La musique de cour au cœur des Fêtes d’été de musique ancienne
Rendez-vous incontournable au cœur de la saison estivale depuis maintenant 22 ans, les Fêtes d’été de musique ancienne se déroulent à Prague jusqu’au 5 août prochain. Ce festival de musique ancienne attire chaque année un public de passionnés qui apprécient tant le programme constitué d’œuvres de grands maîtres de la musique médiévale ou baroque que le travail minutieux de redécouverte et de reconstitution de pièces souvent oubliées. Cette année, la musique née dans les cours nobiliaires ou royales est au cœur de cette 22e édition. Au micro de RPI, la directrice du festival Josefína Knoblochová nous en dit plus :
« Les cours jouaient à l’époque un rôle fondamental dans la production de musique. C’étaient des centres très importants de la vie culturelle que ce soit au Moyen Age, à la Renaissance, à l’époque baroque ou plus tard. En tant que festival de musique ancienne, nous nous spécialisons sur la période allant depuis le Moyen Age au rococo ce que l’édition de cette année couvre tout à fait. Les cours nobles étaient déjà au centre de l’édition précédente, mais nous n’avons pas pu tout faire, tout creuser, donc nous avons choisi de prendre cela cette année. La musique de cour est un thème inépuisable. A l’époque, la musique était partout dans les cours, jouée à la faveur d’occasions diverses. Elle était créée sur commande d’une personne, ou de la cour dans son ensemble. C’est ainsi que certaines formes particulières de musique ont pu voir le jour. C’est le cas du ‘divertissement’ français, une forme d’opéra baroque née à Versailles, plus courte, destinée à être jouée en chambre, sans costumes, sans décors. Parce qu’il n’y avait pas de théâtre en dur à l’époque au château… »
Allez-vous donner une représentation de cette forme d’opéra français pendant le festival ?
« Oui, c’est d’ailleurs une des moments exceptionnels de cette édition. Ce ‘divertissement’ s’appelle Le retour des dieux sur la terre et son auteur est François Colin de Blamont. La dernière fois qu’il a été joué, c’était en 1748. C’est donc la première fois que ce sera joué depuis, et ce sera pendant notre festival à l’occasion du concert de clôture. Au programme, la même soirée, Les plaisirs de Versailles de Marc-Antoine Charpentier, interprété par l’ensemble Collegium Marianum et sept solistes français. »
Vous dites que cette pièce n’a pas été interprétée depuis 1748, comment avez-vous retrouvé les notes et pu reconstituer ce « divertissement » qui sera joué le 5 août ?
« Ce projet a vu le jour grâce à notre collaboration de longue date avec le Centre de musique baroque de Versailles, une institution prestigieuse soutenue par le ministère français de la Culture. Sa vocation est de promouvoir l’héritage musical baroque français. Notre partenariat dure depuis six ans déjà. Le directeur musical du Centre de musique baroque de Versailles a une affection particulière pour l’œuvre de François Colin de Blamont. Il a écrit sa thèse sur ce compositeur. C’est lui qui a découvert dans les archives Le retour des dieux sur la terre. Il a complété les partitions, car quelques passages avaient disparu avec le temps. Il nous a ensuite transmis les notes publiées par le Centre de musique baroque de Versailles. »