La Coupe du monde de ski de fond au Château de Prague
Les amateurs de sport auront l’occasion d’assister à une course exceptionnelle à Prague, le 30 décembre prochain. Sur la place du Château de Prague, pendant que se déroulera la relève de la garde, l’élite mondiale du ski de fond participera, en effet, à un sprint long de 1,1 kilomètre comptant pour le Tour de ski. Compétition composée de six courses différentes disputées en l’espace de huit jours, le Tour de ski s’inscrit depuis la saison dernière dans le calendrier de la Coupe du monde afin de rendre la discipline plus attractive pour le public et les médias. Directeur des épreuves de ski de fond à la Fédération internationale de ski (FIS), le Suisse Jürg Capol est à l’origine, avec le légendaire fondeur norvégien Vegard Ulvang, de la création de ce Tour de ski. Présent récemment à Prague pour la présentation de la course, Jürg Capol a expliqué au micro de Radio Prague comment l’idée d’organiser une épreuve de Coupe du monde dans un lieu aussi prestigieux que la place du Château avait vu le jour :
« Chaque saison, quatre à cinq courses en ville sont au programme de la Coupe du monde. Nous ne voulons pas y faire toutes les courses, ce n’est peut-être pas la bonne solution non plus. Mais parfois, cela donne un peu de couleurs à la Coupe du monde et c’est pourquoi il est important de mélanger un peu. Le nombre d’épreuves organisées en ville reste limité mais c’est attractif pour plusieurs raisons : nous allons vers le public, c’est un bon moyen de présenter notre sport et c’est intéressant pour le marketing. »
Effectivement, on ne doute pas de l’intérêt au niveau marketing, en revanche, pour ce qui est de l’aspect sportif, les conditions de la course ne sont-elles pas faussées car elles ne sont quand même le plus souvent pas très naturelles ?
« Aujourd’hui, nous disposons d’un certain savoir-faire pour l’organisation de telles courses. Il y a de cela cinq à dix ans, cela était peut-être plus ‘exotique’, mais désormais, sans que ce soit devenu traditionnel, nous avons une certaine expérience. Nous avons constaté que si une course est bien organisée en ville, alors cela fonctionne bien aussi au niveau sportif et ce sont finalement toujours les meilleurs qui gagnent. Alors, c’est certes une sorte de show, nous allons vers le public, mais nous voulons aussi être sûrs que les critères pour une pratique sportive à 100 % soient respectés. »
Par rapport à Prague, s’agit-il d’une organisation ponctuelle, seulement pour cette année, ou bien au contraire d’une manifestation appelée à se reproduire à l’avenir ?« Nous n’avons lancé le Tour de ski que la saison dernière et nous n’en sommes donc qu’à la deuxième édition. Mais le but est clair : le Tour de ski doit être au ski de fond ce que le Tour de France est au cyclisme. Ce doit être un sommet, le « highligt » de la saison de Coupe du monde placé dans le calendrier juste après Noël et autour du Nouvel An. C’est une période où les gens ont plus le temps de suivre parce qu’ils sont en vacances ou pour d’autres raisons. Pour ce qui est de Prague, nous avons l’idée d’y revenir, reste à savoir si ce sera l’année prochaine ou dans deux ans. C’est encore en discussions. Mais si nous en faisons l’expérience cette année, il serait bien de s’en resservir à l’avenir. Tout ne peut pas être parfait la première fois mais si on le fait une fois, c’est parce qu’il y a un potentiel de développement. »
Le Tour de ski se déroule en principe en Allemagne, en Italie et en République tchèque. Pourquoi ces trois pays précisément et envisagez-vous d’élargir la compétition à d’autres ?
« Au départ, nous avons décidé que le développement devait plutôt se faire en Europe centrale que dans le nord, en Scandinavie. C’est ici qu’il y a le plus à faire pour le ski de fond. Traditionnellement, dans le pays du nord, l’intérêt pour la discipline est déjà très élevé. Par ailleurs, nous n’avons pas oublié que l’engouement du public allemand lors des Championnats du monde à Oberstdorf en 2005 avait été très important. C’est pourquoi nous avons choisi l’Allemagne et l’Italie, qui ont l’habitude d’organiser des épreuves de Coupe du monde et de Championnats du monde. Nous avons également contacté les Tchèques qui ont été très positifs dès que nous leur avons présenté notre projet. Et les fédérations de ces trois pays ont supporté ce projet un peu fou et sans garantie de réussite dès les premières minutes. Et puis avec la tradition qu’il y a ici, la République tchèque est un pays de base pour le ski de fond. C’était donc un choix logique. »
Attendez-vous quelque chose de tout à fait exceptionnel de cette journée au Château de Prague par rapport aux autres courses ?« Non, c’est une épreuve du Tour de ski, qui est composé de plusieurs types de courses et de plusieurs styles. Prague sera un sprint très rapide, très court avec seulement un kilomètre. Mais pour ce qui est de Prague, de son château… oui, le sprint est une course très spectaculaire, le public sera nombreux et je suis convaincu que ce sera une réussite, ce qui est important pour l’image du Tour de ski. »
Etant donné le peu de neige qui tombe généralement sur Prague à cette période de l’année, plus de 3 000 m3 sont actuellement produits dans le massif de la Sumava, à 150 kilomètres au sud de la capitale, pour couvrir les 450 mètres du circuit d’une course pour laquelle les organisateurs attendent jusqu’à 10 000 spectateurs. La neige sera ensuite transportée à Prague deux jours avant la course par une soixantaine de camions, au grand plaisir des écologistes.