La boxe, un remède contre les problèmes

De jeunes Roms, des skinheads, des anarchistes, des toxicomanes... Ils se rencontrent chaque jour, dans une salle de gymnastique, à Prague, pour pratiquer de la boxe. Ou plutôt pour se battre avec leurs problèmes, pour essayer de trouver un équilibre dans la vie... Et ça marche ! Magdalena Segertova.

Dans le quartier pragois de Zizkov, Stanislav Tiser, un Rom d'une quarantaine d'années, est un personnage bien connu. L'un des meilleurs boxeurs de l'ancienne Tchécoslovaquie, il travaille, aujourd'hui, comme entraîneur. Ses élèves se recrutent, principalement, parmi les jeunes en marge de la société. "Je les vois dans les parcs, en train de s'ennuyer. Ils volent, ils se droguent, ils jouent aux machines à sous. Ils ne savent pas où aller, à part les bistrots", dit Stanislav Tiser. A la différence de la plupart des Tchèques, le boxeur a décidé de ne pas leur tourner le dos. Les souvenirs de sa propre adolescence sont encore très frais : "A quinze ans, je me suis battu, dans la rue, à cause d'une fille. Mon futur entraîneur l'a vu et il m'a proposé de venir dans son club", raconte-t-il. Le petit Rom musclé et moustachu se souvient aussi combien il a eu mal à se faire valoir, en tant que boxeur professionnel déjà, parmi ses collègues non Roms... Il sait donc très bien que les petits tziganes ont, avant tout, besoin de confiance. Et alors, il les fait venir dans son club et leur apprend à boxer. Mais pas seulement. Si vous séchez les cours, j'arrête de vous entraîner, dit Stanislav Tiser aux jeunes adeptes de la boxe. Eh oui, ses cours durs et épuisants sont aussi une leçon de discipline, de tolérance pour tous. Les Roms y côtoient les têtes rasées et, petit à petit, la haine et les préjugés se transforment en amitié. Pour les toxicomanes, la boxe est un régime de vivre, une activité passionnante, une alternative à la drogue.

Certes, le Boxing Club de Stanislav Tiser n'est pas un paradis. Il arrive que les boxeurs replongent dans la drogue, ou que Stanislav Tiser se fasse attaquer par des extrémistes qui ne peuvent pas digérer ses activités. Mais lui, il n'y renonce pas. Il continue à aborder, dans la rue, des jeunes "perdus", et à leur donner le goût du sport, le goût de la vie. Gratuitement, s'ils n'ont pas assez d'argent.

Auteur: Magdalena Segertová
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