La police veut investir dans un système anti-drones
La République tchèque est elle aussi le témoin d’un boom spectaculaire du nombre de drones en circulation. Plus de 200 000 licences de drones pour un usage commercial ont déjà été recensées, soit trois fois plus par rapport à 2014, et on ignore quel est le nombre de drones ne nécessitant pas de licence entre les mains de particuliers. C’est pourquoi la police a prochainement l’intention d’investir dans un système anti-drones, dont l’objectif sera d’être en mesure d’éliminer d’éventuels drones ennemis.
Amateur de drones, Ondřej Soukup a relaté l’épisode qu’il a vécu avec les forces de l’ordre après avoir fait voler son drone près du château de Prague. Il s’en est tiré avec une amende de 5 000 couronnes, soit environ 180 euros :
« J’avais mon drone depuis peu de temps, il y avait un joli coucher de soleil et j’ai donc voulu prendre une photo. Je suis arrivé au château et dans les trois minutes qui ont suivi, j’ai vu trois hommes arriver vers moi avec des mitraillettes. Ils ont vérifié s’il n’y avait pas d’explosif sur le drone ainsi que les images que j’avais prises. »
Le château de Prague fait partie des zones d’exclusion aérienne. La liste complète de ces lieux où il est interdit de voler est fixée par l’Autorité de l’aviation civile et est disponible sur internet. Depuis le début de l’année, quinze pilotes de drone se sont vu infliger une amende pour diverses raisons. Il est interdit de faire voler un drone à une hauteur supérieure à 300 mètres, près des aéroports, au-dessus de zones densément peuplées ou bien au-dessus des rassemblements de personnes. De plus, n’importe quelle personne filmée ou photographiée par un drone doit préalablement donner son accord. Dans le cas contraire, il s’agit d’une atteinte à la vie privée. Le porte-parole de l’Autorité de l’aviation civile, Vítězslav Hezký, a fait savoir dans ce sens :« D’une manière générale, la circulation en ville est assez dangereuse, car les drones peuvent s’approcher trop près des personnes. Le mieux, c’est d’apprendre à voler avec un drone dans des endroits tenus à l’écart, comme dans des champs par exemple. »
Les amendes vont de 100 000 couronnes (3 700 euros) à 5 millions couronnes (185 000 euros) pour l’utilisation d’un drone sans autorisation, et de 50 000 couronnes (1 800 euros) à 1 million de couronnes (37 000 euros) pour un drone non assuré ou pour son utilisation dans des zones d’exclusion aérienne. Les licences sont obligatoires pour des drones pesant plus de 20 kg ou pour des drones à usage commercial. Toutefois, le nombre de drones à utilisation personnelle est difficilement chiffrable. Face à la prolifération quelque peu anarchique de ces aéronefs sans pilote et au regard des préoccupations croissantes en matière de sécurité, le ministre de l’Intérieur souhaite grâce à l’appel d’offres publique pouvoir mettre en place des moyens de sécurité préventifs. Sachant que l’usage des drones est interdit à certains endroits, Jakub Karas, employé d’une société de drones, évoque l’utilité de l’extension de la compétence policière dans le domaine :
« Les drones peuvent être utiles soit dans des cas d’espionnage mais surtout dans des cas liés à la sécurité. Le drone peut être efficace lors de grands rassemblements de personnes ou lorsque des endroits sont difficilement accessibles, ainsi que lorsqu’il s’agit d’endroits sensibles à n’importe quel danger. »L’appel d’offre publique doit pouvoir permettre de développer et de tester un dispositif qui permettrait de détecter, de perturber et si nécessaire de supprimer des drones dangereux. Cela concernerait donc principalement les engins qui ne sont pas enregistrés auprès de l’aviation civile. Le nouveau dispositif anti-drones devrait par la suite pouvoir être utilisé non seulement par la police, mais aussi par le personnel pénitentiaire, les pompiers ainsi que par l’armée.