprendre conscience. Oui, ça a sans doute été la course la plus dure de toute ma carrière et je suis heureux de son dénouement. Maintenant, j'attends avec impatience la prochaine fois où il faudra s'accrocher, se battre avec au bout un nouveau succès. »

Voile - Europe : l'argent pour Lenka Smidova

Lenka Smidova,  photo: CTK
En voile, dans la catégorie Europe, Lenka Smidova s'est également adjugée une médaille d'argent. Un succès quelque peu paradoxal, premier dans cette discipline pour la Tchéquie, que la presse pragoise s'est amusée à commenter en rappelant qu'aucune mer ne bordait le pays situé en plein coeur du continent européen. Rappelons que le bateau Europe pèse 55 kg, avec une largeur de 1,51 m, une longueur de 3,35 m sur une hauteur de 54 cm; et que le mât mesure 5,40 m avec une envergure de 7 m² pour la voile. C'est en 1992 que l'Europe a été désigné bateau olympique pour les femmes. A l'issue de la onzième et dernière régate, la médaille d'or est revenue à la Norvégienne Siren Sundby et le bronze à la Danoise Signe Livbjerg. De son côté, Lenka Smidova a préféré contrôler et assurer sa deuxième place plutôt que de tout risquer pour une hypothétique victoire finale :

Lenka Smidova,  photo: CTK
« Avant la dernière régate, il m'a fallu me décider si cela valait le coup de prendre des risques pour envisager la médaille d'or, en tentant, par exemple, de provoquer une situation de collision avec la Norvégienne. Mais après, je me suis dit que Siren méritait vraiment sa médaille d'or et que je n'allais pas risquer d'être victime d'une contestation à la suite d'une situation de collision, car j'aurais pu alors tout perdre. J'ai donc préféré tout mettre en oeuvre pour tenir à distance mes deux poursuivantes, contrôler les événements, et je pense que j'y suis parvenue. »