Les tensions entre Roms et Ukrainiens trouvent un écho dans la presse tchèque

Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur les récents incidents entre la communauté rom et des réfugiés ukrainiens qui sont survenus dans les villes de Brno et de Pardubice. Un autre sujet traité : les émeutes en France et la « cinquième colonne » en Tchéquie. Enseigner le tchèque aux élèves ukrainiens est une mission difficile. Un mot aussi sur la présence tchèque, non sportif, au Tour de France et un point sur un nouveau documentaire consacré à Alexander Dubček.

Les récents incidents entre des citoyens Roms et des réfugiés ukrainiens à Brno et à Pardubice et une manifestation de quelques centaines de Roms ont eu un grand écho dans les médias locaux. L’éditorialiste du journal Deník les resitue dans un plus large contexte :

« Cela a commencé pendant la pandémie de Covid-19. Tous ceux qui suivent la situation de la minorité rom, et ils ne sont malheureusement pas nombreux dans ce pays, ont remarqué qu’il y avait une énorme opposition à la vaccination au sein de cette communauté, car les fausses informations y ont trouvé terrain propice. L’agression russe contre l’Ukraine, la crise énergétique, l’inflation et l’arrivée de plusieurs centaines de milliers de réfugiés ukrainiens ont fait oublier ce phénomène. »

Selon l’éditorialiste, les tensions entre Ukrainiens et Roms sont liées à la situation sociale de la minorité rom et au fait que celle-ci prête volontiers l’oreille aux fake news liées aux réfugiés ukrainiens. « Espérons que la manifestation des Roms à Pardubice ait réveillé l’Etat tchèque qui semble attendre que la situation de cette minorité  devienne incontrôlable », écrit-il.

L’éditorialiste de Deník constate également que la façon dont la Tchéquie a su gérer l’arrivée de quelques 300 000 réfugiés ukrainiens a été extraordinaire. Toutefois, une erreur fondamentale aurait été commise dès le départ, selon lui :

« Non seulement les femmes, les enfants et les pères de trois enfants ou plus, les hommes exemptés du service militaire en Ukraine, mais aussi plusieurs milliers d’hommes ukrainiens, ont bénéficié en Tchéquie d’une protection temporaire et des avantages de cette protection. Tous ceux qui se sont réfugiés chez nous. Si, il y a quelque temps, l’Etat a cherché un moyen de rendre l’aide aux réfugiés ukrainiens plus efficace, il aurait dû se pencher sur l’aide existante accordée à ces Ukrainiens. »

« Les Ukrainiens ne représentent pas pour les Roms le principal problème », souligne pour sa part la déléguée gouvernementale pour les affaires rom Lucie Fuková. ’Selon elle, les récents incidents à caractère local ne sont pas le signe d’une profonde tension entre les deux ethnies. « Les Roms affrontent d’autres problèmes bien plus graves », estime-t-elle.

Les émeutes en France et leur écho en Tchéquie

« En Tchéquie, la ‘cinquième colonne’ se réjouit des émeutes en France. Ce sont les mêmes qui ont précédemment applaudi les ‘Ggilets jaunes’ », lit-on dans une note publiée dans le journal en ligne Forum 24.cz qui ajoute :

Paris | Photo: Aurelien Morissard,  ČTK/AP

« En suivant ne serait-ce qu’au passage les réseaux sociaux partagés par les soutiens de la Fédération russe, on peut s’apercevoir de la joie avec laquelle ils acceuillent les actes de fauteurs de troubles en France. A leurs yeux, cette situation confirme ‘les problèmes liés aux migrants’, ‘une chose qu’ils disaient depuis longtemps’. Ils se réjouissent de voir que la France ‘’affronte des difficultés liées à la minorité musulmane. L’occasion également pour eux de dénoncer la signature par le Premier ministre Petr Fiala du Pacte migratoire‘’. »

L’éditorialiste du journal estime que même si la situation en France est gérée, les sites de désinformation continueront à alimenter la conviction que tout va absolument mal dans ce pays et que la civilisation touche à sa fin parce qu’’il y a, selon eux, trop d’immigrés :

« La joie de savoir qu’il y a des problèmes dans cet ’Occident considéré comme maléfique sera toujours grande chez ces gens. Il s’avère également que pour eux, il existe une bonne et une mauvaise violence. »

