La coalition gouvernementale tchèque face au problème du Kosovo

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Reconnaître ou ne pas reconnaître l’indépendance du Kosovo ? Telle est la question qui divise en ce moment la coalition gouvernementale tchèque. Bien que le chef de la diplomatie, Karel Schwarzenberg, ait envisagé de soumettre au cabinet un projet de reconnaissance du Kosovo dès le mercredi 2 avril, le Parti chrétien démocrate (KDU-CSL) demande que le problème soit encore discuté au niveau de la coalition.

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Il y quelque temps de cela, le Premier ministre, Mirek Topolanek, avait déclaré que son gouvernement reconnaîtrait le Kosovo à condition que ce pays garantisse, entre autres, le respect du droit, l’ordre public et la protection des minorités sur son territoire. Aujourd’hui, Mirek Topolanek, lui aussi, se rend compte que la situation au Kosovo doit d’abord être bien analysée. Il s’étonne pourtant de l’initiative du Parti chrétien-démocrate dont les membres, à son avis, ne s’intéressent que rarement à la politique internationale. Pourtant, selon le vice-président du parti, David Macek, l’attitude des chrétiens-démocrates vis-à-vis du problème du Kosovo n’est pas nouvelle :

«Il y a déjà un mois, nous nous étions prononcés, lors d’une conférence de presse, pour une retenue maximale dans cette question. En adoptant cette attitude nous avons voulu donner à la nouvelle administration du Kosovo la possibilité de démontrer de quelle façon elle exercerait le pouvoir sur son territoire. D’autre part, nous tenons à ce que la Serbie ne se sente pas acculée à l’isolement international et que soient soutenues les forces parmi la représentation politique serbe qui sont orientées vers l’Union européenne. »

Selon l’eurodéputé tchèque Josef Zieleniec, l’évolution actuelle du problème du Kosovo est bien malheureuse :

« Le problème ne peut pas être réduit à la question ‘reconnaître ou ne pas reconnaître le Kosovo’. L’évolution des pays de l’ouest de la péninsule balkanique a mérité beaucoup plus d’attention de la part des grandes puissances. Il fallait surtout inclure d’une certaine manière les ambitions étatiques des Albanais du Kosovo dans le processus d’intégration générale de cette région dans l’Union européenne. »

Selon Josef Zieleniec, ce n’est que grâce à une assistence d'autres pays que ce processus aurait pu se dérouler d’une façon plus pacifique et sur la base d’une entente élémentaire entre les différentes parties du conflit :

« Notre expérience historique et les liens entre nous et cette région auraient dû amener la République tchèque à adopter une attitude plus active plus tôt. L’Union européenne aurait dû s’ouvrir beaucoup plus vis-à-vis de la Serbie, il aurait fallu lui proposer un allégement du régime de visas et une intensification de la coopération économique. Et il aurait aussi fallu apprendre aux Albanais du Kosovo qu’une décision unilatérale compliquerait leurs relations avec l’Union européenne. Cela ne s’est pas fait, et maintenant la situation échappe au contrôle et évolue spontanément. »

Aujourd’hui donc, selon Josef Zieleniec, nous devons suivre très attentivement l’évolution au Kosovo. Il faut surveiller non seulement l’attitude adoptée par ce pays vis-à-vis de la minorité serbe, mais aussi son respect du droit et de l’ordre public et exiger que le pays cesse de servir de base au crime international.