La galerie Moderna expose la création française d’artistes tchèques

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Jusqu’au 28 février prochain, la galerie Moderna, située sur les quais de Prague, propose une exposition consacrée aux artistes tchèques qui ont créé en France tout au long du XXe siècle. De František Kupka à Miloslav Moucha, en passant par Jan Zrzavý, Toyen, Josef Sima ou Václav Boštík, ce sont les œuvres de plusieurs générations d’artistes tchèques de renom qui sont à (re)découvrir jusqu’à la fin du mois de février.

Deux ans, c’est le temps qu’a mis la galerie Moderna à rassembler les œuvres présentées dans le cadre de cette exposition et à les faire venir à Prague afin de les présenter au public, et de peut-être, puisque c’est la vocation des galeries, de réussir à les vendre. En attendant, il est possible de venir découvrir des collages de Jiří Kolář ou même de Toyen et Adolf Hoffmeister, des huiles ou gravures de František Kupka, des dessins d’Otakar Coubine et bien d’autres encore. Martin Zeman est le directeur de la galerie Moderna, il détaille sur quels critères s’est faite la sélection des œuvres exposées :

« La condition sine qua non pour exposer les œuvres réalisées en France par ces artistes tchèques était l’influence que la France avait pu avoir sur elles. Chaque œuvre est spécifique, a sa propre histoire, son âme. L’influence française y est présente. Et surtout celle de Paris puisque des 1920 aux années 1970 au moins, la ville a été la Mecque de l’art mondial. Ces artistes ont été forcément influencés. Débarqués de notre modeste petit étang tchécoslovaque, ces artistes ont dû être pris de vertige en voyant ce qui se faisait à Paris. »

Le couple Toyen-Štyrský,  photo : ČT24
Et en effet, plusieurs générations d’artistes tchèques, et slovaques, ont fait le voyage et souvent se sont même installés dans l’Hexagone. Certains même de manière définitive, comme František Kupka, Otakar Coubine, le couple Toyen-Štyrský, Josef Sima ou Jiří Kolář. Après 1948 et le Coup de Prague, souvent pour des raisons politiques, mais tout au long de la première moitié du XXe siècle, c’est parce que la France et Paris fonctionnent comme un aimant pour les artistes du monde entier en quête d’inspiration et de stimulation, comme le développe Martin Zeman :

Miloslav Moucha,  photo : Centre tchèque de Paris
« Pour les artistes tchèques, la France et Paris étaient attractives pour une bonne raison : Paris était la ville où il fallait être pour tous les artistes. Et la Tchécoslovaquie était un petit pays isolé. Dans cette exposition, nous avons voulu condenser tout le XXe siècle. Donc ça commence avec František Kupka, qui déborde un tout petit peu sur la fin du XIXe siècle. Mais pour une bonne raison : ce sont des huiles et ce n’est pas tous les jours qu’on peut tenir entre ses mains des huiles de Kupka ! C’est un vrai miracle. Sinon, en effet on embrasse toute la période allant des années 1920 et on arrive au peintre encore actif, Miloslav Moucha. »

Tous ces peintres tchèques ont fait une grande partie, voire la majeure partie de leur carrière artistique en France, et jouissent, pour certains, d’une certaine notoriété dans leur pays d’adoption. Martin Zeman note d’ailleurs que leurs œuvres sont recherchées dans le petit monde des collectionneurs français :

Photo : la page officiel de facebook de la galerie Moderna
« J’ai plutôt une longue expérience à ce niveau-là, depuis 1992, et je sais ce qu’on collectionne en France. Au départ, j’avais plutôt un préjugé, et je me disais que les œuvres des artistes tchèques, notamment de ceux qui ont vécu en France, n’attireraient pas autant les Français que les Tchèques. C’était une grossière erreur. Je connais plusieurs collections de Français qui n’ont absolument aucun lien avec la Tchéquie : ils collectionnent des œuvres de l’art mondial, dont des œuvres d’art tchèques. Ils ne font pas la différence et l’origine de l’artiste n’a pas d’importance. Ce qui en a par contre, c’est la qualité de l’œuvre et en quoi l’artiste a enrichi l’art dans son ensemble. C’est très différent de l’approche tchèque : nous sommes plus patriotes, et dès qu’une œuvre tchèque apparaît sur le marché, nous sautons dessus. Dans les ventes aux enchères, on va acheter tchèque et non pas français par exemple. Là-bas le raisonnement est différent. A ce niveau-là, le monde est en avance sur nous ! »

Plus d’informations : http://www.galeriemoderna.cz