Finie la stabilité sur la scène politique tchèque

Miloš Zeman et Bohuslav Sobotka, photo: ČTK

La démission du gouvernement annoncée par le premier ministre Bohuslav Sobotka est évidemment le premier sujet qui sera traité dans cette nouvelle revue de presse. Un des articles que nous avons également retenu explique pourquoi, contrairement à ses attentes, le président Miloš Zeman ne sera pas prochainement reçu à la Maison-Blanche. Un autre texte sélectionné s’interroge sur les raisons du quasi consensus qui existe au sein du monde politique tchèque au sujet de certaines questions importantes, comme celle des quotas migratoires. Quelques mots seront également consacrés au championnat du monde de hockey sur glace qui se tient à Paris et à Cologne.

Miloš Zeman et Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
La surprise est le sentiment qui a dominé tant sur la scène politique que dans les médias suite à la décision du premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, annoncée ce mardi, de remettre la démission de son gouvernement. Une démarche, rappelons-le, en rapport avec les soupçons qui pèsent sur certaines transactions financières du ministre des Finances, Andrej Babiš. Ainsi, comme l’a souligné le site aktuálně.cz, « la situation politique qui a été étonnamment stable depuis les élections législatives de 2013, est tout à coup devenue imprévisible et confuse ». Un texte mise en ligne sur le site de l’hebdomadaire Respekt a pour sa part indiqué :

« En annonçant la démission de son gouvernement, Bohuslav Sobotka a surpris tout le monde. Il s’avère que même les ministres de son propre parti (le parti social-démocrate) n’avaient pas été tenus au courant. Ce n’est pas un bon signe, car il semble que l’ensemble de la direction du parti n’a pas donné son aval à cette décision. D’un autre côté, il ne s’agit pas d’un signe de lâcheté comme le prétendent les opposants du chef de gouvernement. »

Selon une analyse publiée sur le site ihned.cz, Bohuslav Sobotka aurait commencé à jouer la plus grande partie de sa carrière politique qui serait aussi probablement la dernière. Selon son auteur, sa démarche est surprenante à tout point de vue. Il explique pourquoi :

« D’abord, Sobotka n’a pas pris la décision que beaucoup attendaient, celle de la révocation de son ministre des Finances, Andrej Babiš. Une éventualité qui aurait permis à ce dernier de s’identifier à un ‘martyre’, une façon d’augmenter encore davantage sa cote de popularité. Sobotka a surpris également en tant que personnage. Souvent perçu comme un homme politique faible et hésitant qui n’a jamais rien fait de radical, fort et risqué, il a pourtant opté pour un acte politique par excellence. Sobotka a gardé sa dignité mais on peut penser que sa démarche déterminée ne lui apporte pas de grandes sympathies auprès de l’opinion publique ou une victoire aux prochaines élections législatives. »

Le quotidien Lidové noviny remarque lui aussi que Bohuslav Sobotka joue gros, un jeu surprenant et très risqué, que personne, vu de l’extérieur, n’aurait pu imaginer. Et de constater en même temps qu’après une période politique inhabituellement calme, on se retrouve, comme le veut la tradition, dans une période de chaos et d’incertitude. Ce qui augure, ironiquement parlant, « un bel été ».

Selon le journal Mladá fronta Dnes, Bohuslav Sobotka a pris une mauvaise décision, car jusqu’ici il a réussi à résoudre calmement tous les problèmes et à maintenir la stabilité de son cabinet. Et il aurait pu être le troisième premier ministre, au cours des quinze dernières années, à achever son mandat à son terme. Faute de cela, il figurera au nombre de tous les chefs de gouvernement à l’avoir terminé prématurément, après que leur cabinet a été secoué par les problèmes et les affaires.

Et, enfin, sur le site novinky.cz, on a pu lire :

« La décision de Sobotka n’est pas une décision lâche comme ses adversaires le prétendent afin de convaincre l’opinion publique. Ce n’est pas non plus la décision d’un héros, comme l’affirment ses sympathisants. Sa décision traduit une évaluation des possibilités qui s’offraient au chef du parti social-démocrate et qui étaient peu nombreuses... On ne peut que souhaiter que les élections aient lieu au plus vite pour que les électeurs puissent eux-mêmes faire leurs choix. »

La rencontre Trump-Zeman n’est pas pour demain

Donald Trump,  photo: ČTK
A l’image de la plupart de leurs homologues internationaux, les médias tchèques ont publié toute sorte d’analyses se rapportant aux cent premiers jours du président américain Donald Trump. Celle publiée dans le quotidien économique Hospodářské noviny réfléchit aux différents aspects de la politique que Donald Trump a mise en œuvre durant cette période, constatant qu’« un scénario catastrophique n’est pas devenu réalité à ce jour et que, au bout de ces cent jours, le monde ne s’est pas écroulé ». Son auteur a ajouté une petite remarque se rapportant à la Tchéquie :

