La corruption toujours et encore monnaie courante en Tchéquie

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L'organisation Transparency International a rendu public, ce mardi, l'Index de perception de la corruption pour l'année 2003. 133 pays y ont été classés. Le classement de chacun d'entre-eux exprime le degré de corruption qui, selon divers analystes, représentants du milieu des affaires et autres spécialistes de la sphère universitaire, existe et règne parmi les employés de l'administration publique et dans la classe politique. Plus de détails...

Les pays scandinaves, dans leur ensemble, possèdent le degré de corruption le plus faible, alors qu'à l'autre bout de l'échelle, on trouve des pays comme le Bangladesh, le Nigeria, Haïti, ou encore le Paraguay. Le Canada occupe la 11e place, la Belgique la 17e, et la France la 23e. La République tchèque se situe, quant à elle, relativement loin derrière, puisqu'elle a été classée 54e en compagnie de la Bulgarie, du Brésil, et même derrière la Biélorussie ! Plus inquiétant encore, des dix pays appelés à intégrer l'Union européenne en mai 2004, seules la Lituanie, la Slovaquie et la Pologne obtiennent de plus mauvais résultats. Marie Bohata, présidente du bureau tchèque de l'organisation Transparency International, pour plus d'explications sur la situation en République tchèque et sur cet Index de perception de la corruption :

« Cet Index reflète le degré de corruption ressenti comme existant dans les services publics et la classe politique. Ces enquêtes, qui ont porté sur ces trois dernières années, montrent quelle est la perception du problème dans le milieu des affaires, dans le milieu universitaire et du point de vue des analystes. Aucun pays n'a été classé sans que nous n'ayons obtenu les résultats de trois études au minimum. Ce résultat n'est pas positif pour notre pays, or il y a une corrélation significative entre la perception et la réalité. »

-Vous pensez donc que la 54e place qu'occupe la République tchèque dans cet Index, en compagnie de la Bulgarie et du Brésil, et derrière la Biélorussie, reflète la réalité actuelle dans le pays.

« Malheureusement, la situation en République tchèque n'est pas bonne. Mais il faut rappeler l'objectif de ces efforts visant à mesurer la corruption, à savoir réveiller l'opinion publique, et c'est le cas. Peut-être que sous un régime totalitaire, on n'est pas surpris par la corruption comme dans un système démocratique. »

-Quels sont les secteurs les plus touchés par la corruption en République tchèque ? Et quelles sont les formes les plus fréquentes ?

« Ce sont les travaux publics, les pouvoirs juridiques et la police. En ce qui concerne les formes de corruption, citons pots-de-vin, mais aussi le lobbying, qui est totalement invisible, et le clientélisme, c'est à dire l'offre d'emplois avantageux aux collègues, amis, etc. »

-Ces dernières années, la situation a-t-elle plutôt tendance à s'améliorer ou, au contraire, à s'aggraver ?

« C'est une question très difficile. Nous travaillons avec des enquêtes portant seulement sur les trois dernières années, alors que la corruption est une affaire de longue durée. A mon avis, la situation est plus ou moins stable, mais on voit que quelques pays, surtout les pays baltes et la Sovénie, dont la situation était comparable à celle de la République tchèque, se portent mieux sur ce point maintenant. »

-Que propose le bureau tchèque de l'organisation Transparency International pour lutter contre ce fléau ?

« Il faut que la loi reprenne ses droits. Transparency International propose d'améliorer la responsabilité et la transparence, de contrôler les activités des institutions clefs et de faire passer les réformes nécessaires de façon impartiale. »

-Quel est l'intérêt que porte le gouvernement tchèque à vos divers travaux ? Y a-t-il une collaboration entre votre organisation et le gouvernement ?

« Le gouvernement tchèque ne collabore pas beaucoup avec des organisations non gouvernementales. Pour ce qui est de notre organisation, je peux parler d'une grande assistance et d'une subvention accordée pendant la préparation et l'organisation d'un congrès mondial voilà de cela deux ans. Nous avons également commencé à discuter de notre proposition de loi sur le conflit d'intérêts. A mon avis, c'est très important dans notre milieu. »