KSČM : un mea culpa pour sortir de l’isolement politique ?

Le Parti communiste (KSČM) serait prêt à envisager de formuler des excuses afin de devenir un partenaire acceptable dans une éventuelle coalition de gauche. C’est ce qu’indique le quotidien Hospodářské noviny, auquel le chef de file des communistes tchèques, Vojtěch Filip, a accordé un entretien.

Jiří Dolejš
Des excuses pour quarante années de régime totalitaire mais les dirigeants du parti semblent divisés sur la formulation de ces excuses. Pour Vojtěch Filip, répéter les excuses formulées par le Parti communiste tchécoslovaque en décembre 1989 pourrait suffire. Mais pour le vice-président du KSČM, Jiří Dolejš, il faut aller plus loin. « Si cela doit être un obstacle à la collaboration des partis de gauche, explique-t-il au même journal, alors nous devrions formuler de nouvelles excuses et les publier activement ». Il ajoute que « l’électeur de gauche ne veut pas entendre que nous nous disputons, c’est la raison pour laquelle il faudrait que les deux partis puissent s’entendre ». Le but affiché est donc une éventuelle coalition entre communistes et sociaux-démocrates, et cette fois-ci une coalition officielle.

Depuis 1995 et la déclaration dite de Bohumin, le Parti social-démocrate (ČSSD) s’est interdit de gouverner avec les communistes, en tout cas au niveau national. Pour le vice-président du ČSSD, Zdeněk Škromach, de nouvelles excuses de la part des communistes ne changeraient pour l’instant rien à cette déclaration.

Vingt ans après la chute du régime, les communistes sont toujours présents sur la scène politique tchèque et leur poids peut se révéler crucial au Parlement, comme ce fut le cas lors de l’élection de Václav Klaus à la présidence de la République en 2003 ou lors de la motion de censure contre le gouvernement Topolánek. Ils restent cependant « intouchables » pour une partie de l’électorat, mais cherchent à devenir au moins un peu plus fréquentables.

Pour Martin Jašminský, éditorialiste de Hospodářské noviny, les excuses de 1989 que veut répéter le chef du KSČM sont « très faibles et ne visent que les pires excès ». Il poursuit en écrivant que « de réelles excuses devraient être franches, inconditionnelles et résolument pas comme partie d’un marchandage politique visant à obtenir plus de pouvoir ». Et Matin Jašminský de conclure que « les communistes n’en sont pas capables et ne sont pas mûrs pour faire partie du gouvernement ».