La gloire retrouvée des Bains jaunes

Gelbes Bad

« Les Bains jaunes » (Žluté lázně), établissement des bains publics situé sur la rive droite de la Vltava, fête ces jours-ci son centenaire. L’occasion d’évoquer le passé et le présent de cet établissement qui a joué un rôle important dans les loisirs des Pragois et qui aimerait aujourd’hui renouer avec sa gloire d’antan.

Le 16 juin 1910 les nageurs et les amateurs de bains de soleil pragois se sont vus offrir un joli cadeau. C’est grâce à une initiative de l’Association des bains fluviaux que se sont ouverts ce jour-là, sur l’ancien poste d’amarrage de radeaux de la Vltava, des bains publics d’une capacité de 9 000 visiteurs. Selon l’historien Jiří Frost, l’établissement a été l’un des meilleurs de son genre :

« Les Bains jaunes ont fait partie des bains fluviaux les plus populaires, les plus fréquentés et les plus recherchés. Les gens les fréquentaient très assidûment ce qui veut dire que la majorité des baigneurs y réservaient des vestiaires permanents. »

Situés un peu en amont de Prague, les Bains jaunes proposaient aux nageurs des baignades dans une eau qui n’était pas encore polluée par son passage par la capitale. Sous la chaleur d’été l’établissement devenait un important centre de loisirs et de vie sociale. Le témoignage d’une cliente qui fréquente les Bains jaunes depuis un demi-siècle démontre que les baigneurs y jouissaient aussi d’un certain confort :

Žluté Lázně
« Il y avait une multitude de cabines et il y avait aussi des piscines en bois. Vous savez, c’était dans mon enfance, il y a 50 ans. Il y avait donc trois piscines en bois, une piscine étant réservée aux enfants et une autre aux nageurs adultes. Evidemment il y avait aussi l’entrée dans la rivière. Je me baignais dans la Vltava et je nageais toujours jusqu’à la rive opposée. Bien sûr, je n’arrivais pas à le faire quand j’étais toute petite mais un peu plus tard. C’était bien différent. Il y avait plus d’espace, il y avait beaucoup de bancs, des arbres donnaient de l’ombre et de la fraîcheur, on pouvait se détendre. »

Les Pragois y venaient aussi pour faire du sport. C’est aux Bains jaunes qu’est d’ailleurs né un nouveau sport, le « nohejbal » appelé en français le tennis-ballon. Entre les années 1930 et 1960 la popularité des Bains jaunes a atteint son apogée. Dans les années soixante, on pouvait y voir parmi les baigneuses la plantureuse beauté Olga Schoberová, future star de cinéma. La fin des années soixante cependant a amené le déclin de l’établissement. Le public attiré par d’autres piscines et lacs artificiels dans les environs de Prague s’en est détourné progressivement et la direction de l’établissement n’a alors pas fait grand-chose pour l’attirer.

Ce n’est qu’en 2005 que l’établissement renaît de ses cendres. Aujourd’hui il propose au public une plage sur la rive de la Vltava, un espace pour les naturistes, des cafés et des restaurants et plusieurs terrains de sports. Ce n’est plus seulement un établissement d’été. Même en hiver les visiteurs y trouveront une piste de descente pour enfant, des pistes pour skieurs de fond et snowboardeurs.