Presse : quand la canicule tue même à Prague

La canicule à Prague

Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord aux retombées de la canicule sur les habitants de Prague. La montée des tensions entre la communauté rom et les réfugiés ukrainiens est également traitée par de nombreux titres de presse. Ce magazine s’intéresse également aux habitudes alimentaires estivales des Tchèques. D’où vient la magie du tennis féminin tchèque ? Réponse également dans cette émission, avant d’évoquer la place de l’islam en Tchéquie.

« Ces dernières années, Prague a connu une augmentation significative des décès liés à la canicule », peut-on lire  sur le site Seznam Zprávy :

« Des chercheurs de l’Académie des sciences ont constaté  qu’au cours de la dernière décennie, entre 2010 et 2019, le nombre moyen de décès à Prague en raison des effets de la chaleur est presque deux fois plus élevé qu’au cours des trois décennies précédentes. Bien que beaucoup de gens ne veuillent toujours pas l’accepter, le changement climatique a un impact fatal sur les conditions de vie dans la capitale. D’ailleurs, les récentes journées caniculaires l’ont clairement confirmé. »

Selon les chercheurs qui ont comparé les températures quotidiennes moyennes pendant la saison chaude, de mai à septembre, la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur ont considérablement augmenté en Tchéquie :

« Alors que la température estivale moyenne dans les années 1980 était de 15,3°C, elle était de 16,9°C entre 2010 et 2019. Il y a également eu une augmentation significative du nombre de jours avec une température quotidienne moyenne supérieure à 20 °C. »

Le reste de la Tchéquie, comme l’indique l’éditorialiste  de Seznam Zprávy, n’est pas épargné non plus. L’impact de la chaleur sur la mortalité est effectivement visible dans tout le pays bien que Prague soit la moins bien lotie. « Les experts avertissent qu’avec l’augmentation du nombre de journées chaudes, nous devons également nous préparer à l’apparition de nouvelles maladies connues sous les tropiques », peut-on encore lire dans l’article.

Montée des tensions entre la communauté rom et les réfugiés ukrainiens

Les tensions entre les Roms et les Ukrainiens se poursuivent. Au moins trois manifestations rom ont eu lieu depuis le début de la semaine, à Brno, par exemple. Au total six manifestations depuis le début des vacances. Le site echo24.cz précise :

Une manifestation des Roms | Photo: Ondřej Hájek,  ČTK

« Les participants aux manifestations étaient principalement des Roms qui, selon leurs organisateurs, craignent pour leur sécurité. Ils disent rejeter toute stigmatisation des Ukrainiens dans ces protestations. Cependant, des slogans contre les Ukrainiens ont été entendus dans ces manifestations. »

L'éditorialiste du magazine Reflex est plus catégorique :

« La haine d’une partie des Roms à l’égard des Ukrainiens s’accroît. Les mensonges et la haine se répandent sur les réseaux sociaux, la violence risque de s’intensifier. Toute haine ethnique est un problème. D’autant plus lorsqu’un groupe ethnique qui n’est pas très intégré dans la société commence à attaquer un autre groupe ethnique qui est dans une situation plus pénible encore. »

L’éditorialiste du magazine indique que cette haine manifestée sur les réseaux sociaux ne date pas d’hier. Il s’agit selon lui d’une bombe à retardement qui risque d’exploser sous forme d’attaques violentes.

Les habitudes alimentaires estivales des Tchèques

« Nous, les Tchèques, mangeons terriblement, si mal que cela s’apparente à un suicide de masse », avertit l’auteur d’un texte publié dans le journal Deník. Puisant dans sa propre expérience, après avoir traversé à vélo la Tchéquie, en passant par des villes attrayantes et des endroits remplis de touristes, il détaille :

Photo: Petr Lukeš,  Radio Prague Int.