Enseigner le tchèque aux enfants ukrainiens, une mission difficile

Les enfants ukrainiens n’ont personne pour leur enseigner le tchèque comme langue étrangère. Voilà ce ’que rapporte un texte mis en ligne sur le site Seznam Zprávy dans lequel on pouvait lire :

Photo illustrative: Ivana Bernáthová,  ČRo

« Même plus d’un an après le début de la guerre en Ukraine, la mauvaise connaissance de la langue tchèque fait que les enfants ukrainiens ont toujours des difficultés à s’intégrer dans la communauté scolaire et à s’adapter à leur nouveau milieu. Certes, les écoles tchèques accueillent volontiers les élèves ukrainiens, mais ne leur offrent souvent pas une connaissance suffisante du tchèque. Le problème, c’est qu’elles ne disposent pas de spécialistes pour enseigner le tchèque aux étrangers. »

Ce sont donc des professeurs de langue tchèque qui n’ont aucune expérience d’un tel enseignement ou des assistants ukrainiens qui n’’ont pas de formation pédagogique qui sont appelés à aider les élèves ukrainiens. D’après le chroniqueur de Seznam Zprávy, le problème des compétences en tchèque a un impact sur le taux de réussite des élèves ukrainiens qui souhaitent être admis dans les écoles secondaires en Tchéquie :

« La grande majorité des enfants qui ne sont pas admis sont ukrainiens. Et la raison n’est certainement pas leur QI, leurs connaissances ou leurs capacités. C’est un problème de compétences linguistiques. »

La présence tchèque au Tour de France

« La République tchèque sera visible pendant le Tour de France, bien qu’aucun coureur tchèque n’ait figuré dans le peloton au départ de la capitale basque de ce grand événement sportif » , lit-on dans une note publiée dans le quotidien Hospodářské noviny. Son auteur a expliqué :

Jasper Philipsen | Photo: Thibault Camus,  ČTK/AP

« Outre le constructeur automobile Škoda, sponsor principal de l’événement depuis 20 ans, le fabricant de vêtements cyclistes Kalas est également de la partie. L’entreprise familiale de la ville de Tábor sponsorise depuis 10 ans l’équipe belge Alpecin-Deceuninck (qui a couru par le passé sous d’autres appellations), sous les couleurs de laquelle le Belge Jasper Philipsen a remporté la troisième étape de lundi. Mathieu van der Poel, l’un des meilleurs cyclistes du monde, fait également partie de l’équipe. »

Et le journal économique de citer František Raboň, ancien cycliste tchèque et actuel directeur du marketing de Kalas :

« C’est extrêmement intéressant pour nous car nous l’habillons depuis le début de sa carrière. Ce serait formidable que cela continue. C’est un prestige que nos représentants commerciaux peuvent utiliser lorsqu’ils négocient avec d’autres entreprises ou équipes. Le fait que nous soyons une marque qui participe régulièrement au Tour de France les incite à nous choisir. C’est la même chose que lorsqu’un constructeur automobile roule en F1. »

Alexander Dubček : une légende qui perdure

La présentation d’un documentaire sur l’homme politique slovaque le plus célèbre de tous les temps, Alexander Dubček (1921-1992), a été un des grands moments de la 57e du Festival international du film de Karlovy Vary. Le magazine Reflex remarque :

'Všichni lidé budou bratři',  le documentaire sur Alexander Dubček | Photo: Film Servis Festival Karlovy Vary

« Pendant cinq ans, le réalisateur slovaque Robert Kirchhoff a voyagé un peu partout sur les traces de Dubček. Il s’est rendu au Kirghizstan, en Turquie, en Italie, a fouillé des milliers de documents d’archives et s’est entretenu avec des centaines de témoins et d’historiens. Et bien qu’il éprouve de la sympathie pour Dubček, il a agi avec la plus grande honnêteté intellectuelle et n’a jamais caché son point de vue opposé à celui de l’homme politique. Il a créé une image de l’époque dont de nombreux historiens et enseignants pourront s’inspirer à l’avenir. On ne peut pas en dire autant de la plupart des documentaires politiques. »

Le chroniqueur de l’hebdomadaire Respekt relève également :

« Alexander Dubček, visage du Printemps de Prague de 1968 et symbole de l’espoir de changement en Tchécoslovaquie, est mort depuis plus de trente ans, mais sa légende perdure. Avec une intensité nouvelle, les groupes nationalistes de Slovaquie le célébrent comme le plus grand homme politique slovaque le récupérant pour leur dogme nationaliste. »