La cardinal Miloslav Vlk : « Je ne vois pas un vrai politicien chrétien sur la scène politique tchèque »

Miloslav Vlk

Sécularisation de la société, perte de valeurs, chrétiens et politique. Tels sont les thèmes qui sont évoqués dans un entretien avec le cardinal Miloslav Vlk publié dans l'édition de ce vendredi du quotidien Hospodarske noviny.

Miloslav Vlk
« La religiosité au sein de la population tchèque est faible », constate le cardinal Miloslav Vlk déplorant le côté « commercial » des fêtes de Pâques qui, pour beaucoup, ne comportent qu'une dimension folklorique. Selon ses paroles, « les gens sont aujourd'hui extrêmement superficiels... La vie est trop rapide, ils n'ont pas le temps de s'arrêter, de réfléchir ou de méditer, de percevoir les choses non seulement avec la raison, mais aussi avec le coeur ».

Au lendemain de la chute du régime communiste, la situation se présentait pourtant différemment. La cote de l'Eglise était élevée, la soif des gens de valeurs spirituelles était considérable. Cet état de chose a commencé à changer dans les années 90, la sécularisation atteignant aujourd'hui son apogée. « Les gens ont succombé au bien-être matériel », estime Miloslav Vlk. Son ton est peut-être plus sévère que jamais :

« L'individualisme et l'égoïsme augmentent, l'agressivité et le bizutage dans les écoles vont bon train. On ne saurait tomber plus bas. Les gens se comportent comme des rapaces. L'accent absolu sur l'individualisme est exacerbé... L'Eglise en revanche privilégie la communauté, l'aide à autrui. Autant de valeurs qui disparaissent de la société tchèque ».

La politique chrétienne existe-t-elle ? « L'Eglise n'aspire pas au pouvoir ou à une influence politique. Dans la politique, chaque chrétien est pour soi », répond le cardinal Vlk, car « le temps du cléricalisme est révolu ». Cela dit, il ne voit pas sur la scène tchèque une véritable figure politique chrétienne. Et de conclure : « Nous n'avons pas de valeurs partagées en commun. Le programme de formation de l'individu aux valeurs fait défaut. Les écoles et l'Etat l'ignorent... Il faut pourtant définir des valeurs ou des principes communs. Nous voulons tendre la main pour coopérer ».