Joséphine Baker, première femme noire au Panthéon, était de passage en Tchécoslovaquie il y a 51 ans
Joséphine Baker, grande artiste et militante française d’origine américaine, est entrée au Panthéon ce mardi 30 novembre. Cela fait d’elle la sixième femme et la première femme noire à pénétrer ce sanctuaire républicain. L’occasion pour Radio Prague International de ressortir des archives de 1970, date à laquelle Joséphine Baker était en visite en Tchécoslovaquie.
Ce mardi 30 novembre 2021 restera dans les mémoires comme le jour où Joséphine Baker a fait son entrée au Panthéon. La cérémonie s’est déroulée précisément 84 ans après sa naturalisation française et 46 ans après sa mort. Le Panthéon est toutefois seulement son cénotaphe car elle reste inhumée au cimetière de Monaco.
Grande artiste et figure de la Résistance française et du militantisme antiraciste, elle aura marqué l’histoire de la France et des Etats-Unis mais pas seulement. La Tchécoslovaquie se souvient de son passage à Bratislava en 1970, puis à Prague le 9 juin de la même année, où elle a donné une prestation au Lucerna Hall. A l’occasion de sa venue au festival musical « Bratislava Lyre »; Olga Szantová, journaliste pour la radio tchécoslovaque, a pu s’entretenir avec elle.
Leur échange révèle à la fois la personnalité engagée de Joséphine Baker et son dévouement pour les autres. Ainsi, quand Olga Szantová lui demande si le fait de devoir signer des autographes la dérange, elle répond :
« Bien sûr que non parce que cela rend les gens heureux. Rendre les gens heureux est mon principal objectif dans la vie et cela me rend heureuse dans le même temps. »
Ce dévouement pour les autres rejoint son engagement contre le racisme et notamment contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Elle a ainsi soutenu le mouvement des droits civiques porté par Martin Luther King et participé à la Marche sur Washington en 1963. Son engagement pour l’égalité ne se limite toutefois pas à la cause des afro-américains puisqu’elle s’est aussi impliquée dans la Ligue internationale contre l’antisémitisme. Enfin, cette interview datant de 1970 révèle aussi un certain progressisme de sa part, relativement avant-coureur, quant à l’égalité des sexes vis à vis du travail puisqu’elle explique que travailler ne fait pas d’une femme une mauvaise mère :
« Je pense qu’il y a de plus en plus de ‚femmes de carrière‘ de nos jours, plus qu’autrefois. Tout coûte très cher, donc la plupart des femmes travaillent. Leur situation n’est pas pire à cause de cela. Au contraire. Etre en contact avec des personnes qui doivent toujours penser à demain n’est pas une mauvaise idée. »
Egalement interrogée sur sa jeunesse et sa forme lors de cette interview, Joséphine Baker est décédée à peine cinq ans après. Son nom et son œuvre sont restés dans les mémoires et le resteront d’autant plus du fait de sa panthéonisation.