Des échos de la fête nationale du 28 octobre

Miloš Zeman, photo: ČTK

Les célébrations de la fête nationale du 28 octobre ont donné lieu à une intense activité civique. Dans cette nouvelle revue de presse, nous vous en présenterons quelques échos. Comme chaque année, l’attribution des décorations d’Etat a été aussi largement commentée. Un autre sujet traité : les intentions de vote qui favorisent à l’heure actuelle fortement le mouvement ANO d’Andrej Babiš au détriment du principal parti gouvernemental, le parti social-démocrate. Un extrait ensuite d’un entretien au sujet des mythes à l’égard des migrants qui existent au sein de la population tchèque. Nous vous dirons aussi quelques mots sur ces Tchèques qui aiment se marier à l’étranger.

Miloš Zeman,  photo: ČTK
La possibilité de voir Miloš Zeman réélu président de la République est désormais plus grande qu’il y a deux semaines. C’est ce que constate sur le site ihned.cz Filip Rožánek, de l’hebdomadaire Marketing-Media, qui analyse les événements qui ont accompagné la fête nationale du 28 octobre et qui explique :

« Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les activités de protestation des artistes et l’affaire liée à l’attribution des décoration d’Etat vont aider Zeman au lieu de compliquer son action sur la scène politique. Les appels moraux auront un effet contraire à ce que leurs initiateurs attendent, car une chose à laquelle les électeurs de Miloš Zeman sont particulièrement allergiques, c’est la ‘conscience de la nation à Prague’. Si, en mars prochain, Zeman annonce sa candidature, ses électeurs vont se lever pour le défendre. Plus ses adversaires attaquent le président, plus forte sera sa défense. »

Les candidats présidentiels qui voudront défier l’actuel président tchèque, Miloš Zeman, lors de la prochaine élection présidentielle qui aura lieu en janvier 2018, devront trouver la juste mesure en ce qui concerne leurs activités et leurs propos. C’est ce qu’affirme dans un entretien pour le quotidien Mladá fronta Dnes l’analyste de l’agence Median, Daniel Prokop Selon lui, une critique excessive à l’égard de l’actuel président risque de porter à ses auteurs plus de préjudice que de profit... L’éditorial de la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt signale à ce propos :

« La popularité de Miloš Zeman ne veut pas dire que tous ses sympathisant partagent ses opinions. Elle est en revanche due au fait qu’il s’adresse à la partie de la population qui croit demeurer en marge de l’intérêt général. Or par exemple, la dénonciation du président Zeman sur la chaîne de télévision privée Prima par des artistes connus risque d’avoir un effet plus négatif que positif pour ses protagonistes, contrairement à ce qu’ils espéraient. Pour pouvoir changer les choses, il faut rencontrer les gens et discuter avec eux. En plus, un changement ne doit pas être lié à des hommes politiques concrets, car une telle approche aboutit souvent sur la déception. »

L’archevêque Dominik Duka parmi les personnalités décorées

Dominik Duka,  photo: ČTK
A l’instar des années précédentes, c’est aussi le choix d’une trentaine de personnes qui ont été décorées au Château de Prague par le président Miloš Zeman, à l’occasion de la fête nationale du 28 octobre, qui a été largement commenté et discuté dans les médias et sur les réseaux sociaux. Une analyse publiée sur le site novinky.cz a s’intéresse à l’attribution de l’Ordre du lion blanc, la plus haute distinction d’Etat, au cardinal Dominik Duka, le primat tchèque, qui semble avoir déplu et déconcerté une certaine partie de la population. Rappelant que l’aile libérale de l’Eglise catholique porte souvent un regard critique sur les démarches de l’archevêque Duka, son auteur a aussi écrit :

« Il n’est pas difficile de comprendre les motifs qui ont poussé Duka à accepter cette décoration. Ses rapports hors standard avec les représentants politiques ont certainement contribué à ce que les Eglises, y compris l’Eglise catholique, aient pu récupérer, dans le cadre des restitutions des biens, un immense patrimoine de biens qui leur avait été confisqué par le régime communiste. Comprendre les motifs de Zeman est cependant plus compliqué, même si les deux hommes s’accordent sur toute sorte de questions, comme la défense du nationalisme tchèque ou l’hostilité à l’égard des immigrés. »

Tandis que Zeman déclare appartenir « à la gauche », Duka se trouve en revanche à la tête d’une Eglise qui se présente, à l’échelle européenne, comme une institution particulièrement conservatrice. Pour cette raison, comme le conclut l’auteur de ce texte, il est très difficile de trouver une explication à l’attribution de cette haute distinction à ce dignitaire ecclésiastique.