« Le déjeuner classique des vacances estivales tchèques est composé d’escalopes ou de fromages pannés avec frites, également proposées dans les menus pour enfants, ou d’un hamburger géant, parfois accompagné de porc au chou et de goulasch avec six quenelles (knedlíky). Le tout arrosé de bière ou de coca-cola, ou d’une limonade à la framboise également trop sucrée. Après un déjeuner d’été tchèque, il faudrait courir un semi-marathon pour arriver à zéro calorie. »

« Nous nous tuons. Nous sommes l’une des nations les plus obèses, notre style de vie étant un des moins sains d’Europe. Nous considérons que la disponibilité de l’alcool et des cigarettes vingt-quatre heures sur vingt-quatre est la norme », souligne le chroniqueur avant de déplorer :

« Il y a des pays, pas très loin de chez nous, où les gens ne vivent plus longtemps et, surtout, vivent plus longtemps en bonne santé. Leur cuisine ‘nationale’ ne tue pas, on ne peut pas y acheter de l’alcool après 21 heures, même dans une station-service, leurs cigarettes y sont sans marque et dans des emballages répugnants. Leurs aliments sont clairement identifiés avec des valeurs nutritionnelles. Alors que nous, nous considérons que la possibilité de se suicider sans retenue avec des repas gras, de l’alcool et de la nicotine est un droit humain fondamental du peuple tchèque. »

La magie du tennis féminin tchèque

Actuellement sept Tchèques se trouvent parmi les 50 meilleures joueuses mondiales de tennis. « D’où viennent tant de jeunes filles de haut niveau dans ce petit pays, comment font-ils en Tchéquie pour qu’un nouveau nom apparaisse régulièrement dans le top 100 mondial chaque année ? » Autant de questions, selon le chroniqueur sportif du site novinky.cz, qui sont à nouveau soulevées après le triomphe de Markéta Vondroušová à Wimbledon. Quelques éléments expliquent ce phénomène, selon lui :

Photo illustrative: Valentin Balan,  Unsplash

« Une des raisons, c’est que le tennis – du moins au début d’une carrière – n’est pas un luxe particulièrement inabordable en Tchéquie. Il existe des centaines de clubs de tennis dans tout le pays et il y a des courts vraiment partout. Presque tout le monde peut jouer. Pour les jeunes filles, le tennis est très souvent le premier choix, tandis que les garçons préfèrent le football, le hockey ou un autre sport. Ainsi, le pays dispose d’une base de jeunes joueuses relativement large, à partir de laquelle les meilleures atteignent le sommet de la pyramide. »

Et encore, comme l’ajoute le chroniqueur sportif, les jeunes joueuses tchèques n’ont pas besoin de faire des voyages compliqués et coûteux autour du monde et de se rendre à des tournois en Espagne, en Italie ou en France pour commencer leur carrière. Pour obtenir leurs premiers points dans les classements internationaux, il suffit en effet d’aller à Most, Liberec ou Brno, car la fédération de tennis organise beaucoup de tournois internationaux dans le pays. L’optimisme est donc de rigueur :

« Ceux qui suivent les compétitions juniors savent que le meilleur du tennis féminin national est encore à venir. Une autre génération forte qui domine les tournois internationaux est en train d’émerger. »

La place de l’islam en Tchéquie

Ce mois de juillet marque un quart de siècle depuis l’ouverture de la première mosquée en République tchèque, à Brno. L’occasion pour le journal en ligne Deník Referendum de constater qu’en Tchéquie, les musulmans attendent toujours d’être respectés sans préjugés. « Bien que la vague de haine irrationnelle à laquelle les musulmans ont été exposés pendant la  crise migratoire se soit calmée, elle pourrait être déclenchée à nouveau sous un autre prétexte », écrit-il avant de rappeler :

Photo illustrative: Radio Prague Int.

« Malgré le rétablissement d’une véritable liberté de culte au début des années 1990, l’islam n’a pas réussi à s’établir d’emblée en tant que communauté religieuse officielle. Ce n’est donc qu’en 2005 que l’islam a obtenu son enregistrement sous le nom officiel de Centre des communautés musulmanes. »

Aujourd’hui, selon le chroniqueur du journal, il s’agit d’un espace principalement destiné aux ressortissants étrangers de pays musulmans vivant en République tchèque. Lors du dernier recensement de 2021, près de 5 100 personnes se sont déclarées comme étant de confession musulmane, dont quelques centaines d’origine locale.