La Commission européenne : l’appel à concurrence pour la construction de la Bibliothèque nationale était contraire à la loi

Проект нового здания Национальной библиотеки

Les doutes qui planaient sur le projet de la nouvelle Bibliothèque nationale de Prague semblent aujourd’hui confirmés. Cette fois, la légitimité de l’appel à concurrence remporté par l’architecte tchéco-britannique Jan Kaplický n’est pas remise en cause uniquement par des architectes mais par la Commission européenne. Il est donc fort probable que cet édifice ultramoderne qui divise la société tchèque ne sera finalement pas construit.

Le projet de la Bibliothèque nationale | Photo: Future Systems
Pour éviter les doutes sur la légitimité du concours, l’Office tchèque de contrôle de la concurrence s’est adressé à la Commission européenne et lui a demandé de trancher. Le verdict de la Commission vient de tomber et il peut condamner définitivement le projet de Jan Kaplický. La Bibliothèque nationale, qui a organisé l’appel à concurrence, se voit accusée d’avoir contourné les lois en vigueur en République tchèque. Selon la vice-présidente de l’Office de contrôle de la concurrence, Jindřiška Koblihová, en adoptant les règles utilisées pour ce genre de concours par des institutions internationales, la Bibliothèque aurait violé la loi tchèque relative aux commandes publiques.

«La Commission européenne estime que lors de l’appel à concurrence pour la construction de la nouvelle Bibliothèque nationale, il fallait procéder conformément à la loi relative aux commandes publiques. Il n’était pas possible de faire valoir une exception à la loi en utilisant les règles de l’UNESCO et de l’Union internationale des architectes.»

Se référant à l’avis de la Commission européenne, l’Office tchèque de contrôle de la concurrence recommandera donc probablement à la Bibliothèque nationale d’annuler l’appel à concurrence, et par conséquent les organisateurs du projet seront contraints de reprendre tout le processus depuis le début.

«L’Union européenne ne peut pas invalider ce que fait l’Union internationale des architectes. C’est complètement absurde », proteste Jan Kaplický, qui lutte depuis un an et demi pour la réalisation de son projet.

Toujours est-t-il que cet avis de l’Union européenne conviendra sans doute au ministre de la Culture, Václav Jehlička, qui s’en est pris récemment au projet de la bibliothèque en le qualifiant de mal préparé et d’irréalisable à cause du manque de moyens financiers. Le vice-ministre de la Culture, František Mikeš, se félicite de la dernière évolution de l’affaire:

«Il s’avère qu’il fallait vraiment faire cette démarche. Il est désormais évident qu’il faille procéder dans cette affaire conformément aux lois en vigueur en République tchèque et que cette démarche était justifiée.»

Si le projet, qui a déjà coûté 30 millions de couronnes, quelque 1,3 millions d’euros, est annulé, il faudra répondre également à la question de savoir qui est responsable de cet échec.