La chute du parti social-démocrate (ČSSD)

Bohuslav Sobotka,  photo: ČT
Le quotidien économique Hospodářské noviny s’est penché sur les résultats de la dernière enquête de l’agence STEM relative aux intentions de vote. Ce sondage indique notamment que seulement 14% des personnes interrogées veulent donner leurs voix au parti social-démocrate (ČSSD), principal parti du gouvernement de coalition, son score le plus faible au cours des vingt dernières années. Avec près de 30% des intentions de vote, le mouvement ANO d’Andrej Babiš est le plus plébiscité par les sondés. Le quotidien remarque à ce sujet :

« Cette chute encourage en premier lieu ceux parmi les sociaux-démocrates qui sont critiques à l’égard de leur leader, le premier ministre Bohuslav Sobotka. Plusieurs d’entre eux vont jusqu’à insister ouvertement sur la nécessité de remplacer le ‘capitaine du bateau’. Toutefois, ceux qui estiment qu’il serait inopportun de procéder ainsi à un an des prochaines élections législatives prédominent. Par ailleurs, la discorde au sein du parti social-démocrate au sujet de son leadership semble être une des causes principales de la baisse du nombre de ses sympathisants. »

Les politologues cités dans ce texte estiment également qu’en dépit des chiffres qui sont actuellement alarmants pour le ČSSD, ce parti pourra être en mesure de rattraper le mouvement ANO, voire de le dépasser. Pour y arriver, une vision claire pour l’avenir, des sujets nouveaux, ainsi que la garantie de l’unité sont des priorités.

Les mythes liés aux migrants en Tchéquie

Photo illustrative: Commission européenne
Les Tchèques, comme on le sait, ne sont pas très accueillants à l’égard des migrants. Selon le géographe social Dušan Drbohlav, il n’est pas juste de dire que la Tchéquie refuse la solidarité. Il n’y a qu’une aide coordonnée et organisée au niveau européen qui accomplit son but. Dans un entretien pour le quotidien Mladá fronta Dnes, cet enseignant universitaire s‘est aussi exprimé au sujet des mythes qui existent au sein de la population tchèque concernant les migrants :

« Le mythe le plus répandu stipule qu’il est possible de stopper la migration quand on le voudra. Mais c’est une illusion, car la migration, relevant du naturel humain, a depuis toujours existé, et est aujourd’hui soutenue par la mondialisation. Les murs et les clôtures n’y peuvent rien. Il suffit de se rappeler que les gens ont même réussi à franchir le rideau de fer. On ne saurait fermer hermétiquement l’ensemble de l’Europe. En plus, le monde d’aujourd’hui est inimaginable sans la libre circulation des idées, des marchandises, du capital et des personnes. »

Le sociologue interrogé s’oppose également à l’idée, répandue parmi les représentants politiques ainsi que dans les médias, selon laquelle l’immigration serait à même de donner une réponse positive au vieillissement de la population.

Se marier à l’étranger est en vogue

L'ambassade tchèque à Paris,  photo: Archives de Radio Prague
Se marier dans les locaux d’une ambassade est une habitude assez répandue parmi les jeunes Tchèques. Les ambassades les plus sollicitées sont celles de Paris et de Bangkok. Suivent celles de Londres, de Madrid, de Bruxelles et de Tel Aviv. Selon le quotidien Lidové noviny, c’est la beauté de l’ambassade tchèque à Paris située dans un ancien palais aristocratique, rue Charles Flauquet, qui présente un attrait particulier pour les futurs mariés. Nous citons :

« Chaque année, les diplomates tchèques reçoivent des dizaines de demandes de mariage à une ambassade qui doivent s’appuyer sur des arguments sérieux. Sont considérés comme légitimes, par exemple, des demandes liées à des problèmes de santé ou à des séjours à long terme à l’étranger. Il arrive cependant assez souvent que les couples présentent des explications aléatoires afin d’obtenir l’autorisation nécessaire. Pour cette raison, le ministère des Affaires étrangères prépare désormais un amendement à la loi sur le service étranger pour mettre fin à cette tendance qui est depuis trois ans en hausse et qui est considérée comme une forme spécifique de tourisme marital. Aujourd’hui, même si les fiancés abusent de la bienveillance offerte dans ce domaine par le code civil, un diplomate établi à l’étranger ne peut que difficilement refuser leur demande. »

L’article remarque enfin que Prague est devenue pour sa part une destination recherchée de fiancés chinois.