La nouvelle présidente des Verts veut unifier un parti divisé par les clivages internes

Le congrès du parti des Verts, photo: ČTK

Maire d’un arrondissement de Brno, Jana Drápalová est devenue la nouvelle présidente des Verts. Lors du congrès du parti qui s’est tenu samedi et dimanche dans la capitale morave, Jana Drápalová a été élue en recevant les voix de 115 des 198 délégués. A l’issue du vote, la nouvelle chef des Verts a déclaré vouloir unifier une formation qui fédère des courants idéologiques variés. Dès cette année, les Verts voudront se faire entendre sur deux dossiers phares de leur mobilisation qui figurent au programme du gouvernement : la conception énergétique du pays et le projet de prolonger l’extraction du charbon en Bohême du Nord.

Le congrès du parti des Verts,  photo: ČTK
Depuis 1993, les Verts n’ont fait qu’une seule fois apparition à la Chambre des députés. Entre 2007 et 2009, ils sont même devenus partenaires dans la coalition gouvernementale dirigée par le libéral Mirek Topolánek (ODS). Cet engagement dans un gouvernement de droite a été marqué par une scission au sein du parti et le départ de l’aile la plus conservatrice. Depuis, les Verts rêvent, en vain, de retrouver une place au soleil au sommet de l’appareil de l’Etat. Ils ont cependant consolidé leur présence au Sénat et ils peuvent se targuer, au niveau local, de posséder quelques maires populaires. Par ailleurs, les deux candidats à la présidence du parti étaient des politiciens locaux bien établis, Jana Drápalová à Brno et Petr Štěpánek à Prague.

Pour autant, les Verts ont échoué aux élections européennes, un échec qui a entraîné la démission de leur ancien leader Ondřej Liška, d’où la tenue du congrès le week-end dernier pour désigner son successeur. A cette occasion, la nouvelle chef Jana Drápalová a présenté sa stratégie visant à un retour des Verts à l’échelle nationale :

Jana Drápalová,  photo: Site officiel du parti des Verts
« Avec la montée en puissance du lobby minier et de construction, le public perçoit la défense des libertés individuelles, principal cheval de bataille du parti des Verts, comme quelque chose de négatif. Nous devons convaincre les gens que notre politique ‘verte’ est en conformité avec leurs intérêts et mène à une meilleure qualité de vie. Notre succès au niveau local prouve que là où les gens nous connaissent, ils votent pour nous. Mais ce qui dérange nos électeurs potentiels, c’est la fragmentation du parti à cause de laquelle ils nous perçoivent comme faibles. Il n’y a pas de recette magique pour réussir, mais je propose de mettre en place une méthode de travail managériale, comme dans mon arrondissement à Brno, qui permet de motiver l’équipe. »

2015 n’est pas une année électorale, mais Jana Drápalová veut préparer le parti pour les élections régionales de 2016. Selon elle, les Verts pourraient envoyer leurs membres dans huit conseils, au lieu de trois actuellement. Maire du 4e arrondissement de Prague et candidat malheureux à la présidence, Petr Štěpánek participera lui aussi à cet effort en tant que nouveau vice-président du parti. Selon lui, les thèmes dont le parti doit se saisir sont dictés par le gouvernement actuel :

Petr Štěpánek,  photo: Site officiel du parti des Verts
« Le parti des Verts doit être la voix de la Bohême du Nord contre la volonté du lobby minier de modifier les règles limitant l’exploitation du charbon. Il y a quelques jours de cela, le ministre de l’Industrie a annoncé le plan d’agrandir la capacité de l’une des deux centrales nucléaires. Les Verts s’y opposent et doivent être les principaux porte-paroles d’un développement énergétique durable. Nous ne sommes pas seulement un parti écologique. Nous défendons aussi les libertés et refusons tout discours raciste et discriminatoire. Outre la dimension environnementale, nous avons donc une importante dimension sociale. »

C’est sur ce dernier point que le troisième candidat à la présidence des Verts, Tomáš Schejbal, a osé aller plus loin. Avec 11 voix sur 198, il n’avait aucune chance d’accéder à la tête du parti, un résultat qui ne l’a cependant pas empêché de proposer une lecture différente de son avenir. Pour parvenir ne serait-ce qu’à la taille de leurs homologues allemands, il faudrait, selon Tomáš Schejbal, adopter une approche critique du capitalisme, tout comme vis-à-vis de certaines personnalités cultes pour les Verts, parmi lesquelles se trouvent les anciens présidents de la République Václav Havel et Václav Klaus. Révoltés par ses propos provocateurs, plusieurs délégués ont quitté la salle quand il les a traités de « camarades », une appellation utilisée pendant le régime communiste.

Bien que proche d’une farce, le discours de Tomáš Schejbal était tout de même révélateur des divisions qui traversent le parti. En attendant que son aile gauche gagne en ampleur pour toucher un électorat plus étendu à l’instar des mouvements Podemos en Espagne ou Syriza qui vient de gagner les élections en Grèce, les Verts se sont mis d’accord pour avancer dans le domaine de l’égalité des sexes. A partir du prochain congrès en 2016, ils seront le premier parti tchèque à être présidé conjointement par un homme et une femme.