Josef Wagner
Le peintre Josef Wagner, né le 24 mai 1938 à Prague, n'est certainement pas un inconnu pour les Français. Sa première exposition à Paris date de 1989 à la Galerie de Rivo, suivie un an plus tard par une rétrospective de ses oeuvres des années 1960-1990 à la Galerie Cobra, puis par un grand nombre d'expositions importantes par exemple à Paris, Neuilly-sur-Seine, au château Sainte-Suzanne en Mayenne, rétrospective organisée à l'initiative de Louis Mossot, suivie d'une autre rétrospective au Palais Bénédictine à Fécamp... L'artiste a également exposé entre autres à Athènes, aux Etats-Unis, au Pays-Bas en Allemagne, en Suisse, en Bosnie-Herzégovine et bien évidemment dans les prestigieuses galeries de Prague et de la République tchèque. D'ailleurs son exposition la plus récente a eu lieu en septembre - octobre 2005 dans la galerie de Trutnov, une ville en Bohême du nord. Voyons un peu ce qui se dessine à l'horizon des présentations du peintre : une exposition d'une quinzaine d'oeuvres des plus récentes de Josef Wagner est prévue en 2008 à Patras, dans le cadre des Journées de la culture tchèque, organisées par le gouvernement grec. L'exposition devrait être suivie par une rétrospective de l'oeuvre de l'artiste à Athènes. En somme, il s'agirait d'une reconstitution de l'exposition organisée en 1988 à Athènes, à l'initiative de la ministre grecque de la culture Melina Mercouri.
Josef Wagner vient d'une famille d'artistes, ses deux parents étaient sculpteurs. Pourtant au début Josef ne pense pas devenir peintre. Ce seront les circonstances qui le mèneront au chevalet. Il passe une partie de son enfance à Prague, puis à Horice au pied des monts des Géants, région considérée comme la perle de la sculpture baroque tchèque. A dix ans Josef vit une première déception amoureuse : sa petite copine Vera donne la préférence à un autre garçon car celui-ci possède un vélo. Le futur peintre commence à faire du vélo, devient même coureur cycliste, fait un apprentissage chez le célèbre photographe Josef Sudek, un ami de la famille Wagner. Mais la photo ne le tente pas vraiment. Il trouve le procédé vieillot et peu intéressant. Puis le hasard lui fait frôler l'aviation. Il est intéressant de suivre le fil qui mena Josef à cette discipline.
Sa grande passion était la construction des modèles d'avions. A l'époque il participe au championnat de la Tchécoslovaquie en aéromodélisme. Il obtient le premier prix - un vol gratuit d'une durée de 45 minutes. Il est scotché ! C'est surtout la sensation de voir les gens s'éloigner et devenir de plus en plus petits qui le fascine. Il établit un parallèle avec les problèmes quotidiens, qui perdent de leur importance au fur et à mesure que l'engin prend de l'altitude et s'éloigne de la surface terrestre. Impressions que plus tard il traduira dans ses tableaux l'Horizon et la Vue de là haut. Les dés sont jetés, il veut devenir pilote et s'inscrit dans un club aéronautique. Josef Wagner est à deux doigts de devenir pilote professionnel, mais il change d'avis lorsqu'une jeune fille de dix-huit ans se tue en avion devant ses yeux. Il réalise alors pleinement ce qui peut et pourrait arriver. Et voilà la fin d'une carrière à peine commencée !Josef Wagner obtient son baccalauréat au lycée de Horice et passe les examens à l'Ecole Supérieure des Arts Appliqués de Prague, section architecture. Une fois son diplôme en poche, il retourne à Horice où pendant trois ans il enseigne à l'Ecole de Sculpture l'histoire de l'art et la géométrie descriptive. Il travaille également comme architecte sur des projets de logements, de jardins et de pierres tombales. Puis il revient à Prague. Architecte en chef et collaborateur de la Galerie Nationale de Prague il sera responsable des expositions au sein du Centre des Expositions de l'Union des Artistes Plasticiens tchécoslovaques pendant une trentaine d'année. Citons par exemple l'exposition Picasso, organisée à Prague au Centre Manes en coopération avec la Galerie Louise Leiris. Il commence à peindre après la mort de son père qui le touche profondément. Josef ressent une responsabilité, la nécessité de mettre en valeur son talent, dont pour l'instant il ignore la plénitude. Il détruit la plupart de ses premières oeuvres. La raison en est simple : au début, il voulait connaître le travail des autres peintres, puiser dans leur technique et à la longue, sans le vouloir pourtant, il remarque qu'il reprend leur style. Alors il détruit presque tout. Presque, car il reste toujours le témoignage des photos dans les revues documentaires se trouvant Paris. Parfois le peintre les regarde avec la nostalgie d'un come-back de ses débuts déjà presque oubliés.
Le grand boum de la carrière du peintre arrive en 1998. A l'initiative de Melina Mecouri, ministre grecque de la culture et membre de l'Organisation sur l'élargissement international de la culture Athens Wagner Club, une exposition rétrospective de l'oeuvre de Josef Wagner est organisée sous l'égide des ministères de la culture des deux pays respectifs. Un succès qui le mène à la célébrité.
Le grand sujet des tableaux de Josef Wagner c'est la banlieue de Holesovice, district de Prague, mais le sujet vraiment primordial, c'est la maison solitaire. Pour lui la naissance d'un tableau demande des esquisses, un travail minutieux, systématique, réparti en cycles qui prennent parfois même une dizaine d'année. Il peint le jour, la nuit, à n'importe quelle heure. La nuit il utilise un éclairage spécial simulant la lumière du jour.
Et maintenant la parole est à l'artiste. Quand est-ce que vous êtes arrivé en France pour la première fois et qu'est-ce qui vous a impressionné le plus ? Est-ce que vous allez essayer de répondre en français ?
Oui, je vais essayer. Pour la première fois je suis arrivé en France en 1988. C'est le Musée du Louvre qui m'a le plus impressionné ? Qu'est-ce qui vous a impressionné le plus en France dans votre créativité ?
Ce sont les cathédrales françaises qui m'ont le plus impressionné et m'ont inspiré pour la création du tableau la Cathédrale française, qui est revenu par la suite au Musée américain. Depuis, je n'ai plus jamais eu recours à l'inspiration par ces cathédrales. Les Français me posent souvent la question comment ai-je pu vendre une cathédrale française en Amérique. Mais sinon les cathédrales françaises ont sur moi une telle influence, qu'au cours de mon séjour en France, et cela remonte bien à une quinzaine d'année, je m'y intéressais de façon scientifique. Alors si on me posait la question : pour quelle raison les cathédrales m'intéressent tant, je répondrais simplement que sur le plan de la découverte des cathédrales gothiques, la France est pour moi une mère et la Grèce, un père. Et je les ai presque toutes découvertes, ces cathédrales. Celles du sud, où l'on retrouve des cathédrales style château fort jusqu'aux toutes dernières, telle que Beauvais. Et celle qui m'a le plus impressionné c'est la cathédrale de Laon.