Kevrenn Brest Sant Mark, habitué du Festival international de la cornemuse à Strakonice

Festival international de la cornemuse à Strakonice, photo: ČTK

La 21e édition du Festival international de la cornemuse s’est achevée ce dimanche par un défilé des 1 200 participants venus de quatorze pays du monde ainsi que par un grand concert au château de Strakonice, en Bohême du Sud. La Grande Bretagne, les Pays-Bas, la Bulgarie, ou encore la Turquie y étaient représentés. Compagnie bretonne, la Kevrenn Brest Sant Mark se rend dans cette petite ville tchèque de 25 000 habitants depuis les années 1960. Deux de ses membres, Jéremy Guizien et Joël Pouliquen, étaient au micro de Radio Prague.

C’est avec un « Degemer Bretagne, degemer France ! » (« Bienvenue » en breton) que l’animateur introduit la Kevrenn Brest Sant Mark au public tchèque. Après le concert, Jéremy Guizien et Joël Pouliquen expliquent au micro de Radio Prague le nom de leur ensemble :

Joël Pouliquen : « La Kevrenn est le nom similaire du bagad, c’est une formation qui regroupait auparavant les danseurs et les gens qui ouvraient pour la culture bretonne. Il n’y avait pas simplement la transmission de la musique. Il y avait aussi tout un travail pédagogique autour de la transmission de la culture bretonne. »

Jéremy Guizien : « Sant Mark est un petit quartier à Brest. C’est à cet endroit que s’est créée la Kevrenn Sant Mart. En 1947 un chimiquier a explosé dans la rade de Brest et a causé beaucoup de dégâts à la ville. Il y a un couple de sonneurs qui a décidé de faire une récolte de fonds. »

Joël Pouliquen : « Effectivement, il y a un groupe de sonneurs qui s’est constitué pour récolter de l’argent et qui a fait tout un voyage autour du Finistère pour venir en aide aux victimes parce qu’il y avait plus de 60 morts et c’était juste après la guerre, en 1947. »

Kevrenn Brest Sant Mark,  photo: Michel Briand,  CC BY-SA 3.0 Unported
Il y a une continuité dans l’existence de la Kevrenn depuis plusieurs dizaines d’années…

Joël Pouliquen : « Oui, le groupe a soixante-sept ans maintenant. C’est une des plus vieilles formations de Bretagne. Le bagad Sant Mark a été le précurseur de la musique bretonne actuelle. Ils ont beaucoup œuvré pour la moderniser et ils ont gagné beaucoup de concours. »

Jeremy Guizien : « Ils ont été onze fois champions de Bretagne. Après cela, la Kevrenn a décidé d’élargir encore plus sa culture et de travailler avec d’autres instruments, des synthétiseurs ou des guitares. Du coup, elle a arrêté pendant plusieurs années les concours. Il y a quelques années, nous avons décidé de reprendre les concours. »

Comment se passait ce moment de modernisation ? Est-ce qu’il se heurtait aux opinions de ceux qui ne la voulaient pas, qui voulaient revenir aux sources de cette musique ?

Joël Pouliquen : « C’est pour cela que la Kevrenn a quitté la fédération qui jugeait les airs. La Kevrenn a trouvé que les juges étaient trop strictes dans leur notation et elle a décidé se tourner vers la musique des concerts, toujours traditionnelle mais avec de nouveaux apports. Mais depuis, la fédération a évolué, elle a introduit une modernité et des instruments nouveaux mais à des doses homéopathiques dans les concerts. C’est une fédération puissante qui regroupe une soixantaine de formations en Bretagne, c’est la plus grande école de musique traditionnelle de bagad en Bretagne. »

Dans la Kevrenn, Il y a beaucoup de jeunes. Comment vous les recrutez ?

Festival international de la cornemuse à Strakonice,  photo: ČTK
Jeremy Guizien : « Nous faisons beaucoup d’interventions dans les écoles pour présenter la musique bretonne, mais dans notre région, c’est quelque chose qui est très marqué, c’est la musique qui attire quand même beaucoup de jeunes. »

Joël Pouliquen : « Chaque bagad a une école de formation. On joue dans le bagad pour des défilés et des prestations extérieures, pour des manifestations comme à Strakonice, où nous sommes contents de venir. Nous sommes toujours bien accueillis et on n’y vient depuis longtemps. En plus de cette formation d’adultes, il y a une école où nous formons des élèves. »

Combien de personnes sont venus avec vous à Strakonice cette année ?

Jéremy Guizien : « Cette année, on est dix-neuf musiciens et onze danseurs. Le plus jeune a treize ans et le plus ancien a 62 ans. Il y a trois pupitres dans le groupe. Il y a le pupitre cornemuse écossaise que tout le monde connaît, un pupitre bombarde et un pupitre caisses et percussions. »

Vous avez une longue histoire ici à Strakonice…

Festival international de la cornemuse à Strakonice,  photo: ČTK
Joël Pouliquen : « Je crois que nous sommes ici depuis le début. Apparemment, il y avait même des personnes qui sont venues avant l’ouverture officielle du festival qui a démarré en 1972. Il y a des liens très étroits parce que le fondateur du festival est venu souvent à Brest et il s’est inspiré d’une fête brestoise qui existait. »

Jeremy Guizien : « C’est pour cela qu’il y a une forte connexion entre la Kevrenn Sant Mark et le festival de Strakonice. Nous sommes des invités réguliers, on aime bien venir et faire plaisir au public le mieux qu’on peut. »

Vous voyagez beaucoup. Y a-t-il des particularités du public tchèque par rapport à celui de la Bretagne ?

Joël Pouliquen : « Je crois que les gens sont émerveillés par la musique celtique notamment. Les Tchèques sont un public très curieux qui aime bien voir des cultures différentes. »