Justice : Vít Bárta à nouveau dans l'œil du cyclone

Vít Bárta, photo: CTK

Ancien ministre des Transports et actuel président du parti Affaires publiques (VV), Vít Bárta fait à nouveau parler de lui. Candidat malheureux à la députation sous l’étiquette du mouvement de l’Aube de la démocratie directe (Úsvít), il a été arrêté jeudi dernier par la police. Après vingt-quatre heures de garde à vue, le quotidien Mladá fronta dnes révélait samedi que Vít Bárta était poursuivi par la justice pour une affaire qui aurait trait à des écoutes du lobbyiste Roman Janoušek et de l’ancien maire de Prague Pavel Bém (ODS).

Vít Bárta,  photo: CTK
Entrepreneur à succès avec son agence de sécurité privée ABL (Agence du lion blanc), Vít Bárta a obtenu des résultats plus nuancés en politique. Elu député pour le parti Affaires publiques lors des législatives de 2010, il devient le ministre des Transports du gouvernement de Petr Nečas, un poste qu’il est contraint d’abandonner un an plus tard quand éclate la première affaire dans laquelle il est impliqué.

Des membres de son propre parti l’accusent de corruption. Après un long marathon judiciaire durant lequel Vít Bárta est d’abord reconnu coupable, un tribunal de Prague l’acquitte finalement en janvier dernier, un verdict confirmé en mars. Vít Bárta déclarait alors :

« Mesdames et Messieurs, je suis lavé de tout soupçon. La machine du parti Affaires publiques, tel le robot Terminator, est bien huilée et la lutte contre les parrains peut désormais pleinement commencer. »

Le dossier n’est pour autant pas clos et déjà une autre affaire s’ouvre pour Vít Bárta, lequel a vécu une semaine pour le moins difficile. Candidat aux législatives sous les couleurs du nouveau mouvement de l’Aube de la démocratie directe - le parti Affaires publiques ayant renoncé à ce scrutin -, il échoue aux portes de la Chambre des députés à 175 voix près. Et quelques jours plus tard, jeudi dernier donc, Vít Bárta est arrêté par la police et placé en garde à vue. Jan Petržílek, le directeur du département d’analyse et d’information de la police anti-corruption, subit le même sort, lui qui vient pourtant de recevoir une médaille récompensant son travail.

Le quotidien Mladá fronta Dnes révèle que les deux hommes font l’objet de poursuites judiciaires, mais rares sont les informations à circuler sur une enquête que la police souhaite mener avec le maximum de discrétion.

Les médias évoquent plusieurs thèses. On cite tout d’abord le cas de Petr Lessy. Récemment accusé dans une affaire de fuites de documents confidentiels, puis mis hors de cause, cet ancien chef de la police déclare ne pas avoir été contacté par les enquêteurs et être gêné que son nom soit mêlé à ce nouveau scandale.

Pour d’autres médias, repris par l’agence de presse ČTK, l’affaire serait liée aux écoutes révélées en mars dernier par Mladá fronta Dnes, qui témoignaient de l’influence du parrain Roman Janoušek sur Pavel Bém, l’ancien maire civique-démocrate (ODS) de Prague. Ces écoutes, sans doute réalisées en 2007 par les services de renseignement (BIS), où travaillait à l’époque Jan Petržílek, finissent par atterrir en 2009 en possession d’ABL, la société privée de détectives dirigée par Vít Bárta.

Lors de son entrée en politique, celui-ci invoquait son désir d’œuvrer pour l’intérêt public ; de nombreux médias pensent au contraire, sur la base de documents issus de son entreprise, que Vít Bárta avait l’intention de profiter des informations confidentielles dont il disposait pour influencer notamment les décisions économiques. On écoute Martin Shabu, rédacteur au sein du site d’informations Česká pozice :

« Selon les informations dont on dispose, il semble qu’à partir du moment où le parti Affaires publiques a eu en main le ministère de l’Intérieur, cette formation et principalement Vít Bárta ont eu une grande influence sur la nomination des officiers à des postes-clefs à la tête de la police. On peut donc imaginer qu’il avait un intérêt à nommer au sein de cette structure sensible des personnes qui lui étaient proches. »

Aussi, Jan Petržílek aurait pu bénéficier d’une espèce d’ange gardien assurant son ascension depuis les services de renseignements, où il disposait d’informations très sensibles sur les mondes économique et politique tchèques, jusqu’à des positions importantes au sein de la police anti-corruption.

Remis en liberté vendredi soir, Vít Bárta a annoncé sur le réseau social Facebook son impossibilité de commenter l’affaire, précisant seulement qu’il n’avait pas enfreint la loi et qu’il allait se retirer quelque temps pour « reprendre des forces et se reposer dans le cercle familial ».