« La Petite Renarde rusée » de Leoš Janáček est de retour à l’Opéra Bastille
À partir de ce mercredi et jusqu’au 1er février, le baryton tchèque Tadeáš Hoza et une vingtaine de jeunes chanteurs du Chœur d’enfants Kühn de Prague se produisent dans le célèbre opéra de Leoš Janáček « La Petite Renarde rusée », à l’Opéra Bastille à Paris. Le spectacle est une reprise de la production du metteur en scène André Engel, créée à Lyon en 2000 et présentée à l’Opéra national de Paris pour la première fois en 2008.
Cent ans après sa première mondiale, « La Petite Renarde rusée », cette fable féérique célébrant l’éternel recommencement de la vie et de la nature, revient sur les planches de l’Opéra Bastille. Soliste du Théâtre national de Brno, Tadeáš Hoza a rejoint cette production parisienne un peu par hasard :
« Mon collègue Iain Paterson devait chanter le Garde-chasse dans ‘La Petite Renarde rusée’, mais il lui a fallu remplacer un chanteur dans un autre opéra, ‘L’Or du Rhin’. Du coup, le rôle du Garde-chasse a été repris par Milan Siljanov et c’est moi qui ai été sollicité pour interpréter Le Vagabond, un rôle que je connais bien. Tout est allé très vite puisque je suis arrivé à Paris le 6 janvier, dès le lendemain j’ai essayé mon costume pour la première fois, et là, une semaine à peine plus tard, nous en sommes à la répétition générale… »
« J’ai été vraiment surpris par le volume de la salle ! Elle est trois fois plus grande que celle du Théâtre Janáček de Brno qui, en termes de capacité d’accueil du public, fait figure de plus importante maison d’opéra en Tchéquie. J’ai d’abord été un peu impressionné par cette immensité de l’Opéra Bastille, mais après y avoir chanté une première fois, j’ai compris que la salle avait été bien conçue et que l’acoustique y était parfaite. Au début, j’ai aussi un peu ri en me disant que j’allais aussi probablement servir de coach pour mes collègues de différentes nationalités, parce que l’opéra est chanté en tchèque. Mais il n’en a rien été, car tous ont été formés par madame Kudela, qui est un excellent coach vocal. Elle parle huit langues, dont le tchèque. Et puis tous les chanteurs ou presque connaissent cette production pour y avoir déjà joué, puisqu’il s’agit d’une reprise. Ils ne font donc qu’améliorer leurs performances. »
Tel est le cas, notamment, d’Elena Tsallagova qui interprète, sous la baguette du chef d’orchestre slovaque Juraj Valčuha, le rôle-titre de la Renarde. La soprano russe avait également chanté « La Petite Renarde rusée » en concert, et ce, lors du festival du Printemps de Prague, avec l’Orchestre philharmonique tchèque dirigé par Jakub Hrůša.
« C’était une très belle expérience que j’ai faite avec ce rôle. Chanter en tchèque devant le public pragois était à la fois un défi et un honneur. (…) Dans le spectacle, je bouge beaucoup, c’est un rôle assez physique, et cette débauche d’énergie est aussi un défi. Mais il ne peut pas en être autrement, car l’œuvre originale s’intitule ‘Les Aventures de la Petite renarde rusée’. Je trouve fascinant que Janáček, à travers cet opéra, ait créé une véritable célébration de la vie. Car même si la mort est aussi présente dans la pièce, puisque la Renarde meurt à la fin, le compositeur ne met pas l’accent dessus. C’est vraiment la vie, son recommencement et sa beauté, qu’il met à l’honneur. »
L’un des plus célèbres chœurs d’enfants tchèques, le Chœur Kühn, a été invité à participer à cette production à l’Opéra Bastille. Sélectionnés parmi plus de soixante membres du chœur, une vingtaine de jeunes chanteurs ont quitté Prague le 1er janvier pour entamer aussitôt le marathon de répétitions à l’Opéra Bastille. Parmi eux, Julia Boulanger-Guillard :
« C’est quelque chose d’exceptionnel, parce que notre chœur participe pour la première fois à la création d’un opéra à l’étranger, alors que jusqu’à présent, nous avions donné uniquement des concerts. C’était très intéressant de pouvoir travailler avec la régie, les costumiers, etc. Dans le spectacle, je joue la Souris et je chante le Renard. Dans mon lycée à Prague, j’ai dû expliquer que j’allais être absente pendant un mois. Mais finalement, cela s’est passé sans problème, sans doute aussi parce que notre chœur jouit d’une grande renommée en Tchéquie. »
Six représentations exceptionnelles de « La Petite Renarde Rusée », cet opéra de Leoš Janáček considéré par la critique française comme « féministe avant l’heure et avant-gardiste pour son époque », sont au programme de l’Opéra Bastille du 15 janvier au 1er février.
