La sécheresse préoccupe, enfin, la scène politique

La sécheresse, source: InterSucho

Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur certains nouveaux éléments de la lutte contre la sécheresse. Les spécificités tchèques du congé maternité et l’émiettement de la scène nationaliste locale sont deux autres sujets abordés. Il y sera aussi question de ce que les Tchèques considèrent comme les problèmes brûlants de la société. Enfin, quelques mots sur la position de la musique contemporaine en Tchéquie et sur la valeur du passeport tchèque.

La sécheresse,  source: InterSucho
S’appuyant sur la décision prise par la Coalition nationale de lutte contre la sécheresse, la Tchéquie entend investir des dizaines de milliards de couronnes pour faire des économies d’eau. L’auteur d’un texte publié dans le quotidien Hospodářské noviny remarque que cette initiative, aussi importante soit-elle, est accueillie avec une certaine réticence, notamment parce qu’elle arrive trop tard :

« Certes, il faut saluer le fait que ce problème majeur du pays préoccupe, enfin, les politiques au plus haut niveau. Il faut toutefois rappeler que les experts parlent de la menace d’une sécheresse catastrophique depuis bien longtempset que cet avertissement a été longtemps ignoré. L’argument selon lequel l’attention devait être pioritairement tournée vers les inondations qui ont à plusieurs reprises affecté le pays ne tient pas, car dans les conditions de l’Europe centrale, la sécheresse et les inondations sont une conséquence à part égale du changement climatique. Or, si l’on cherche aujourd’hui des solutions au problème qui est devenu aigü, c’est parce que les politiciens ont enfin compris que la situation était dramatique. »

Retenir les eaux dans les barrages, dans des réservoirs et dans les sols est l’une des rares possibilités que la Tchéquie possède dans la lutte contre la sécheresse. Elle se trouve en effet dans une situation plus difficile que beaucoup d’autres pays, car son unique source d’eau sont les pluies, écrit Hospodářské noviny, qui fait aussi part d’une importante réduction des eaux souterraines et ce même par rapport à l’année écoulée.

Un congé maternité trop long ?

Photo illustrative: Archive de Radio Prague
Comparé à la pratique habituelle dans la majorité des pays européens, les femmes tchèques bénéficient d’un congé de maternité particulièrement long. Celui-ci dure 28 semaines en Tchéquie, mais les femmes peuvent également bénéficier de quatre ans de congé parental pour s’occuper de leurs enfants, période pendant laquelle elles peuvent bénéficier d’une allocation. En attendant sa prochaine augmentation de 80 000 couronnes, elle représente aujourd’hui 220 000 couronnes (l’équivalent de près de 8 800 euros). Un texte publié dans une édition du quotidien Mladá fronta Dnes a récemment rapporté à propos de cette « spécificité tchèque » :

« L’Etat pratique une politique généreuse en matière de congés maternité et parental mais, d’un autre côté, il ne fait que peu de choses pour faciliter aux femmes un retour rapide au travail. Ce qui manque en premier lieu, c’est la volonté des entreprises de leur proposer des emplois à mi-temps ou à temps partiel. Le nombre insuffisant de crèches et d’écoles maternelles et d’autres établissements pour enfants, tel est un autre obstacle pour celles qui ne souhaitent pas rester trop longtemps à la maison et qui aimeraient reprendre leurs activités professionnelles. Le taux d’emploi des femmes tchèques qui ont un bébé demeure ainsi l’un des plus bas d’Europe. »

Le journal observe que les idées préconçus jouent à cet égard un certain rôle, car en Tchéquie, une mère qui retourne au travail avant le troisième anniversaire de son enfant n’est pas toujours perçue avec beaucoup de sympathie. Selon les statistiques, une femme tchèque mère de deux enfants reste à la maison, en moyenne, de six à huit ans.

Emiettement de la scène nationaliste locale

Photo: Lukáš Vrána,  CC BY-SA 4.0
A la veille des élections au Parlement européen, la scène politique anti-immigration et anti-européenne s’est désagrégée d’elle-même. C’est ce que titre un article qui a été publié sur le site de l’hebdomadaire Reflex et qui écrit :

