En Tchéquie, la lente prise de conscience d’une nécessaire aide aux parents veufs

Un documentaire diffusé par la Télévision tchèque met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes qui perdent un être cher, notamment celles qui sont encore actives sur le marché du travail et qui sont parents d’enfants mineurs. L’Etat, aussi, prend peu à peu conscience de ces situations souvent précaires.

En Tchéquie, il existe près de 36 500 parents veufs de moins de 55 ans, des personnes qui ont perdu leur époux ou épouses. Sur ce total, l’immense majorité – soit près de 30 000 – sont des femmes. Toutefois ces statistiques ne comptabilisent que les personnes qui étaient officiellement mariées : en réalité, le nombre de veufs et veuves, hors union matrimoniale, est probablement bien plus important.

Photo: Nadační fond Vrba

Dans le cas des familles où les parents sont encore actifs, avec des enfants, et hors situation de décès des suites d’une longue maladie à laquelle le couple a pu se préparer, la mort du ou de la partenaire est souvent un événement inattendu. En plus du traumatisme du décès soudain, la personne en deuil se retrouve face à une montagne de problèmes pratiques : blocage du compte en banque du conjoint, avec souvent l’impossibilité de vérifier si les virements automatiques – pour le loyer ou les charges – sont toujours bel et bien en vigueur. Un parent veuf, avec des enfants mineurs à charge, peut parfois se retrouver du jour au lendemain face à d’importants problèmes financiers, avec d’un côté la perte d’un salaire et de l’autre parfois, des menaces de saisie pour des impayés dont il ignorait l’existence.

Actuellement, c’est du côté associatif qu’il faut chercher une aide pour faire en sorte que les veufs et veuves ne soient pas confrontés – littéralement – à cette double peine. Globalement, un des problèmes principaux est lié à la bureaucratie liée aux demandes d’aide, comme le note Petra Glosr Cvrkalová de la Fondation Vrba :

Petra Glosr Cvrkalová | Photo: Tereza Čistotová,  ČRo

« Par exemple, les lycéens et les étudiants doivent justifier d’un certificat d’études tous les ans. Or il arrive fréquemment que la pension qui leur est due en tant qu’orphelin d’un parent est interrompue le temps que l’administration ne réactive leurs droits. »

Petra Glosr Cvrkalová s’est retrouvée veuve à l’âge de 31 ans, avec deux petites filles en bas âge. Démunie face à une situation à laquelle elle n’était pas préparée, elle a créé la Fondation Vrba pour venir en aide aux personnes qui se retrouvent dans des situations similaires. Tous les mois, des dizaines de personnes font appel à l’association qui les accompagne dans la phase la plus dure suivant le décès du conjoint : celle où il faut régler rapidement des détails matériels et administratifs complexes, alors même qu’elle devrait être réservée au deuil et au chagrin.

Lea Surovcová | Photo: Tereza Čistotová,  ČRo

La journaliste Lea Surovcová a suivi sur plusieurs années trois veuves ainsi qu’un homme qui a perdu son épouse. Elle souligne l’importance de cette fondation :

« Cette fondation met en lumière combien il s’agit d’une situation complexe. Les personnes en deuil peuvent bénéficier d’une thérapie psychique, mais pas seulement. La fondation ne propose pas que ce soutien moral. Au moment le plus dur qui suit le décès, la fondation intervient et propose au veuf ou à la veuve un manuel complet des démarches à suivre. Ainsi, ils ne se retrouvent pas à aller vingt fois à l’administration mais une seule fois suffit. Imaginez de devoir gérer tous ces tracas administratif en plus de l’émotion que vous ressentez. J’espère que mon documentaire va permettre d’ouvrir un débat sur les soins à apporter aux familles endeuillées. »

Klára Šimáčková Laurenčíková | Photo: Alžběta Boháčová,  ČRo

Un nouveau département a été récemment créé au sein du ministère du Travail et des Affaires sociales pour développer le volet institutionnel de l’aide. Une de ses priorités est l’introduction de « nounous de terrain » pour aider les familles dans les situations critiques, comme le souligne la commissaire du gouvernement aux droits de l’Homme, Klára Šimáčková Laurenčíková :

« Les soins aux familles endeuillées méritent toute notre attention. En pratique, cela signifierait qu’une mère dont le conjoint vient de mourir, qui a besoin de se stabiliser dans sa vie, de suivre une psychothérapie, pourrait être relayée dans son rôle de parent par un ou une assistante. »

Un principe qui a été déjà été mis en œuvre et éprouvé très concrètement par la Fondation Vrba qui a ses propres assistants pour venir en aide aux proches du défunt.

Auteur: Anna Kubišta | Source: Česká televize
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