La Morava et la Vltava, origines des deux grandes rivières tchèques
Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Comme vous le savez certainement si vous connaissez un peu la République tchèque et ses deux grandes régions que sont la Bohême et la Moravie, les deux principales rivières qui traversent la Tchéquie sont la Vltava et la Morava. L’occasion, donc, d’une petite étude toponymique et de revenir sur les origines de ces deux appellations géographiques, de ces deux noms de rivière.
La rivière portait son nom avant même l'arrivée des Celtes sur le territoire des pays tchèques probablement au IVe siècle avant J.-C.. Pline l'Ancien, un naturaliste romain du Ier siècle, connu pour son Histoire naturelle, vaste encyclopédie des connaissances de son temps, appelait alors la rivière Maro, tandis que Tacite, un historien latin, lui donna le nom de Marus. Par la suite, dans les régions où l'on parlait le germain, on ajouta le suffixe « -ahwa », qui signifie « eau, rivière », à la racine latine « -mar », ce qui donnait alors Marahwa. Puis, dans les langues slaves, ce suffixe « -ahwa » se transforma progressivement en « -ava », d'où l'appellation finale Morava.
La Vltava (qu’il convient de prononcer en intercalant un « -e » muet entre les deux premières consonnes), plus connue en dehors des frontières de la Tchéquie sous son appellation allemande Moldau, est donc l'autre principale rivière du pays. Longue de 430 kilomètres, elle prend sa source à 1100 mètres d'altitude dans la Šumava, chaîne de montagnes de Bohême du Sud parfois également appelée Forêt de Bohême. La Vltava traverse la Bohême du sud au nord, arrosant notamment les villes de České Budějovice et de Prague, avant de se jeter dans l’Elbe – Labe.
Dans les chroniques, la mention la plus ancienne de la rivière remonte à 872, on l'appelait alors Fuldaha, puis, plus tard, en 1113, Wultha. Mais c'est dans les chroniques de Kosmas datant du début du XIIe siècle que l'on trouve trace pour la première fois d'une appellation revêtant une forme tchèque. En 1125, le chroniqueur évoque, en effet, la rivière Wlitaua. L'hydronyme ou, si vous préférez, le nom d'un lieu ayant trait à l'eau, tire son origine de l'appellation germaine reconstituée à partir de la racine « -Wilth » et du suffixe « -ahwa », que nous avons déjà évoqué pour la Morava. La racine « -Wilth » signifiait donc « fougueux, violent, impétueux, tumultueux », le suffixe « -ahwa » désignait « l’eau, la rivière », et l'assemblage des deux éléments Wilthahwa veut donc dire littéralement « rivière tumultueuse ». Puis cette appellation germanique évolua avec le vieux tchèque avant de donner sa forme actuelle Vltava. Ce n'est qu'ensuite que l'appellation allemande Moldau apparut. Mais celle-ci n'est qu'une transformation, une évolution du nom tchèque Vltava. La mention écrite la plus ancienne date de 1253, sous la forme de Moltaua, les deux « -v » du nom tchèque Vltava ayant subi ce que l'on appelle une dissimilation, c'est à dire une différenciation de deux phonèmes, deux éléments sonores du langage articulé, identiques d’un mot.C’est ainsi que se referme ce « Tchèque du bout de la langue » consacré aux deux grandes rivières tchèques que sont la Vltava et la Morava. Dès la semaine prochaine, nous nous intéresserons aux appellations des chaînes de montagnes tchèques. D’ici-là, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp!, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj!