La Chronique nationale : de grandes archives de petites histoires
La Révolution de velours en 1989 et l’invasion soviétique en 1968 à travers les yeux de différents témoins, l’histoire d’une école maternelle pendant la Seconde Guerre mondiale, le service militaire dans les années 1950, l’évolution des machines à écrire, ou encore les souvenirs qu’une Tchèque a conservées de ses études en France à la fin des années 1930 : tels sont quelques-uns des témoignages que l’on peut découvrir dans ce qui est appelée la Chronique nationale. Ce projet commun de l’association « Senzační senioři » (« Des seniors formidables ») de la Fondation de la Charte 77 et du Musée national à Prague se veut être de grandes archives des petites histoires qui forment la mémoire nationale et permettent de mieux comprendre les grands événements historiques.
« Nous collectons les souvenir de nos grands-mères, grands-pères, voisins ou amis… Ce qui nous intéresse, c’est cette mémoire vivante, ce que l’on ne trouve pas dans les livres d’histoire. Ce sont nos propres souvenirs, les souvenirs de mon père sur ce qui s’est passé dans les années 1960… La Chronique nationale est structurée en différentes catégories : vous pouvez chercher selon une période ou un thème précis, par exemple sur tout ce qui concerne le mariage ou la naissance des enfants… »
Tous ceux qui le souhaitent peuvent se joindre au projet et publier leurs propres souvenirs ou ceux de leurs proches. Les témoignages recueillis, qu’il s’agisse de mémoires écrites, entretiens audio, vidéos, photos ou journaux intimes, sont mis en ligne à la disposition du grand public. Les versions originales des documents sont déposées aux archives du Musée national où elles servent notamment aux chercheurs et aux historiens. En cinq ans d’existence, la chronique a déjà permis de recueillir plus de 5 000 souvenirs. Kateřina Sodomková :« Nous collaborons avec des étudiants d’écoles secondaires qui collectent ces souvenirs dans le cadre de différents projets lancés par leurs professeurs d’histoire. Chaque étudiant réalise par exemple un entretien avec son grand-père ou un voisin. Il s’agit souvent de très belles histoires qui méritent de figurer dans la Chronique nationale. Nous avons aussi des collaborateurs réguliers. Ce sont le plus souvent des membres de l’association ‘Les seniors formidables’. Ils décrivent l’histoire avec leurs propres mots. Ces témoignages sont très authentiques et très intéressants pour le lecteur. »
Le projet de la Chronique nationale est soutenu également par différentes personnalités, comme par exemple l’acteur Jan Kačer :
« Connaître notre histoire nous permet d’en tirer une leçon et de ne pas répéter des erreurs du passé. »
« Commencez à rédiger vos mémoires », invite une exposition qui se tient actuellement sur la place Přemysl Ottokar II à České Budějovice. Son objectif est de faire découvrir la Chronique nationale au grand public et d’attirer de nouveaux collaborateurs. Présentée dans la capitale de la Bohême du Sud jusqu’au 9 août prochain, l’exposition sera ensuite déplacée sur la place Václav Havel, à côté du Théâtre national à Prague.Pour d’éventuels collaborateurs, un nouveau centre sera ouvert, en automne prochain, à la villa Jan Werich située sur la presqu’île de Kampa à Prague. Les organisateurs de la Chronique nationale y proposeront par exemple différents ateliers d’écriture créative.