Kateřina Geislerová, créatrice de mode : « Je ne pensais pas que mon travail plairait à la femme tchèque »
Ce vendredi soir à Prague, la styliste et couturière tchèque Kateřina Geislerová présente sa collection printemps-été 2012 dans la boutique Mona prêt-à-porter. Installée à Paris depuis vingt ans, Kateřina Geislerová revient progressivement dans son pays d’origine pour partager avec le public féminin le résultat de son travail. Elle nous présente la collection printemps-été 2012.
« Je vais présenter ma collection de prêt-à-porter printemps-été 2012 et également quelques pièces de ma collection boutique. La collection prêt-à-porter est un hommage à Audrey Hepburn et plus particulièrement à son style, son élégance nonchalante. Pour ma collection couture, c’est un hommage à madame Grès. »
Qui est madame Grès ?
« Madame Grès était une créatrice qui a fondé sa maison de haute couture dans les années 1930 à Paris. Elle travaillait principalement le jersey, ce qui à l’époque était particulier. Elle le travaillait pratiquement comme un sculpteur. Cela donne des plissés de jersey fluide, des robes magnifiques. J’aime beaucoup cette approche de sculpture avec la matière, le tissu. Moi-même j’ai commencé ainsi. »
C’est la troisième fois que vous présentez votre travail à Prague. Vous devez être contente après vingt ans passés à Paris. C’est un peu un retour au pays. Comment les autres présentations de vos collections ont été prises, ici, à Prague ?« C’était vraiment très étonnant parce que je n’avais jamais pensé à présenter mon travail ici, à Prague. Je pensais que cela ne plairait pas à la femme tchèque. Même si mon style n’est pas extravagant, je tiens tout de même à avoir des pièces assez élégantes, avec une pointe d’originalité. La première présentation s’est très bien déroulée.
Toutes les femmes qui sont venues voir mon travail m’ont dit que c’est exactement le genre de choses qui manque à Prague. Vous avez de grandes maisons et de grandes chaînes comme Mango, Zara. Et entre les deux, même s’il y a des petits créateurs tchèques, il n’y en a pas tant que cela. Et justement, le moyen-haute gamme, un peu pointu, avec des mini collections, une approche personnalisée avec la cliente, manque ici. C’est très enthousiasmant et ça m’a donné l’idée de venir plus souvent montrer ce que je fais. »Comment voyez-vous la mode ici, à Prague, quand vous vous baladez dans la rue ? Les femmes tchèques aiment-elles s’habiller et comment ?
« J’ai l’impression que Paris était connu autrefois pour cette élégance des femmes, pour la Parisienne très chic et glamour. En fait, hormis dans les quartiers bourgeois, on ne le voit plus trop à Paris. La mode est, depuis plus de 10 ans, le jean, le déchiré, le délavé. Plus vous êtes habillée de façon sportive, plus vous êtes à la mode. Je suis assez nostalgique de cette élégance. Il y a vingt ans, quand je suis arrivée à Paris, je la sentais dans la rue, mais plus aujourd’hui. Je trouve qu’à Prague, c’est comme Paris il y a dix ans. Même si on voit que les adolescents s’habiller en jean, la femme tchèque, de trente, quarante, cinquante ans, aime s’habiller. Elle prend soin d’elle, elle choisit bien ses vêtements, fait attention. Cette approche me manque un peu à Paris. »