Une initiative tchèque pour envoyer 10 000 drones en Ukraine
A côté de l’aide officielle de la République tchèque à l’Ukraine en termes de matériel militaire, il y a, depuis le début de la guerre le 24 février 2022, différentes initiatives individuelles qui viennent la compléter. La dernière en date entend collecter assez de fonds pour envoyer 10 000 drones à Kyiv.
Les drones de reconnaissance, mais aussi offensifs, sont devenus une arme essentielle dans le cadre de la guerre en Ukraine, et la Russie ne s’y est pas trompée en adaptant son industrie. Le vrombissement de ces engins high-tech est devenu le quotidien des soldats ukrainiens, en plus des bombardements conventionnels, et eux aussi ont besoin de cette arme nouvelle venue sur le champ de bataille du XXIe siècle.
Des soldats tchèques, des réservistes et des personnes du secteur associatif ont décidé de se mobiliser pour acheminer 10 000 drones FPV en Ukraine. Une association appelée Skupina D, Groupe D en tchèque, a été fondée dans ce but par Jan Veverka, un investisseur et membre de la réserve active de l’armée, et l’acteur Ondřej Vetchý, connu notamment pour son rôle d’aviateur engagé dans la RAF pendant la Seconde Guerre mondiale. Le chef d’État-major de l’armée tchèque, Karel Řehka, parraine le projet :
« Cette association est liée à des gens issus des rangs de l’armée et de la réserve active. Elle est donc tout à fait capable d’évaluer quelles choses peuvent avoir des conséquences en termes de stratégie. Donc si on parvient à rassembler des ressources publiques pour aider l’Ukraine, il est important que cela soit distribué là où il y en a le plus besoin, là où cela peut avoir une incidence sur le champ de bataille. C’est précisément le cas des drones par exemple. »
L’emploi massif des drones FPV, et par les deux parties belligérantes en Ukraine, a changé de manière radicale le schéma traditionnel de la guerre, en dépit du fait que celle-ci ait par ailleurs des caractéristiques rappelant des conflits bien plus lointains, comme la guerre de tranchées que fut celle de 1914-1918.
Les drones FPV (First Person View en anglais, soit du pilotage en immersion) sont des engins multifonctionnels : dotés d’une caméra frontale qui au pilote de voir les images en direct, comme s’il était à bord, ces drones servent aussi au renseignement afin de déterminer des cibles destinées à être éliminées par d’autres engins, que ce soit l’artillerie ou les chars. Mais eux-mêmes peuvent également larguer des grenades et resservir à d’autres fins, ou même procéder à des opérations kamikazes, d’où la nécessité d’une bonne réserve. Des responsables ukrainiens évoquent en effet un besoin mensuel de 100 000 à 120 000 drones.
L’initiative Skupina D en Tchéquie vise ainsi à contribuer à l’effort de guerre ukrainien, très gourmand en drones : d’ici la fin de l’année, ses initiateurs veulent lancer une collecte publique appelée Nemesis, dans le cadre de laquelle ils espèrent récolter environ 100 millions de couronnes pour l’achat et l’acheminement de 10 000 drones FPV. Post Bellum, une ONG qui a apporté une aide d’un demi-milliard de couronnes à l’Ukraine en près de deux ans de conflit, est également impliquée dans le projet, forte de son expérience de livraison de casques, gilets balistiques et d’équipements d’imagerie thermique.
C’est une des principales caractéristiques de l’aide tchèque à l’Ukraine depuis le 24 février 2022 : si les canaux gouvernementaux officiels ont livré en masse du matériel militaire à l’Ukraine (0,6 % de son PIB, sur toute la période d’après les dernières données de l’Institut Kiel) et continuent d’ailleurs à le faire, de nombreuses initiatives civiques ont vu le jour en parallèle.
L’organisation tchèque Team4Ukraine, récompensée cette année pour son engagement par le chef des forces armées ukrainiennes, est un des exemples. Mais aussi Dárek pro Putina (Un cadeau pour Poutine), projet lancé à l’origine pour financer un tank pour le 70e anniversaire de Vladimir Poutine en 2022, mais qui depuis a continué sur sa lancée en multipliant les collectes, la dernière en date devant servir à financer ni plus ni moins qu’un hélicoptère Black Hawk.