Josef Šíma, peintre de la lumière
La Galerie Moderna à Prague organise jusqu’au 27 mars une exposition d’œuvres du peintre tchèque Josef Šíma, qui passa la majeure partie de sa vie en France.
Dans la famille des peintres tchèques en France, il y a évidemment František Kupka, il y a aussi la Surréaliste Toyen. Et puis Josef Šíma… sans doute l’un des plus grands peintres tchèques du XXe siècle, parfois injustement oublié. D’ailleurs, pour l’heure, il n’y a que la Galerie Moderna à ne pas avoir omis de célébrer cet artiste, alors que 2011 correspond à deux anniversaires : les 120 ans de sa naissance et les 40 ans écoulés depuis sa disparition. Une omission que peine à comprendre Martin Zeman, propriétaire de la Galerie Moderna :
« Honnêtement, je ne comprends pas. Qui d’autre que Josef Šíma mérite d’être commémoré ? Nous avons quelques perles de l’art tchèque, comme Kupka, Šíma, Toyen ou Štyrský. Et Mucha, même si c’est une autre époque. Donc je ne comprends pas : Šíma mériterait d’être célébré comme il se doit en République tchèque. Même s’il est devenu français, il est resté tchèque intimement et retournait à Prague. C’est triste, mais c’est dû aux personnes qui sont à l’heure actuelle aux manettes dans les institutions. »Membre du groupe d’avant-garde tchèque Devětsil, Josef Šíma part en France en 1921, obtient la nationalité française cinq ans plus tard et passera le reste de sa vie dans l’Hexagone. Là-bas, il fonde un autre groupe, Le Grand Jeu, avec des poètes tels que Roger Vailland.
S’il est souvent placé dans le groupe des surréalistes, son œuvre est très différente de celle, très crue, d’une Toyen. Plus onirique, plus poétique, souvent à la limite du symbolisme, Josef Šíma est par exemple fasciné par les paysages et la mythologie.Autre objet de fascination : la lumière, comme le souligne le titre de l’exposition qui reprend l’intitulé d’un cycle d’œuvres, « Gouttes de lumière ». Dans les années 1960, d’ailleurs, il réalise les vitraux de l’église Saint-Jacques à Reims. Martin Zeman :
« Il travaille sur cette commande de manière continue de 1963 à 1969. Bien sûr, de ce fait, il se fait à Reims beaucoup d’amis qui possèdent d’importantes collections. En ce qui concerne les Gouttes de lumière : à partir de 1950, Šíma peint ses œuvres majeures et la lumière devient peu à peu son thème principal. Il irradie tout l’espace de ses tableaux et trouve alors une nouvelle vision de l’unité qu’il va poursuivre toute sa vie. La lumière est le pilier de ses tableaux. Le cycle ‘Gouttes de lumière’ voit le jour pendant plusieurs années et sera son sujet le plus important jusqu’à sa mort. »
La plus grande partie des collections Šíma se trouve évidemment en France et en République tchèque, même si l’on trouve également ses œuvres en Italie et en Suisse. Parmi les tableaux présentés à la Galerie Moderna, certains proviennent de la collection Monique Faux, admiratrice et collectionneuse du travail de Josef Šíma qui vivait justement à Reims et rédigera d’ailleurs une biographie sur Šíma. Josef Šíma est décédé à Paris en 1971. La dernière grande exposition consacrée à Šíma dans son pays d’origine remonte à 1968, depuis seules de petites galeries ont périodiquement organisé des expositions.
« Gouttes de lumière » est à voir à la Galerie Moderna jusqu’au 27 mars prochain.