« En recevant les lettres de créances du nouvel ambassadeur tchèque aux Etats-Unis, Hynek Kmoníček, Trump a fait comprendre qu’il n’avait pas l’intention de rencontrer le président tchèque, Miloš Zeman. Et pourtant, comme on le sait, depuis une conversation téléphonique de courtoisie de novembre dernier entre Trump et Zeman, la chancellerie présidentielle tchèque se plaisait à prétendre qu’une telle rencontre allait avoir lieu. »

Selon l’auteur de ce texte, il existe plusieurs raisons à ce désintérêt de l’administration américaine pour une telle rencontre, même si Zeman a été l’un des rares sinon l’unique représentant politique européen à avoir exprimé à Donald Trump son soutien avant même la tenue de la présidentielle américaine. Il explique :

« Outre le fait que la Tchéquie est loin de figurer parmi les plus importants pays du monde, on peut estimer que Trump ne veut pas entrer dans un piège politique ‘poutinien’. En rencontrant le président le plus prorusse de tous les pays de l’ancienne sphère d’influence soviétique, Trump donnerait à Poutine l’occasion de jubiler... Il y a donc lieu d’admettre prudemment que de ce point de vue, Trump nous a agréablement surpris. Mais ce constat traduit peut-être nos attentes très modestes. »

La Tchéquie en manque de débat sur certaines questions d’importance

Photo illustrative: Kai Stachowiak / Pixabay,  CC0
En Tchéquie, il existe des sujets forts qui font l’unanimité sur l’ensemble de l’échiquier politique local. C’est ce que stipule un texte qui a été publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt. Il l’illustre à l’aide de deux exemples marquants : les quotas pour les réfugiés, une mesure dont le but consiste à trouver une solution solidaire face à la crise migratoire et la directive européenne sur les armes. « Pourquoi les représentants politiques tchèques n’offrent-ils pas à propos de ces deux sujets une palette d’opinions diverses au lieu de les rejeter unanimement ? », s’interroge l’auteur du texte publié dans le magazine et d’observer :

« On voit naître en Tchéquie des légendes qu’il est difficile de contrer. Le projet de quotas migratoires prévoyait l’accueil en Tchéquie de près de 2000 migrants, une quantité très modeste pour un pays qui est développé et qui dispose des institutions nécessaires. Pourtant, aucun représentant et même pas un acteur politique ‘pro-européen’ n’a osé montrer ne serait-ce que la plus petite volonté d’envisager cette possibilité. Le refus de la directive sur les armes et le débat qui l’accompagne sont plus absurdes encore, car en fait, celle-ci ne concerne pas l’arsenal courant que possèdent les propriétaires d’armes ou les chasseurs qui se sentent menacés. »

Ceci est inquiétant, car le populisme devient beaucoup plus dangereux au moment où l’on perd le courage de lui faire front. D’après ce que l’on peut lire dans Respekt, « le silence autour des quotas et des armes signifie que l’audace est en voie de disparition, car les politiciens libéraux ne veulent pas prendre le risque de dire ouvertement ce qu’ils pensent, pour ne pas avoir à faire face à des émotions négatives exacerbées ».

Le hockey sur glace en France – un sport exotique ?

Photo: ČTK
« Un championnat du monde sans fanfare, Paris n’est pas un bastion du hockey sur glace ». Tel est le titre d’un article mis en ligne sur le site aktuálně.cz qui est consacré au championnat du monde de hockey sur glace qui se tient dès ce vendredi à Paris et à Cologne, en Allemagne. Son auteur rappelle que c’est la première fois depuis 66 ans qu’un tel championnat a lieu dans la capitale française, constatant toutefois que l’arrivée des stars de hockey du monde entier semble laisser ses habitants tout à fait indifférents :

« Tout indique que cet événement sportif n’intéresse guère les Parisiens. Par ailleurs, il demeure aussi en marge de l’intérêt des grands médias français. Même les rues autours du stade qui en est le théâtre n’en portent aucune trace. Or, comparé aux tournois qui se sont déroulés à Moscou, à Prague ou à Minsk, cette année, les matchs se dérouleront très probablement dans une atmosphère beaucoup plus calme et plus intime. On peut donc s’attendre à ce que l’un des matchs forts du championnat, celui entre la Reprezentace et la sélection du Canada, deux équipes aspirant à une médaille, se déroule ce vendredi devant des tribunes pas totalement pleines. »

Le site remarque toutefois que même si le hockey sur glace est en France, sauf dans certaines régions, notamment montagneuses, un sport minoritaire, la sélection française vit actuellement la meilleure période de son histoire, faisant depuis une dizaine d’année partie du groupe des meilleures équipes. Et de rappeler certains des succès des Bleus, dont leur victoire, en 2013 au championnat d’Helsinki, sur la sélection russe.