La démission du ministre tchèque de la Justice
La démission du ministre de la Justice, Otakar Motejl, suscite l'attention des médias, de l'opinion publique, mais surtout des personnalités politiques et des magistrats. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
Le ministre de la Justice, Otakar Motejl, a présenté sa démission au Premier ministre tchèque, Milos Zeman, vendredi déjà. On peut dire qu'on s'y attendait un peu, car le seul sans-parti du cabinet social-démocrate avait essuyé plusieurs échecs lors de sa présentation de la réforme de la justice tchèque, à la Chambre des députés. Agé de 68 ans, Otakar Motejl, issu d'une famille d'avocat, homme de loi lui-même, a déclaré, lors d'une conférence de presse, lundi, qu'il quittait ses fonctions parce qu'il n'avait pas réussi à accomplir les objectifs qu'il s'était fixés. Le principal objectif, qui fait partie aussi du programme du gouvernement tchèque, concerne la réforme du système judiciaire. Il devrait se rapprocher le plus possible des normes européennes. La réforme de la justice tchèque a été, par deux fois, refusée par les députés. Selon le ministre sortant, la décision des députés était plus politique que rationnelle. Une réalité qu'il avait quelque peu sous-estimée. Otakar Motejl a aussi annoncé qu'il acceptait sa candidature au poste de médiateur présentée lors de la réunion de la présidence de la social-démocratie, pendant le week-end écoulé. Ceci n'a, pourtant, rien à voir avec sa démission. Cette dernière doit encore être signée par le président de la République, Vaclav Havel. Le Premier ministre, Milos Zeman, a indiqué qu'il présentera la démission de son ministre au chef de l'Etat seulement quand il sera en mesure de nommer son remplaçant. C'est une grande inconnue, jusqu'à maintenant. Pavel Rychetsky, pressenti pour cette fonction, a déclaré qu'il pourrait conduire le ministère de la Justice pour un certain temps seulement. Il est déjà trop pris par ses fonctions actuelles : vice-premier ministre et président du conseil législatif. Josef Baxa, vice-ministre de la Justice, qui a aussi été sollicité, a refusé d'occuper une place dans le cabinet de Milos Zeman. Selon lui, il serait incapable de s'imposer là où Motejl a échoué. D'autres personnalités sont pressenties pour remplacer le ministre sortant et, selon les informations qui ont filtré, il semble bien que le cabinet ne pourrait être constitué que de sociaux-démocrates. Les magistrats tchèques, qui sont les plus concernés par la démission du ministre, regrettent son départ en général. Jan Vyklicky, président du tribunal de Prague 10 et membre du conseil exécutif de l'Association européenne des magistrats, affirme que Motejl avait préparé la première véritable réforme de la justice tchèque, depuis 150 ans. D'après lui, cette réforme aurait mis le système judiciaire tchèque à l'heure du XXIe siècle. D'autres magistrats sont du même avis, et un fait est certain : la réforme de la justice est indispensable aussi pour l'entrée de la Tchéquie à l'Union européenne.