Reconnu coupable de corruption, Vít Bárta poursuit sa carrière politique

Vít Bárta, photo: CTK

Vít Bárta a été reconnu vendredi 13 avril coupable d’avoir versé des sommes d’argent à deux députés de son parti en échange de leur loyauté. Son collègue Jaroslav Škárka a écopé de trois années de prison ferme. A la suite de l’annonce du verdict du procès, le chef informel du parti de coalition gouvernementale Affaires publiques avait publiquement renoncé à son poste de président du groupe parlementaire et quitté provisoirement le parti. Contre toute attente, ce week-end, Vít Bárta a déclaré qu’il ne quitterait toutefois pas ses fonctions de député de la Chambre basse du Parlement, malgré l’appel du Premier ministre en ce sens. Une décision qui a attiré ce lundi, les critiques de l’ensemble de la classe politique.

Vít Bárta,  photo: CTK
Vít Bárta a été condamné vendredi à une peine de 18 mois de prison avec sursis dans une affaire de corruption interne au parti Affaires publiques, l’une des trois formations de la coalition gouvernementale. Aussitôt l’annonce du verdict rendue publique, Vít Bárta a abandonné son poste de président du groupe parlementaire et quitté provisoirement le parti Affaires publiques. Une promesse de retrait politique qu’il avait faite s’il était condamné. Le Premier ministre et les responsables des autres partis de la coalition gouvernementale avaient pris note de la déclaration du chef du parti Affaires publiques et appelé à son retrait de l’ensemble des fonctions politiques. Pourtant, ce dimanche, Vít Bárta et Jaroslav Škárka, le second protagoniste de l’affaire de corruption qui défraie la chronique depuis plusieurs semaines, ont annoncé que, pour l’heure, ils ne quitteraient pas leurs fonctions de député et précisé qu’ils attendaient la fin de la procédure d’appel avant de renoncer à leurs mandats de représentant à la Chambre-basse du Parlement. En outre, l’ancien chef du groupe parlementaire du parti Affaires publiques a annoncé publiquement vouloir briguer un mandat de gouverneur de la région de Plzeň lors des élections régionales qui auront lieu au mois d’octobre prochain :

Jaroslav Škárka,  photo: CTK
« J’ai décidé de présenter ma candidature au poste de gouverneur de la région de Plzeň afin de me battre et de ne pas baisser les bras face aux attaques menées contre le parti Affaires publiques. Je passe à l’attaque et je vais continuer de me battre pour une amélioration de la culture politique en République tchèque ».

Malgré une condamnation à 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir cherché à acheter la loyauté des membres de son parti, Kristýna Kočí et Jaroslav Škárka, par de fortes sommes d’argent en liquide, et aussi étrange que cela puisse paraître, Vít Bárta considère avoir été blanchi des accusations de corruption qui pesaient sur lui. L’annonce de son maintien au sein de la Chambre des députés a suscité des réactions sans équivoques de la part des autres ministres. Le ministre des finances, Miroslav Kalousek (TOP 09) était l’un des premiers à s’exprimer à la suite de l’annonce de Vít Bárta de ne pas se retirer de la Chambre des députés :

Miroslav Kalousek
« Le départ des hautes fonctions politiques n’est pas simplement la suspension du parti, mais le départ du corps législatif. Personne ne peut l’y obliger. Nous attendons toutefois une action significative de la part du parti Affaires publiques, parce que la situation telle qu’elle est, est problématique ».

Et de conclure que le député Bárta avait rompu son propre engagement public. Même remarque du ministre de la Justice, Jiří Pospíšil (ODS) qui regrette que Vít Bárta n’honore pas ses promesses :

« Je considère que cette décision est malheureuse. Monsieur Bárta na pas tenu ses engagements rendus publics un jour avant le verdict de son procès »

De son côté, le président du parti d’opposition social-démocrate (ČSSD) Bohuslav Sobotka a enjoint les responsables gouvernementaux à redoubler leur pression sur le parti Affaires publiques.

Bohuslav Sobotka,  photo: CTK
« Je pense que les responsables de l’ODS et de TOP 09 ne devraient pas chercher d’alibis et qu’ils devraient faire pression de manière indiscutable sur le parti Affaires publiques afin que les députés Bárta et Škárka, que le parti a portés au sein de la Chambre des députés, démissionnent de leur mandat de député. »

Et de conclure que le maintien des deux hommes à la Chambre basse du Parlement portait un coup à la culture politique du pays. Traversant une crise sans précédents, le jeune parti Affaires publiques a prévu des élections afin de renouveler la direction du parti. La vice-Premier ministre Karolína Peake est l’une des personnalités pressenties au poste de présidente du parti Affaires publiques.