La grande coalition de Prague se désagrège

Bohuslav Svoboda, photo: CTK

La coalition à la municipalité de Prague vit très probablement ces derniers jours. Le mariage hétéroclite du Parti civique démocrate (ODS), formation de droite, avec le Parti social-démocrate (ČSSD) ne convient plus à ceux qui l’ont conclu à l’automne 2010. L’ODS explique ce divorce par la volonté d’éviter l’endettement qui menace le budget municipal. Mais la raison véritable se trouve probablement ailleurs.

Petr Hulínský
C’est le parti TOP 09, formation de droite, qui a gagné les élections municipales à Prague en 2010. Il s’est cependant fait évincer lors des négociations post-électorales par la grande coalition de l’ODS et du ČSSD, un mariage contre-nature qui avait alors provoqué un tollé parmi les électeurs. Ces derniers ont organisé toute une série de protestations accusant publiquement les politiciens municipaux de ne pas respecter le résultat des élections pour faire valoir leurs intérêts particuliers. Aujourd’hui, il est donc évident que c’était une coalition bien fragile, et il semble que les raisons pour lesquelles elle a été créée n’aient plus raison d’être. Selon le président de l’Organisation pragoise de l’ODS, Boris Šťastný, c’est le refus du ČSSD de faire des économies qui a brisé cette coalition. Quant au président de l’organisation pragoise du ČSSD, Petr Hulínský, il explique, lui, le divorce par les rapports tendus entre les deux partis :

« Aujourd’hui encore nous n’arrivons pas à trouver de consensus sur les postes des directeurs adjoints des départements de la municipalité et de directeurs des sections. Il y a un manque de discipline budgétaire. Rien que pour la construction de la piscine de Šutka, le budget est basé sur un investissement de 150 millions de couronnes, or la somme investie dépasse déjà les 300 millions. »

Le maire de Prague, Bohuslav Svoboda, de l’ODS, refuse cependant les raisons budgétaires bien qu’elles soient présentées par son propre parti :

Bohuslav Svoboda,  photo: CTK
« Le budget est pratiquement bouclé. Evidemment il doit encore être soumis au conseil municipal. Je pense toutefois que nous allons présenter un projet de budget correspondant aux conditions actuelles. L’idée que nous ne soyons pas capables de préparer le budget est donc fausse. »

Et Bohuslav Svoboda d’ajouter que la détérioration des rapports entre les deux partis de la coalition municipale résulte sans doute aussi du différend concernant l’appel d’offres pour un projet de traitement des déchets dont le montant est estimé à 10 milliards de couronnes, quelque 380 millions d’euros. Il désire maintenant informer sur la situation à l’Hôtel de ville de Prague le Premier ministre et chef de l’ODS, Petr Nečas.

Les commentaires dans les journaux laissent entendre que la situation actuelle à la mairie de Prague serait avant tout la conséquence de la lutte entre deux fractions au sein de l’ODS, dont l’une est représentée par Bohuslav Svoboda et l’autre par Boris Štastný. Toujours est-il que c’est le moment du retour sur l’échiquier municipal de TOP 09, vainqueur des dernières élections. Le chef de l’organisation pragoise du parti, František Laudát, se déclare prêt à négocier une nouvelle coalition :

František Laudát
« Bien sûr, comme nous disposons du plus grand nombre de membres au conseil municipal, nous entamerons des négociations. Nous ne posons pas de conditions préalables. (…) Nous commencerons à négocier avec l’ODS et nous nous pencherons aussi sur une éventuelle coopération avec le ČSSD. Je n’exclue pour l’heure aucune possibilité. »

Les partis concernés par ces négociations n’envisagent pas pour le moment la possibilité d’organiser des élections municipales anticipées.