La centrale de Temelin deviendra-t-elle un problème européen ?
Après la fin du blocage de la frontière tchéco-autrichienne, donc l'emploi de la force, il semble qu'on soit revenu à l'emploi de la diplomatie dans la controverse concernant la centrale nucléaire de Temelin. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
D'un côté et de l'autre de la frontière tchéco-autrichienne, la voix est de nouveau à la diplomatie, après une semaine pendant laquelle des invectives, voire des menaces ont retenti. Le président de la Chambre des députés, Vaclav Klaus, était à Vienne, lundi, pour une visite d'une journée. Il a beaucoup parlé de la centrale de Temelin avec ses interlocuteurs autrichiens, à tous les niveaux. Les deux parties sont d'accord sur le fait que le problème représenté par Temelin ne peut détruire tout ce qui a été fait, lors de la dernière décennie, dans le bon développement des relations entre la Tchéquie et l'Autriche. Vaclav Klaus a déclaré avoir un peu aidé à débloquer une partie des complications existant entre les deux pays. A la question des journalistes autrichiens sur la volonté du gouvernement tchèque d'accepter un compromis sur la centrale, Klaus a répondu qu'il ne s'agissait pas d'un compromis, mais de la capitulation de celui-ci. Vaclav Klaus a encore indiqué qu'il ne pensait pas que la rencontre entre le Premier ministre tchèque, Milos Zeman, et son homologue autrichien, Wolfgang Schüssel, était pour les jours à venir. Il n'a pas caché qu'il n'était pas satisfait de la volonté du gouvernement tchèque de faire de Temelin un problème européen, et qu'il était persuadé que c'était une affaire bilatérale. L'affaire est bien européenne, pourtant, car le porte-parole du commissaire pour l'élargissement de l'Union, Günter Verheugen, a déclaré, lundi, à Bruxelles qu'il était clair que du point de vue de l'Union, le blocage de la frontière tchéco-autrichienne était contraire aux accords d'association. Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Kavan, devrait rencontrer le commissaire européen, mercredi, au sujet de Temelin. Il s'agira uniquement d'une consultation. L'affaire est bien européenne, aussi, puisque Foratom (Forum nucléaire européen) regroupant les industries atomiques européennes, vient d'exprimer sa satisfaction avec la mise en service de la centrale de Temelin. Le porte-parole de Foratom, Jack Aston, a dit : « De cette manière, la République tchèque a déclaré son soutien à l'énergie nucléaire, en tant que source d'énergie sûre, économique et écologique ». En effet, il sera possible de diminuer l'emploi du lignite et donc d'accomplir les engagements d'abaisser les taux des exhalations d'oxyde de soufre. Le secrétaire général de Foratom, Wolf Schmidt-Küster, a encore déclaré que la République tchèque, ainsi, avait rappelé au monde qu'elle était un Etat souverain, libre de choisir la source d'énergie qu'elle veut utiliser. Selon Foratom, les changements de construction et la modernisation de Temelin, lors des dix dernières années, ont eu lieu sous le contrôle rigoureux d'experts internationaux, dans le seul but de répondre aux normes de sécurité occidentales. L'Autriche, d'ailleurs, fait aussi de la centrale de Temelin une affaire européenne, en voulant conditionner la fermeture du chapitre énergétique des entretiens sur l'entrée de la Tchéquie à l'Union, par de nouveaux contrôles de sécurité de cette centrale.