La grande crue de 2002, une dure leçon donnée par la nature

Prague en août 2002

Il y a 10 ans, au début du mois d’août 2002, la République tchèque a vécu une catastrophe naturelle sans précédent. Après plusieurs jours de pluies torrentielles les rivières ont débordé et une importante partie du territoire tchèque a été inondée. Selon les hydrologues, les crues de cette catégorie ne reviennent en moyenne que tous les 500 ans.

Les quais de la Vltava
Le bilan de la catastrophe a été terrible. 225 000 habitants ont été évacués, 17 personnes sont mortes, 753 villes et communes ont été ravagées par les eaux. Les dégâts ont été évalués à plus de 73 milliards de couronnes, quelque 3 milliards d’euros. A Prague la crue a ravagé plusieurs quartiers, le métro a été inondé, les transports publics paralysés, de nombreux monuments historiques gravement endommagés. Il a fallu évacuer des dizaines de milliers de Pragois. Le directeur de la cellule de crise de la municipalité de Prague, Petr Beran explique que la capitale n’était pas préparée à une catastrophe de telles dimensions :

Prague
« Prague n’était protégée que contre une crue centennale comme il est courant dans le monde où les villes se protègent en général contre les inondations qui ne reviennent qu’une fois par siècle. Les expériences des inondations encore plus importantes nous ont manqué. Nous avons donc préparé le système de parois amovibles sur les bords de la Vltava dans la Vieille-Ville et dans le quartier de Josefov. Mais finalement il s’est avéré que c’était une crue qui ne revient en moyenne que tous les 500 ans et à laquelle nous n’étions pas préparés. Nous avons quand même réussi à protéger une partie de Josefov et de la Vieille-Ville. »

Pour se protéger contre de telles catastrophes la région de Prague a été obligée par la suite de prendre d’importants crédits dont les paiements s’échelonnent sur une trentaine d’années. Selon Petr Beran le système de parois amovibles a été élargi et perfectionné pour protéger la capitale tchèque contre un niveau de crues qui ne viennent que deux fois par millénaire avec une réserve de trente centimètres :

« Aujourd’hui, à mon avis et à selon les experts, la ville est protégée suffisamment. Nous avons aussi réalisé d’autres mesures dont celles dans le système de canalisation. Désormais donc, l’eau ne pourra même pas pénétrer dans la ville par les canalisations. »

Parmi les régions les plus éprouvées par la catastrophe il y a eu la Bohême du Sud où de nombreuses communes ont été ravagées et le village de Metly a été pratiquement rasé. Le président du Conseil régional de Bohême du Sud Jiří Zimula souligne que cette dure leçon que la nature nous a donnée ne doit pas être oubliée :

« Je pense que l’expérience que la Bohême du Sud et la République tchèque en général ont acquis lors des grandes crues, obligent tout homme politique responsable à craindre chaque pluie torrentielle. Aujourd’hui encore même les orages locaux provoquent la peur des gens qui gardent en mémoire les inondations d’il y a dix ans. Notre devoir est donc non seulement de craindre et de respecter la nature, mais de mettre en place en même temps des mesures anti-inondation pour protéger les gens. »

Jiří Zimula constate qu’en Bohême du Sud au cours de la dernière décennie 1,5 milliard de couronnes (60 millions d’euros) a été investi dans les mesures anti-inondation. Le président du Conseil régional pose cependant aussi la question cruciale du rapport de l’homme vis-à-vis de la nature :

« L’homme doit-il construire des barrières en béton pour maintenir l’eau dans le lit des rivières ou devenir plus humble dans son rapport vis-à-vis de la nature ? Ne faut-il pas modifier le paysage pour éviter les grands dégâts à l’avenir. Je vois qu’on continue à construire de nouvelles maisons dans les zones à risques et j’ai l’impression que certaines gens sont incorrigibles. Chaque homme politique, qu’il soit maire ou président du Conseil régional, devrait procéder à la planification territoriale en tenant compte des conséquences d’éventuelles inondations. »

Le 10e anniversaire de la grande crue de 2002 est donc une occasion de faire le bilan des mesures anti-inondation réalisées mais aussi de ce qui a été fait pour rendre au paysage sa capacité naturelle d’absorber l’eau.