La collection française de la Galerie nationale au cœur de l’exposition « Première République »

Photo: Markéta Kachlíková

Claude Monet, Auguste Renoir, Paul Cézanne, Paul Gauguin, Vincent van Gogh, Pablo Picasso ou Georges Braque : autant d'artistes dont les œuvres sont visibles à la Galerie nationale à Prague à l'occasion d'une nouvelle exposition intitulée « 1918-1938 : Première République », réalisée dans le cadre du centenaire de la Tchécoslovaquie.

Photo: Markéta Kachlíková
Inaugurée mardi soir au Palais des foires (Veletržní palác), cette nouvelle exposition permanente de la Galerie nationale fait également la part belle aux artistes tchèques et slovaques marquants de l'époque de la Première République tchécoslovaque, tels Václav Špála, Josef Čapek, Jindřich Štyrský, Josef Šíma ainsi que Toyen.

Il s’agit, nous l’avons dit, d’une exposition permanente, mais dont la durée sera toutefois limitée, étant donné que le bâtiment fonctionnaliste du Palais des foires, qui abrite la collection d'art moderne de la Galerie nationale, devrait subir d’importants travaux de rénovation à compter de 2021. Pour le collectif de la galerie, la genèse de cette exposition était une sorte d’expérience inédite, une opportunité de présenter les collections de la Galerie nationale de façon quelque peu inhabituelle, comme nous le raconte l’historienne de l’art et commissaire de l’exposition, Anna Pravdová :

Anna Pravdová et Jiří Fajt,  photo: Markéta Kachlíková
« Contrairement à ce nous faisons d’habitude dans les galeries, c’est-à-dire de présenter une période de l’histoire de l’art de manière linéaire, nous avons essayé de mettre en avant la richesse, la diversité, ainsi que certains aspects contradictoires de la scène artistique tchécoslovaque des années 1920-1930. Nous présentons ainsi les principales galeries et institutions culturelles de l’époque, sans oublier d’évoquer quelques-unes des grandes expositions qui ont marqué la vie culturelle du pays. Nous avons voulu établir une sorte de topographie artistique de toute la Tchécoslovaquie. Par conséquent, l’exposition montre, à travers des œuvres provenant des galeries tchèques et slovaques, la création des artistes de Prague, Brno, Zlín, Bratislava, Košice et Oujhorod (en Russie subcarpatique, région qui faisait alors partie de la Tchécoslovaquie, ndlr). »

En l’occurrence, un tableau emprunté de la Tate Gallery de Londres est de retour à Prague après 86 ans : il y a été montré en 1932, dans le cadre d’une exposition de peintres surréalistes tchécoslovaques et français, partiellement reconstituée par Anna Pravdová et ses collègues.

Mais c’est la célèbre « collection française », regroupant des œuvres de Gauguin, Picasso ou Van Gogh, qui est au cœur de cette nouvelle exposition au Palais des foires. Ces 150 tableaux français des XIXe et XXe siècles ont été achetés cinq ans seulement après la naissance de la Tchécoslovaquie, en 1923, par le gouvernement de l’époque, à l’initiative du Premier ministre Antonín Švehla et du président Tomáš Garrigue Masaryk.

Directeur de la Galerie nationale Jiří Fajt a remarqué lors du vernissage du l’exposition :

« Je suis toujours étonné à quel point les dirigeants tchécoslovaques de l’époque étaient des gens cultivés, qui avaient un goût de l’art. Pour la première fois, nous remettons cette collection d’art français dans le contexte de l’art tchécoslovaque de la Première République. Sans cet ensemble d’œuvres françaises, la collection de la Galerie nationale ne serait pas ce qu’elle est actuellement, elle n’occuperait pas une place aussi importante parmi les institutions muséales en Europe centrale. Je ne peux que regretter qu’actuellement, la Galerie nationale ne dispose que de très peu de moyens pour des acquisitions d’art contemporain. »

Acquises pour une somme de 6 millions de couronnes à l'époque, les œuvres de peintres français représenteraient aujourd'hui, selon le directeur de la Galerie nationale, une valeur d'environ 45 milliards de couronnes (1,74 milliard d'euros).

Cinq autres expositions viennent d’être inaugurées à la Galerie nationale de Prague à l’occasion du centenaire de la Tchécoslovaquie. Elles seront accessibles gratuitement ce week-end du 27 et 28 octobre.

https://www.ngprague.cz/