La gloire passée du restaurant Expo 58
Et encore une affaire qui a trait au futur visage de Prague. L'histoire du célèbre restaurant pragois, Expo 58, récemment reconstruit, revient sur les pages des journaux tchèques. Ce monument classé, sera-t-il transformé en un centre administratif ? Magdalena Segertova sur son passé glorieux et sur son présent mouvementé.
On sait très bien que les maisons, les bâtiments vivent leurs propres vies, qu'ils ont, tout comme nous, les hommes, leurs destins. Le restaurant Expo 58 ressemble à un acteur brillant, célèbre et reconnu au temps de sa gloire, puis, à la fin de sa vie, tombé complètement dans l'oubli...
Tout à commencé en 1958, à l'Exposition universelle de Bruxelles, symbolisée par le fameux Atomium. La culture tchécoslovaque y a enthousiasmé tout le monde, avec sa céramique, son verre, son design original, son architecture. C'était justement le pavillon tchèque qui a reçu, à Bruxelles, le Grand prix. Pour les Tchèques et les Slovaques, ce succès international a été d'autant plus important, qu'il fut le premier après une séparation de longues années entre l'Est et l'Ouest par le rideau de fer. L'art appliqué tchèque a renoué avec sa belle époque des années 30, tout en s'inspirant de l'art contemporain étranger. Bref, les Tchécoslovaques ont dit au monde entier : nous sommes toujours là et nous sommes forts!
Mais revenons au pavillon. Il fut démonté et reconstruit au Parc des Foires à Prague. Une partie du pavillon, le restaurant en forme de soucoupe volante, est placé dans le parc de Letna, l'un des plus beaux à Prague. Cet endroit, d'où l'on a une vue magnifique sur le centre de la capitale, devient très vite recherché par les Pragois et les touristes. Le restaurant, ouvert dans les années 80 encore, propose un large éventail de plats nationaux tchèques, mais on peut y goûter, aussi, des spécialités culinaires françaises.
Tout change, malheureusement, après la Révolution de 1989 : le pavillon brûle complètement et le restaurant... il est fermé, de plus en plus délabré et personne n'en veut. Ni la ville de Prague, ni l'Etat ne trouvent l'argent nécessaire pour l'acheter. Ce n'est pas le cas de la société autrichienne A.I.V. qui obtient le monument classé lors de la privatisation. Elle l'a reconstruit et veut y aménager des bureaux. Nombreux sont ceux qui protestent, y compris, pour une fois, le ministre tchèque de la Culture. Ils trouvent que l'ancien restaurant devrait, de nouveau, servir aux gens comme lieu de rencontre et ils tentent d'empêcher l'investisseur étranger de réaliser son projet purement commercial. Il se peut donc qu'un jour, Expo 58 redevienne une de ces bonnes adresses pragoises, où manger est un plaisir.