« Les médias tchèques consacrent toujours assez de place aux problèmes de l’islam et des migrations de masse. Pourtant, les manifestations des partis populistes, avec en tête le parti SPD, principale formation d’extrême droite en Tchéquie, dirigée par Tomio Okamura, qui prônent une politique anti-immigration, n’attirent guère les gens. Cela ne veut pas pour autant dire que la migration et l’islamisation de l’Europe n’intéressent plus les gens, car pour la majeure partie de la population tchèque, ce sont des questions de première importance. Cette nouvelle approche à l’égard des manifestations extrémistes semble être le fruit de l’évolution sur la scène anti-immigration et anti-islam locale qui s’émiette à force d’être occupée par plusieurs formations du même genre et qui se désagrège à cause de l’animosité existant entre leurs leaders. A noter aussi que les gens se détournent des partis extrémistes parce que leurs thématiques sont souvent abordées par les partis traditionnels. »

Selon le commentateur de Reflex, la scène nationaliste locale s’est à tel point délitée, ses différentes fractions étant dirigées par des égoïsmes inconciliables, qu’elle ne représente désormais aucune menace grave pour les défenseurs de l’Union européenne et pour les partisans de l’immigration.

Que les règles soient respectées

Photo illustrative: Capri23auto / Pixabay,  CC0
La corruption et la criminalité économique constituent pour les Tchèques les problèmes les plus graves auxquels la société fait face à l’heure actuelle. C’est du moins ce qu’ont révélé les résultats d’une enquête effectuée en avril par l’agence CVVM qui ont également confirmé l’intérêt croissant des gens pour tout ce qui a trait à l’agriculture et à l’environnement. Un texte qui a été mis en ligne sur le site aktualne.cz a remarqué à ce propos :

« Les résultats de cette enquête reflètent la bonne condition économique du pays. Pour cette raison, le chômage, les certitudes sociales ou encore le niveau de vie ne sont pas les questions figurant au cœur de l’intérêt des personnes interrogées. Le message des citoyens est clair : nous voulons que les règles, y compris celles qui ont trait à la fiscalité, soient respectées et que l’on ne triche plus. La corruption et la criminalité économique ne sont évidemment pas des catastrophes naturelles mais des phémonènes négatifs qui peuvent être résolues au fur et à mesure, à la condition d’une politique bien gérée et de démarches appropriées tant de la part de la police que de la part des organes de contrôle. »

Tout aussi importante, selon l’auteur de ces lignes, est la volonté du milieu de l’entreprise d’agir correctement, d’encourager les décisions éthiques. Un aspect, toujours d’après l’enquête citée, que les managers tchèques semblent prendre en considération.

La Tchéquie, une terre de mission pour la musique contemporaine

Le Printemps de Prague,  photo: ČTK/Michal Krumphanzl
Le festival de musique Le Printemps de Prague, dont la 74ème édition a été ouverte dimanche dernier, traditionnellement, avec Ma Patrie de Bedřich Smetana, propose également plusieurs concerts de musique contemporaine. Est-il opportun d’éduquer les spectateurs à ce genre de musique ? Une question que le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny a posée à Miroslav Pudlák, directeur artistique du festival et compositeur :

« Education n’est pas le mot juste. A mon sens, c’est à chacun de trouver son propre chemin vers l’art moderne. Ce qu’il faut, c’est créer des opportunités. Si, par exemple, on va pour la première fois à un concert de musique contemporaine qui propose des compositions de mauvaise qualité et mal interprétées, on en ressortira probablement définitivement découragé. Or, c’est l’expérience d’initiation qui est essentielle. La musique moderne a de nombreuses facettes. L’auditeur est appelé à découvrir sa propre façon de l’écouter, affranchie des habitudes liées à l’écoute de la musique du XIXe siècle. »

S’agissant de la musique contemporaine, la Tchéquie représente, aux dires du compositeur, une terre de mission. Un défi à relever par les jeunes qui semblent, à cet égard, plus ouverts.

La « puissance » du passeport tchèque

Photo: Barbora Němcová
A en juger d’après le nombre d’Etats où les Tchèques peuvent voyager sans visa, le passeport qu’ils possèdent fait partie de ceux qui donnent le plus de libertés. La République tchèque occupe en effet la septième position dans le classement des passeports les plus puissants au monde, établi par la société Henley. C’est ce qu’a rapporté une récente édition du quotidien Lidové noviny :

« Le cercle de pays dans lesquels les citoyens tchèques peuvent se rendre avec un simple passeport sans visa n’a de cesse de s’élargir : 183 comparé à 98 Etats en 2016, l’année où les premières données pertinentes ont été recensées. Le passeport tchèque occupe ainsi une position unique dans le cadre de l’Europe centrale. »

L’auteur de l’article note que le passeport tchèque doit sa force à l’appartenance du pays à l’Union européenne, ainsi qu’au très bon niveau de la diplomatie tchèque. Le nombre de passeports qui délivrés chaque année dans le pays se situe autour de 600 000.