Journée internationale des Roms : pour Petr Uhl, l’UE doit aider à résoudre les problèmes
La semaine dernière, le 8 avril était la Journée internationale des Roms. A Brno, une marche dans la ville a été organisée et des rubans ont été accrochés symboliquement sur un arbre de la tolérance. D’autres manifestations culturelles ont également eu lieu à Olomouc. La Journée internationale des Roms a été instaurée en 1971 suite à la création de l’union internationale romani. Elle est célébrée dans de nombreux pays depuis environ vingt ans mais cette année, en République tchèque, elle est passée quelque peu inaperçue à cause de la venue des présidents russe et américain à Prague, pour la signature du traité START. Pour en parler néanmoins, nous avons joins Petr Uhl, ancien dissident qui était déjà très investi dans la défense de droits des Roms sous le régime communiste. Il a ensuite été expert pendant dix ans pour la commission des Nations Unies pour les droits de l’Homme. En République tchèque, il a également exercé plusieurs fonctions dans différentes commissions pour la défense des droits des minorités. Petr Uhl revient sur les célébrations et la signification de cette journée en République tchèque.
« En République tchèque, ça n’a pas été assez célébré à cause de la rencontre entre M. Obama et M. Medvedev, qui était importante pour la société tchèque. C’est la raison pour laquelle cette journée a peu intéressé, sauf sur le plan gouvernemental où il y a eu une déclaration de l’adjointe du ministre chargée de la question des Roms, mais qui a démissionné entre temps. Mais c’était une coïncidence malheureuse parce que la situation de la société tchèque et son rapport aux Roms reste toujours le même, c’est-à-dire que la plupart des Tchèques sont hostiles envers les Roms et souffrent de préjugés, disons le ouvertement, racistes. Et il y a eu en même temps une nouvelle tentative d’incendier une maison de Roms à Opava en Silésie tchèque et personne ne s’y intéresse. Il s’agit non seulement d’attaques criminelles, racistes, de violences, mais il s’agit aussi d’une discrimination générale, notamment dans les écoles spécialisées où les enfants roms sont envoyés par les autorités tchèques. Toute la situation est mauvaise et il faut penser à remédier à cette situation de façon assez rapide. »
Vous pointez du doigt justement des choses importantes, les discriminations. Pour la Journée internationale des Roms, il y a eu quelques actions, notamment à Brno, mais qui avaient un côté très folklorique. Est-ce une bonne façon de parler de la culture rom ?« Ce n’est certainement pas suffisant de le présenter comme ça mais il faut bien voir que le folklore rom, les danses, les chansons, les vêtements, le folklore en général est quand même un moyen de rapprocher les Tchèques, la population majoritaire, des Roms, leur culture et leur existence. Parce que personne ne proteste contre cela.
Au contraire, il y a des gens qui vont au théâtre, aux festivals, et qui sont assez contents de voir autre chose que la culture tchèque traditionnelle. Et je pense que c’est un bon moyen d’affaiblir l’aversion ou les ressentiments de beaucoup de Tchèques. »Hillary Clinton, qui était présente ce jeudi 8 avril à Prague lors de la signature, a déclaré, à l’occasion de la Journée internationale des Roms, que la protection des droits des Roms européens était une des priorités de l’administration Obama. Que vous inspire cette déclaration ?
« Du côté des Etats-Unis, ça ne peut être que très marginal mais je pense que c’est une bonne chose qu’ils s’y intéressent. Il faudrait encore que l’Union européenne se mobilise un peu sur la question de la situation des Roms en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie, en Slovaquie et en République tchèque, pour que l’on puisse, dans le cadre européen, commencer à résoudre les problèmes. En France par exemple, il n’y a pas de minorités nationales alors il n’y a pas de problèmes de ce genre. Vous savez bien qu’à l’est et au nord des Alpes, les minorités nationales jouissent de droits non seulement individuels mais aussi collectifs, et cela n’existe ni en France, ni en Italie, ni en Espagne, et même pas en Angleterre. C’est un autre point de vue. Et il faut absolument que les Européens de l’Ouest comprennent la situation constitutionnelle, traditionnelle, culturelle, qui est différente de la leur et aident à la résolution des problèmes urgents de nos pays. »