Un souvenir de Robert Badinter
Robert Badinter, combattant acharné contre la peine de mort, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 95 ans. En avril 2008, l’ancien ministre français de la Justice a donné à Prague une conférence intitulée « Juger les criminels contre l’Humanité ». A cette occasion, il a évoqué, au micro de radio Prague Int., sa collaboration avec Otakar Motejl et d’autres juristes tchèques au sein de l’association Masaryk. Voici l’extrait de cet entretien réalisé par Anne-Claire Veluire :
« Nous avons fondé, mon ami [Otakar] Motejl et moi, cette association très peu de temps après la révolution de velours parce que nous considérions qu’enfin, le temps de la démocratie et donc de l’Etat de droit était venu, et qu’il était bon que des juristes tchèques et des juristes français participent ensemble et aient des relations constantes. Nous faisons des voyages fréquents. Des juristes tchèques, qui sont de très haut niveau, viennent à Paris, font des conférences. Nous avons eu des conférences faites par des membres tchèques de la Cour européenne des Droits de l’Homme. Nous avons un public français très attentif. Nous venons aussi de Paris pour faire des conférences sur la Justice européenne, sur la Justice internationale, parfois sur la Justice française. »
« Il se crée comme cela en Europe une communauté de juristes qui fait penser à ce qui est advenu justement à la grande époque où on fondait l’Université Charles, c’est-à-dire l’époque où parlant tous latin, les professeurs de Droit allaient à dos de mule enseigner à Oxford, ici en Bohême, ou s’en allaient à Heidelberg ou de là à Salamanque. C’est un peu ça qui se recrée à travers l’association Masaryk : une communauté de juristes. »
Vous avez parlé ce soir de Justice Internationale. Est-ce que l’association Masaryk travaille dans ce sens et qu’est-ce qu’elle fait concrètement ?
« Concrètement, elle œuvre, elle fait des colloques, nous écrivons des articles. M. Motejl est un grand militant, et moi aussi, de la Cour pénale internationale. Bref, nous faisons notre modeste travail de juristes engagés. »