La France au salon « Le Monde du Livre »
« La photographie et le livre », « La diaspora littéraire et les Tchèques dans le monde », ou « Les meilleurs livres du monde pour jeunes lecteurs » - tels sont les grands thèmes de la 21e édition du salon international « Le Monde du Livre » qui se tient du 14 au 17 mai à Prague. Parmi les pays qui présentent leur production dans le cadre de ce salon il y a aussi la France.
Cette année, l’invité d’honneur est l’Egypte. Les organisateurs de la foire proposent au public de faire la connaissance de ce pays récemment bouleversé par deux révolutions mais qui n’a pas renoncé pour autant à sa vie culturelle. La délégation égyptienne compte une vingtaine d’écrivains et personnalités de la vie culturelle de ce pays. La foire est également un festival artistique et dans son cadre le public peut assister à 488 manifestations de divers genres dont le théâtre et le cinéma. Le festival de théâtre qui fait partie du salon réunit 19 troupes de tout le pays qui donneront au total 37 représentations. Plusieurs prix littéraires seront décernés aux meilleurs livres, meilleurs auteurs et meilleurs traducteurs, dont le Prix Jiří Theiner destiné à une personnalité ou une institution qui a contribué d’une façon remarquable à la diffusion et à la promotion de la littérature tchèque à l’étranger. Un anti-prix décerné par la Communauté des traducteurs est réservé aux livres dont la traduction a été bâclée.
Parmi les 399 exposants de la foire il y a aussi la France. A son stand nous avons rencontré Yohann Le Tallec, directeur de la Médiathèque et du Pôle Livre et Savoir de l’Institut français de Prague, qui a bien voulu présenter au micro de Radio Prague l’exposition française de cette année :« La France considère comme très important d’être présente en République tchèque. Elle est donc présente tout au long de l’année puisque c’est le dernier pays d’Europe à avoir des dispositifs d’aide à la publication et à la promotion aussi importants. Nous soutenons des projets éditoriaux entre vingt et quarante par an, de façon très soutenue et dans la durée. Nous sommes présents évidement aussi au moment de la Foire du livre, au moment de la rencontre avec les éditeurs et avec les auteurs. Cette année nous avons invité Yannick Grannec, une jeune écrivaine française, dont le livre ‘La Déesse des petites victoires’ est publié aux éditions Argo. Et c’est un très bon moment de la promotion des maisons d’édition tchèques car nous tenons à avoir un partenariat très fort, et bien sûr également de la promotion des écrivains de langue française, qu’ils soient français ou francophone au sens large. »
Pourtant j’ai l’impression que cette année la présentation et le stand de la France sont un peu plus modestes que l’année dernière…
« Alors, c’est tout à fait exact, mais là, c’est un simple problème de calendrier. La Foire du livre de Varsovie a modifié ses dates au tout dernier moment, et ces dates tombent exactement le même jour que la Foire du livre de Prague, or la France est invitée d’honneur en Pologne. Donc voilà pourquoi le stand est un peu plus modeste sur le plan de mètres carrés, mais par contre notre investissement reste le même, et ce qui est le plus important, il reste le même tout au long de l’année et pas seulement pour les quatre jours de la Foire du livre. »Je ne vois pas non plus le stand de la Belgique. Pourquoi ? L’année dernière vous aviez exposé ensemble.
« Je viens de parler avec ma collègue représentante de Wallonie-Bruxelles. C’est une décision de nos collègues belges. Mais c’est une priorité pour moi et pour l’Institut français de Prague d’établir les liens très, très forts avec nos collègues du domaine francophone. Donc nous espérons vivement avoir l’année prochaine un stand commun. »
Parlons encore de la coopération entre l’édition française et l’édition tchèque. Y a-t-il donc une activité dans ce sens ?
« Elle est très importante et comme je l’ai rappelé tout à l’heure nous avons en France un dispositif d’aide vraiment très soutenu d’échanges entre professionnels, parce que c’est un élément important que les éditeurs tchèques puissent rencontrer leurs homologues français. Un dispositif peu connu mais très utilisé par les éditeurs tchèques est l’envoi de traducteurs en France pour des périodes de trois à six mois, ce qui leur permet de rencontrer des maisons d’éditions françaises et d’affiner également leurs projets de traduction. Nous avons des aides financières directes pour promouvoir entre quinze et vingt projets éditoriaux par an. J’en suis particulièrement fier. Il est vrai que cela permet à la France d’être présente dans un pays comme la République tchèque. »Avez-vous des informations sur les ventes des livres français en République tchèque et vice versa. Les lecteurs tchèques lisent-ils la littérature française ?
« A ma grande surprise la place de la littérature française et la demande sont toujours importantes. En fait, le désir avoir aussi une offre qui soit à côté de nos collègues anglo-saxons, qui soit aussi très importante et soutenue, existe effectivement. Donc les livres français ont un lectorat qui est toujours fidèle et notre rôle est aussi de promouvoir, autant que l’on peut, les auteurs tchèques en France. C’est la raison pour laquelle l’Institut français de Prague met un point d’honneur à promouvoir à côté des artistes français régulièrement des artistes tchèques, ce qui était le cas récemment d’Alena Nádvorníková avec son exposition à l’Institut français dont j’ai fait le commissariat. Je suis donc désireux aussi de promouvoir des artistes tchèques, des écrivains tchèques en direction de la France. »De quels genres de littérature s’agit-il dans ces échanges entre la France et la République tchèque ? S’agit-il de la fiction, de romans, de littérature scientifique, de manuels scolaires ?
« Evidemment il vient tout de suite à l’esprit la fiction, le roman, qui occupe effectivement une place importante. Mais il faut savoir qu’il y a des échanges très profonds et très soutenus dans le domaine des sciences humaines, en histoire, en sociologie. Nous avons soutenu un certain nombre de projets qui sont toujours très présents, et également, ce qui est un point important pour moi, la littérature jeunesse et la bande dessinée. La bande dessinée est encore relativement confidentielle en République tchèque en comparaison avec la Belgique ou la France, mais il y a un intérêt très soutenu et ce courant existe également. Et mon grand objectif pour les années qui viennent est de promouvoir les échanges en sciences, mathématiques, biologie, physique, parce que, là aussi, ce sont les domaines peu parcourus pour l’instant mais que je tiens absolument à développer. »
En France la bande dessinée est un genre très populaire et très demandé. Soutenez-vous également les auteurs tchèques de bande dessinée qui aimeraient publier leurs œuvres en France ?
«Comme je vous l’ai dit, c’est quelque chose qui est dans ma conception qui doit être globale et dans les deux sens. Effectivement, mon rôle ici est de promouvoir l’image de la France et les auteurs français mais je tiens absolument à permettre aux auteurs tchèques d’avoir une audience plus large en France notamment dans le secteur jeunesse où la tradition est très ancienne et les travaux sont très remarquables. Et le Salon du livre de Montreuil est un très bon moment pour donner cette vitrine à la création tchèque. »