La cueillette de champignons à Ralsko - c'est d'la bombe!
Direction aujourd’hui la région de Ralsko, à une centaine de kilomètres au nord de Prague. Ralsko a une histoire bien particulière, une histoire chargée, en charges explosives. Les armées s’y sont succédées et ce terrain de 250 km2 reste marqué par les batailles, manœuvres et entraînements divers. Aujourd’hui, les civils tentent difficilement de se réapproprier Ralsko.
« J’ai trouvé des munitions il y a trois ans de cela, en fait ça avait l’air d’une bombe qui avait déjà explosé. J’ai pris mes jambes à mon cou sans demander mon reste. C’était pas loin d’ici, dans un coin où je préfère ne plus retourner. Hors de question. »
A quelques mètres de là, Olda et František ont déjà leur panier bien rempli, et eux aussi font attention où ils mettent les pieds :
« La semaine dernière, c’est Olda qui a trouvé un engin qui n’avait pas encore explosé, je sais pas ce que c’était exactement, mais ça mesurait plus de 70cm, il l’a ramassé et les démineurs sont venus chez lui pour s’en occuper. »
« Nous on n’y va pas, c’est là-bas où ’y avait les Russkofs ! », dit František en pointant avec son doigt l’autre côté de la route.
L’armée rouge a en effet occupé ce terrain de 1968 à 1991, mais l’histoire militaire de ce périmètre est loin de s’arrêter là. Les armées prussienne et autrichienne se sont livré bataille ici, l’armée nazie et l’Afrikakorps se sont entraînés à partir de 1938. Après la guerre, c’est l’armée tchécoslovaque qui a récupéré la région en la vidant de ses habitants, allemands puis tchèques. Des parachutistes israéliens se sont même préparés ici au combat. Cela fait à peine 20 ans que la région est à nouveau habitée par des civils. Pas vraiment une suprise si l’adjoint au maire de Ralsko, Vaclav Bilický, est un ancien démineur-artificier…« Moi quand j’allais encore faire la cueillette, j’avais toujours cette déformation professionnelle et je trouvais plus de munitions que de champignons, » raconte M. Bilický.
« Il n’y a jamais eu d’incident avec des explosifs sur le terrain en vingt ans, mais il y a eu des accidents graves et parfois mortels avec des munitions que les gens ont ramassées ici et ramenées chez eux. »Sur la carte de la région, l’adjoint au maire montre les endroits où, malgré l’une des plus importantes opérations de nettoyage en Europe, achevée en 2004, il reste des zones contaminées par des mines ou des bombes non explosées, notamment près des cibles sur lesquels les pilotes d’avions s’entraînaient à tirer. Mais d’après Vaclav Bilicky, celles qui restent sont enfouies sous le sol, car en surface, les cueilleurs de champignons ont fait un travail efficace :
« En 20 ans, les cueilleurs ont permis de trouver les engins les plus dangereux. D’une certaine manière, ce sont eux qui ont permis de nettoyer une partie de la forêt. Et là où poussent des champignons aujourd’hui il n’y a plus de munitions. »Si vous trouvez quelque chose de bizarre, appelez immédiatement la police, prévient l’adjoint au maire de Ralsko, avant de terminer en rappelant qu’en toute ces années de présence militaire il y a eu toutes sortes d’armes ici, même des ogives nucléaires entreposées par les Soviétiques. Heureusement, les champignons trouvés par Vladimír ne sont pas atomiques, mais il reste quand même inquiet :
« Je pense que le terrain a été plutôt bien nettoyé en ce qui concerne les munitions et les bombes, mais j’ai peur de ce qui va se passer avec tout ce qui a été enterré comme réservoirs d’essence, de produits chimiques et autres poisons. Je pense que c’est une question de temps avant une catastrophe écologique. »
Malgré ce lourd passé, la région de Ralsko veut se tourner vers l’avenir et la mairie espère obtenir le soutien de l’Etat et de l’UE pour y développer le tourisme.